Tunisie : Le candidat soutenu par Ennahdha sera au 2ème tour (Laâridh) |
Publié le Lundi 30 Juin 2014 à 12:46 |
L’ancien chef du gouvernement, Ali Laâridh, a déclaré dans une interview à asharq al-awsat parue ce lundi 30 juin sur son site, que le départ de son mouvement du pouvoir, a prouvé qu’il tend à garantir la coexistence pacifique entre les différentes parties et à consacrer le principe d’alternance au pouvoir. Le dirigeant d’Ennahdha a fait état de "difficultés au rang de l’élite politique tunisienne à s’en tenir aux règles démocratiques". S’agissant de l’initiative d’Ennahdha pour un président de consensus, il a affirmé que la personnalité qui sera soutenue par Ennahdha aura les plus grandes chances de se retrouver au 2ème tour de la présidentielle, n'écartant pas la possibilité que son mouvement présente un candidat parmi les siens à la présidentielle. Il a exclu la survenue du scénario égyptien en Tunisie, mettant en garde contre un autre scénario qui pourrait retrouver son chemin vers la Tunisie, et pousserait le pays à l’anéantissement interne, à travers le recul économique, l’instabilité sécuritaire, et la menace du processus de transition démocratique. Sur la question de savoir s’il avait prédit la survenue d’une révolution en Tunisie, et l’accession d’Ennahdha au pouvoir, il a rétorqué avoir été confiant quant au changement de la situation en Tunisie, et à l’imminence de la révolution. "Mais, je ne pensais pas que les choses allaient s’accélérer avec une telle cadence pour qu’une révolution survienne en 2011. Je suivais le mouvement social et politique dans de nombreuses régions de Tunisie, mais, on ne s’attendait pas, en vérité, au mouvement Ennahdha, à la réussite de la révolution de 2011. La situation était surprenante pour l’ensemble des Tunisiens et pour toutes les forces internationales, que l’on considérait comme étant capables d’anticiper ce qui allait survenir". Sur ces prédictions quant à l’arrivée d’Ennahdha au pouvoir, il a répondu : "nous n’avons pas été surpris par les résultats des élections de 2011, mais nous craignions la réaction des Tunisiens envers Ennahdha que l’ancien régime a œuvré à salir par tous les moyens". Il a indiqué que certaines parties politiques tunisiennes se sont opposées à ce que son mouvement obtienne le visa légal, étant à vocation religieuse, ce qui est, selon leurs dires, contraire à la loi sur les partis. "Mais les autorités tunisiennes ont décidé, après la révolution, d’ouvrir le champ politique devant tout le monde". "Nous avons œuvré au début de nos activités à faire dissiper les soupçons autour du mouvement, à préparer ses enfants et à remettre de l’ordre dans ses priorités. Et nous avons sincèrement trouvé de larges échos auprès du peuple tunisien, après que l’on était privé pendant des décennies de le contacter et d’échanger avec lui," a-t-il relevé. "Nous avons trouvé un peuple tunisien nettement meilleur que de nombreuses parties politiques. Il était disposé à écouter nos opinions, nos orientations et nos programmes, directement à travers nous-mêmes, et non à travers d’autres parties. Chose qui nous a ouvert la voie de la victoire lors des élections de 2011, avec un taux dépassant les 44 % des sièges de l’Assemblée nationale constituante". Les difficultés pendant le règne de la troïka Interrogé sur l’expérience du pouvoir qui n’était pas positive dans la plupart de ses aspects, il a estimé que l’expérience du pouvoir ne peut être évaluée que dans le cadre de l’expérience de transition démocratique, et le degré de conscience de toutes les parties de la difficulté de l’étape politique, sociale et économique. "Chose qui nous a permis d’en déduire un certain nombre d’observations, parmi lesquelles, la liberté a créé un trouble au rang des Tunisiens, dans la mesure où toutes les parties politiques et sociales n’étaient pas préparées à accepter les règles de l’action démocratique". "Le pays était habitué à ce que ses problèmes soient résolus dans le cadre d’un climat despotique et d’une manière despotique. Par ailleurs, l’étape ayant succédé à la révolution de 2011 était extrêmement difficile, c’est l’étape des conflits, soit entre les partis ou à l’intérieur des partis mêmes. La situation sociale et sécuritaire s’est aggravée avec la demande continue de développement et d’emploi. La masse des aspirations était beaucoup plus grande que celle des possibilités dont dispose la Tunisie". Laâridh a reconnu les difficultés pendant le règne de la troïka. "Nous nous sommes heurtés à de nombreux problèmes, dont le plus important est la préservation de la liberté (liberté de manifester, liberté de presse, pluralisme politique, et autres) d’un côté, et l’attachement au principe du respect des lois et des institutions de l’autre. Je pense que nous avons institué la plateforme suffisante pour ce grand acquis, reconnu de par le monde, avant qu’il ne le soit par nous -mêmes". "Nous avons par ailleurs fait face avec patience et grande habilité politique, au défi sécuritaire, et avons essayé de concilier la préservation de la stabilité et la lutte contre le terrorisme, et le respect des droits de l’homme, en évitant toutes les formes de violation. Le défi le plus difficile que nous avons néanmoins confronté est celui économique et social. Le changement du vécu des gens requiert une période plus longue que celle qui nous a été impartie, alors que la moyenne d’âge des gouvernements qui se sont succédé après la révolution ne dépasse pas une année dans la plupart des cas (…)". "L’Etat a lancé de nombreux investissements, mais le capital privé tergiverse encore sous la pression des tiraillements politiques, et le manque de visibilité", a-t-il indiqué, ajoutant : "Nous avons œuvré à régler les dossiers du passé et à lutter contre la corruption, dans le cadre de la justice transitionnelle. Nous n’avons pas tenu tout au long de la période de notre règne à une politique vindicative, mais nous avons essayé de traiter les dossiers et de tirer les enseignements afin que les tragédies du passé ne se reproduisent pas". "S’il y a une critique qui pourrait être adressée au mouvement Ennahdha, est que ses dirigeants n’étaient pas totalement conscients des problèmes de transition démocratique. L’étape s’est avérée beaucoup plus compliquée qu’on ne l’imaginait avec nos partenaires au pouvoir", a-t-il reconnu. "Nous pensions que la proclamation des résultats des élections de 2011 allait immédiatement conduire à la stabilité politique et sécuritaire, et à réfléchir aux solutions des dossiers complexes, et partant la réalisation d’un taux de croissance à même de résorber une importante partie des problèmes sociaux et économiques des Tunisiens. Et cela s’applique aux partis de l’opposition, tout autant qu’à nous-mêmes. Nous n’étions pas entraînés au pouvoir, et parmi les paradoxes est que le peuple tunisien acceptait plus et était plus engagé en faveur des résultats des urnes, que l’élite politique et certains partis d’opposition. De nombreux Tunisiens ont critiqué et ont protesté, mais ils ont agi dans le cadre du respect de la loi. Tandis que les élites politiques ont éprouvé des difficultés à s’en ternir aux règles démocratiques, et certains de leurs comportements sont dominés jusque-là par le refus de reconnaître l’autre, et pensent encore à s’en tenir à la rue et à faire usage de violence. Mais, comparée aux autres pays du printemps arabe, l’élite politique en Tunisie était pionnière et a permis de faire réussir l’expérience de transition démocratique, dans les circonstances les plus difficiles". Un scénario, autre qu'Egyptien, menace la Tunisie Laâridh trouve, par ailleurs, étonnant que certains louent encore le scénario égyptien, et souhaitent qu’il se produise en Tunisie. Il estime qu’"un autre scénario pourrait trouver son chemin en Tunisie, et pousse le pays vers l’anéantissement interne, à travers le recul économique, l’absence de stabilité sécuritaire, et la menace de la transition démocratique. Nous avons été devant deux choix : soit l’attachement à la légitimité et aux résultats des élections, soit le parachèvement du processus de transition démocratique. Nous avons opté pour le départ du pouvoir, au lieu de sacrifier une révolution, pour laquelle, nous nous sommes donnés tant de mal." Sur la question de savoir, si après l’éviction des frères musulmans du pouvoir, Ennahdha serait visé par une opération analogue, il a rétorqué que le mouvement Ennahdha est fondamentalement tunisien, ne cesse de s’enraciner dans la réalité (tunisienne), et s’occupe de la chose publique, signalant que son mouvement se distingue des frères en Egypte au niveau de la rénovation intellectuelle. "Notre intérêt se dirige vers les problèmes sociaux des Tunisiens. Nous ne pouvons pas comparer entre deux mouvements, du moins, de point de vue de la position de la religion, et de la famille dans leurs pensées respectives". Ali Laâridh préconise un changement de la carte politique après les prochaines élections. "Un nombre important d’électeurs va se débarrasser des idées préconçues émanant des partis et organisations. Je pense que le peuple tunisien a appris à connaître les principaux partis et personnalités, et a pris connaissance de la réalité et des possibilités de chaque partie. Il arrive à distinguer clairement entre celui qui travaille et fournit un effort même s’il se trompe, et celui dont les positions sont tiraillées entre l’action pour la démocratie d’un côté, et la rapidité de se retourner contre elle, de l’autre. Il n’est plus possible de continuer à berner les Tunisiens par d’anciens slogans idéologiques", a-t-il admis. Certains électeurs vont sanctionner la troïka Sans doute qu’une partie d’électeurs vont sanctionner la troïka, dans la mesure où ils la considèrent comme étant responsable de ne pas avoir réalisé une partie de leurs rêves. Il est admis que de nombreux partis dans le monde ayant gouverné pendant les périodes transitoires, ne sont pas, dans la plupart des cas, reconduits dans les premières et véritables élections. Les Tunisiens vont néanmoins choisir les meilleurs dirigeants politiques, après avoir été au fait du degré de sérieux de tous les partis, a-t-il souligné, estimant probable que certains ne soutiennent plus Ennahdha. "Mais il est possible de les remplacer par ceux dont les soupçons à l’égard du mouvement se sont dissipés". "De nombreux Tunisiens ont visé le mouvement Ennahdha avant et après la révolution, et ont mis en doute sa foi en la démocratie. Le mouvement a été médiatiquement visé comme étant contre la liberté, et qu’il allait imposer de force un mode de vie déterminé aux Tunisiens. Mais ces doutes et soupçons se sont, en grande partie, estompés. Notre souci pendant notre règne était de garantir la liberté. Nous avons prouvé que l’Etat ne s’immisce pas dans la religion des gens, et avons œuvré à rationaliser le discours religieux et à garantir les acquis des Tunisiens". Plus de dix candidats à la présidentielle Au sujet de l’initiative d’Ennahdha pour un président de consensus, il a mis l’accent sur le caractère crucial des prochaines élections présidentielles et parlementaires qui vont marquer la vie des Tunisiens pour une période de cinq ans, et peut-être pour plusieurs autre années, compte tenu de ce sur quoi va déboucher l’expérience du pouvoir pendant la période de stabilité politique. "Nous avons des informations, selon lesquelles, il y aura plus de dix candidats, ce qui est de nature à provoquer un effritement des voix, pour ce faire, nous avons réfléchi à la concertation pour parvenir à une personnalité consensuelle, qui bénéficiera d’un plus grand soutien et d’une grande légitimité, ce qui lui permettra de travailler dans un climat consensuel", a-t-il noté, signalant que le but de cette initiative est d’éviter la polarisation aigue. "Au cours de la période écoulée, de nombreuses parties politiques ont réagi positivement à cette initiative. Nous avons mené des contacts dont le but est de nous diriger à cœur ouvert aux prochaines élections. Nous avons pitié de notre expérience démocratique naissante, et avons à coeur de lui épargner toutes les formes de déclin et le retour au despotisme", a-t-il souligné, ajoutant que "l’éventualité de la candidature de l’un des dirigeants du mouvement aux prochaines élections présidentielles est encore de mise, et n’est pas totalement écartée". Sur les interrogations exprimées par certains quant aux intentions d’Ennahdha derrière cette initiative, dans la mesure où il chercherait à asseoir de nouveau son hégémonie sur la décision politique, il a répondu : "nous nous considérons au mouvement Ennahdha comme un parti responsable de l’avenir de la démocratie dans notre pays, à l’instar des autres grands partis. Nous sommes au dessus de tout soupçon car nous n’avons pas présenté un candidat de l’intérieur, et nous n’avons pas présenté une personnalité politique que nous appelons à appuyer aux dépens des autres candidats". Il a ajouté que "la personnalité qui sera appuyée par Ennahdha, étant parmi les plus grands partis politiques sur la scène, est celle qui aura de grandes chances de réussite au premier tour de la présidentielle, et va se retrouver au deuxième tour." Sur le rejet de cette proposition par certains candidats à la présidentielle, il a souligné : "nous nous attendons que certains candidats acceptent de se voir en dehors de la présidence, et peut-être que certains autres trouveront des difficultés à accepter de renoncer à la candidature au premier ou au deuxième tour. Mais, le fait de poser l’idée est beaucoup plus important que de penser à ses résultats". Trois grands pôles politiques en vue Sur la bipolarisation entre Ennahdha et Nida Tounes et les intentions cachées de se partager le pouvoir après les élections, il a répondu : "il semble que les sondages ayant placé les deux mouvements dans les premières positions, à plus d’une occasion, ont conduit à cette déduction qui n’est pas dans l’intérêt des autres partis politiques. Nous voulons que les autres partis s’unissent et qu’ils forment des alliances de taille, cela est dans l’intérêt d’une vie politique saine. Nous souhaitons que la scène soit partagée entre plus d’un pôle politique, et nous voulons un groupe de partis politiques qui nous rassurent sur l’avenir de la démocratie en Tunisie". A propos de sa lecture de la prochaine carte politique, il a dit s’attendre personnellement à trois grands pôles politiques, et non à une bipolarisation aigue comme le préconisent certains dirigeants politiques. Ennahdha, Nida Tounes et le front populaire peuvent constituer, à ses yeux, ces pôles politiques. Sur la question de savoir si son mouvement va accéder de nouveau au pouvoir, et sur le pourcentage qu’il escompte aux prochaines législatives, il a estimé hasardeux d’évaluer la taille des partis politiques pendant cette étape, la dynamique politique se poursuit, et pourrait déboucher sur de nombreuses alliances politiques pendant les prochains mois. Il considère qu’il y a beaucoup de vrai dans les sondages d’opinion, "Ennahdha et d’autres parties ont une base électorale stable et constante. La crainte provient aujourd’hui de la possibilité d’abstention des Tunisiens, c’est cela le danger pour nous. Les projections soulignent que près de 40 % de Tunisiens sont des indécis. Mais, personnellement, je pense que la participation aux prochaines élections sera importante, et les Tunisiens vont passer outre l’appel de certains partis, à l’instar du parti Ettahrir, pour le boycott des élections. La majorité des partis appuie la participation, indépendamment du victorieux, c’est quelque chose d’extrêmement positive. Nous nous attendons à un enthousiasme collectif pour faire réussir les élections, à une participation efficiente, et à orienter les voix des électeurs vers ceux qui les méritent véritablement". Gnet
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Commentaires
Ecrit par Tounsi 02-07-2014 23:50
Ecrit par riri 01-07-2014 15:58
Je pense aujourd'hui exactement la même chose. Les autres partis sont totalement inutiles idéologiquement.
Nidaa : centre en économie et libéral sur les moeurs
Nahdha : libéral en économie et conservateur sur les moeurs
le FP : antilibéral sur l'économie et libéral sur les moeurs.
les autres sont quoi?? pourquoi 50 partis de centre gauche en tunisie? c est une blague, à quoi sert le pdp? etc etc etc
J'étais prêt a exclure nahdha du jeu politique à cause de leur ouverture sur les salafistes et leurs violences et le double langage.
J ai 40% de confiance aujourd’hui, mais Nahdha est devenu qu on le veuille ou non un parti Tunisien.
Plus jamais d'exclusion et plus de prisonnier d'opinion en Tunisie! Jamais ! on a tous souffert de ça dans nos famille, laïc ou islamistes !
Ecrit par Royaliste 30-06-2014 15:58
non ce sont des jeunes qui font du sport disait son gouvernement alors que l'Algérie appelait la Tunisie a intervenir