Tunisie/ Présidentielle : L’appel au consensus n’est pas une hérésie

Publié le Lundi 23 Juin 2014 à 17:56
Les Tunisiens voteront en toute âme et conscience. Conformément à la constitution, les Tunisiens vont élire leur prochain président au suffrage universel direct. Seuls dans l’isoloir, chaque électeur et chaque électrice, votera en toute âme et conscience, pour le président qu’il jugera le mieux à même de remplir cette fonction, au plus haut sommet de l’Etat. En démocratie, les choses se déroulent de la sorte, quand bien même, on reçoit un mot d’ordre ou une consigne de vote, de quelque parti que ce soit, cela ne change absolument rien, si l’on est une femme ou un homme libre, déterminé à exercer, sans contrainte aucune, ce droit civique, qui est celui d’élire son président, ses représentants parlementaires, ou autres.

Tout cela pour dire que les Tunisiens ne se laissent pas faire, et ne sont pas facilement influençables et manipulables. Il ne suffit pas qu’un groupe de partis politiques leur présente un candidat dit de consensus, pour qu’ils se rangent tous derrière, et votent pour lui. Chacun se fiera à son libre-arbitre, et votera pour le candidat qu’il aura, lui-même choisi, et non qu’on aura choisi pour lui.

Mais quid de l’initiative d’Ennahdha pour un candidat de compromis à la prochaine présidentielle. Est-ce une hérésie ?  Pas tout à fait, les arrangements électoraux sont monnaie courante, même dans les anciennes démocraties, et pourraient intervenir au premier tour, comme au second tour.

Prenons, l’exemple de la France, au cours de la présidentielle de 2012, où les deux candidats Hollande et Sarkozy, espéraient un report des voix exprimés en faveur des candidats des autres partis au premier tour, à l’instar du centriste et président du Modem, François Bayrou, de l’extrême-gauche et candidat du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon ou de la candidate du Front national, Marine Le Pen. Les deux premiers, moyennant accommodements politico-électoraux, se sont prononcés en faveur d’un bulletin Hollande, et la troisième a prôné le ni, ni (ni Hollande, ni Sarkozy). Résultat des courses : c’est le candidat PS qui est sorti vainqueur des urnes.

Par ailleurs, dans les anciennes démocraties, notamment européennes, de plus en plus de voix s’élèvent pour prôner le consensus, et plaider pour des gouvernements de coalition, étant donné que les difficultés socio-économiques sont telles, que la gestion des affaires ne supportent plus les clivages traditionnels dans la mesure où ils empêchent le pouvoir en place de gouverner, et de mener les réformes nécessaires.

L’exemple allemand est éloquent. Malgré sa victoire aux élections, la chancelière Angela Merkel, leader des conservateurs de la CDU-CSU a formé un gouvernement de coalition avec ses adversaires, les sociaux-démocrates du SPD. En France, secouée par une crise aigüe et face à un président au plus bas dans les sondages ; experts, universitaires et anciens politiques à l’instar d’Hubert Védrine (ancien ministre des Affaires étrangères) appellent au consensus et à un gouvernement de coalition pour le redressement. Etant entendu qu’avec une droite et une gauche qui s’entredéchirent, tout redressement serait impossible.

Dans le cas d’espèce, l’appel au consensus émane du souci de faire prévaloir l’intérêt suprême du pays. En Tunisie, Ennahdha chercherait certainement à marquer des points, et à raffermir son positionnement sur l’échiquier politique par son initiative pour un président consensuel (comme on l’a développé dans des précédents articles), il n’en demeure pas moins, que l’approche consensuelle doit présider à la gestion des affaires au lendemain des élections, au niveau des différentes institutions, présidence, gouvernement, etc.

Il est vrai que dans cette atmosphère de liberté et de démocratie, tout citoyen tunisien, qui remplit les conditions constitutionnelles, a le droit d’entrer dans la course à la présidentielle, a fortiori, ces militants de longue date, ces politiques chevronnés qui ont l’ambition légitime de s’asseoir sur le fauteuil de la présidence, et qui, plus est, sont soutenus par une large strate de la population, à l’instar de Nejib Chebbi, de Hamadi Jebali, de Mustapha Ben Jaâfar, de Moncef Marzouki, de Hamma Hammami et bien d’autres…mais, en fin de parcours, c’est une seule personnalité qui sera amenée à occuper la fonction présidentielle, à fédérer tous les Tunisiens et à se placer au dessus des tiraillements et de la polarisation, qui ont grandement porté préjudice au pays pendant les premières années de la révolution, particulièrement au cours du règne de la troïka.

A ce stade, l’appel d’Ennahdha pour un candidat de consensus est largement rejeté, jugé contraire à la consécration de la démocratie et du pluralisme. Le risque qu’il ne devienne un vœu pieux existe. Les arrangements au second tour, restent envisageables, voire certains, espérons que le candidat qui en bénéficiera, soit à la hauteur des exigences de l’étape, et le meilleur dépositaire des droits et libertés des Tunisiens, et de leur patrimoine. De ce côté-là, il faut compter sur les Tunisiens qui savent distinguer le bon grain de l’ivraie, indépendamment de toute consigne de vote.  
H.J.
 


 

Commentaires 

 
#3 grillé
Ecrit par rocco     24-06-2014 14:05
le rédacteur de cet article...s'est fait grillé par sa propre plume..toutes les personnes proposées en guise de candidat à la présidentielle..sont des bons à rien...(...)...le seul homme d'ETAT qui pourrait permettre à la TUNISIE d'aujourd'hui de rebondir est BCE en attendant l'arrivée du maître à jouer KAMEL MORJAN...tout le reste C DE LA LITTERATURE.
 
 
#2 comique
Ecrit par Royaliste     24-06-2014 13:48
Tout cela pour dire que les Tunisiens ne se laissent pas faire, et ne sont pas facilement influençables et manipulables

alors comment expliquer que Aridha chaabia de Mr Hamdi est le 2eme parti politique en nombre d'élus alors que Hamdi lui même n'a jamais mis les pieds ici?

l'électeur tunisien est simple d'esprit et on peut l'acheter avec des promesses creuses comme la gratuité du transport, de l'éducation, de la santé, la baguette a 100mil....ou une place au paradis
 
 
-3 #1 Couillonnage
Ecrit par Léon     23-06-2014 23:38
Ils vont utiliser vos voix pour faire passer qui ils veulent puis dire qu'ils ont la légitimité et (...)
Par conséquent, ils utilisent votre propre vote (...)
On ne me la fait pas deux fois! Je ne voterai pas. Mabrouk 3likom vos votes, votre démocratie, vos réussites. Moi je reste en spectateur.
Léon.
 
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