Tunisie/ Présidentielle : Quels ralliements possibles au second tour ?

Publié le Lundi 24 Novembre 2014 à 18:05
Duel Caïd Essebsi/ Marzouki  au Second tour. La Tunisie s’achemine vers un deuxième tour de la présidentielle, selon les estimations préliminaires du scrutin du dimanche 23 novembre. Trois instituts de sondage ainsi que le réseau Mourakiboun, ont confirmé ce qui était prévisible : le président de Nida Tounes et le président sortant sont les vainqueurs du premier tour, et s’affronteront au 2ème tour en vue d’un quinquennat présidentiel.

Si elle a dominé le premier tour, la polarisation sera naturelle au cours du second tour, a fortiori que la ligne de démarcation entre les deux candidats est claire. Elle sera encore plus nette si les deux candidats acceptent de s’affronter dans un débat de l’entre deux tours, une tradition démocratique, où chacun sera amené à exposer devant les millions de Tunisiens sa vision et sa conception de la Tunisie future.

Comme dans toute élection démocratique, l’on s’attend à des ralliements à un tel candidat, ou tel autre, et partant à un report des voix au second tour.

Marzouki s’est affiché, dimanche soir, comme le candidat naturel des démocrates, et a appelé cette famille politique à s’entourer autour de sa candidature au 2ème tour. D’abord son directeur de Campagne, Adnen Manser, et ensuite lui-même, ont tendu la main à Hamma Hammami, sollicitant son ralliement, étant donné qu’il appartient à cette même génération de militants contre le despotisme, pour la démocratie et la liberté.

Le candidat du front populaire crédité de la troisième place, selon les différents sondages sortie des urnes, est le principal arbitre du second tour. Son électorat peut faire la différence, s’il venait à reporter ses voix sur tel candidat ou tel autre. Les premières déclarations faites jusque-là par les leaders du front populaire écartent un soutien à Moncef Marzouki, et sont enclins à appuyer son adversaire, Béji Caïd Essebsi ; une position qui reste à confirmer par l'ancien candidat à la présidentielle Hamma Hammami.

Les décisions des candidats Slim Riahi (UPL) et Hechmi Hamdi (courant al-Mahaba), classés quatrième et cinquième au scrutin, peuvent aussi peser sur l’issue du duel du second tour.

Autre inconnue, l’attitude d’Ennahdha. Le mouvement islamiste va-t-il maintenir ou revoir sa position de neutralité du premier tour où il n’a pas donné de consignes de vote, laissant le libre choix à ses militants et sympathisants.

Les premières déclarations de ses leaders plaident pour le maintien de la position initiale, étant la plus confortable et la moins risquée.

Imed Hammami a déclaré hier sur Nesma, que jusqu’à hier son mouvement se tient à la même distance des deux candidats en tête du premier tour.

Ali Laâridh a déclaré ce lundi sur al-Jazeera que son mouvement va prendre sa position envers le second tour avec "circonspection et grande responsabilité", en s’appuyant sur quatre critères à savoir "la protection des libertés, la poursuite de la démocratie, la stabilité de la Tunisie et son unité".

"Nous sommes face à deux candidats, deux dirigeants et deux leaders", a affirmé le Secrétaire Général d'Ennahdha, prônant "la réserve" autour des divisions intervenant lors des campagnes électorales et "pouvant être marquées par l’exagération dans un sens, ou dans l’autre".  

L'ancien candidat d'al-Moubadra, Kamel Morjane, a d'emblée annoncé son soutien au candidat de Nida Tounes, emboîtant le pas au mouvement destourien de Hamed Karoui. Mondher Znaïd en fera certainement de même.

Les choses seront, néanmoins, amenés à être plus claires dans les prochains jours, une fois les résultats officiels du premier tour auront été  proclamés officiellement par l’instance électorale. A ce moment là, commenceront les véritables jeux des alliances et des ralliements, ainsi que la campagne du second tour qui s’annonce encore plus dure que celle du premier tour.

La stratégie et l’angle d’attaque de chaque candidat sont connus, et commencent à se décliner dans les déclarations médiatiques des deux camps, mais la confrontation ira crescendo au fur et à mesure que l’échéance approche. Reste à attendre que l’instance électorale arrête officiellement les dates du démarrage de la campagne ainsi que celle du scrutin proprement dit.

H.J.