Tunisie/ Présidentielle : Les partis et la difficulté de se positionner

Publié le Jeudi 11 Décembre 2014 à 18:10
Les partis politiques ont du mal à se positionner derrrière un candidat. Le scrutin du 21 décembre met plusieurs partis politiques dans la difficulté. Ce qui devrait être une position naturelle  affichée par une formation politique en prévision du second tour d’une présidentielle, le fait de se ranger derrière tel candidat ou tel autre, vire à la crise au sein de certaines formations politiques.

Le cordon ombilical a été coupé ce jeudi entre Hamadi Jebali et Ennahdha. Ce leader historique du mouvement islamiste a fini par claquer la porte pour des divergences avec ses frères autour des choix stratégiques et politiques. On savait déjà que le mouvement était traversé par de profondes divergences quant à la position envers le second tour de la présidentielle, non seulement parmi ses dirigeants, mais aussi entre son leadership et sa base. Le mouvement se trouve d’autant plus dans une situation embarrassante que sa position de neutralité affichée envers le premier tour a été virulemment critiquée, dans la mesure où on l’a accusé d’ambivalence entre ce qui est annoncée, et ce qui est dissimulé.  

Ennahdha, qui n’a soutenu aucun candidat au premier tour, a laissé la liberté de choix à ses militants et sympathisants, dont la majeure partie s’est ralliée au président sortant, Moncef Marzouki. Une attitude qu’elle maintient jusque-là envers le second tour, même s’il dit continuer les concertations au sein de ses institutions pour parvenir à une position définitive. Mais, tous les signes plaident pour que celle-ci soit la même que celle du premier tour, c'est-à-dire la neutralité, avec en sus une clarification pour éviter les équivoques et écarter les accusations. Un positionnement qui n’a pas l’air de faire l’unanimité en son sein, mais qui n’est pas infondé.

Ennahdha est pris entre deux feux, celui de son ancien allié de la troïka, Moncef Marzouki, le militant, le démocrate et le plus apprécié par ses militants, et celui du vainqueur du premier tour Béji Caïd Essebsi,  dont le parti, Nida Tounes, va former le prochain gouvernement, étant détenteur de la majorité parlementaire.

Même s’il ne cesse de réitérer ses dispositions à être soit dans l’opposition,  soit dans le pouvoir, le mouvement islamiste a à cœur à faire partie du prochain gouvernement, ce qui constitue, à ses yeux, un gage de stabilité lors de la prochaine période.

La difficulté de se positionner n’a pas touché que le mouvement Ennahdha. Le Front populaire qui a rendu public sa position ce jeudi 11 décembre a mis du temps pour s’exprimer, et aplanir les dissensions à l'intérieur de ses structures.  La coalition dirigée par Hamma Hammami est parvenue à un compromis, dans un véritable réquisitoire envers Moncef Marzouki qu’elle accuse de tous les maux, et auquel il appelle à barrer la route, et un alignement indirect sur Béji Caïd Essebsi, moyennant des critiques quant à ses accointances avec l’ancien régime, et l’éventualité qu’il n’implique Ennahdha au prochain gouvernement. Le Front populaire appelle, en effet, à une mobilisation pour prévenir ce qu’il qualifie de "retour du projet rétrograde des frères musulmans au pouvoir".  

Ettakatol et al-Joumhouri qui restent d’importantes forces politiques de la famille sociale-démocrate, malgré les résultats décevants des législatives du 26 octobre, ont exprimé des positions variables.

Le FDTL de Mustapha Ben Jaâfar était clair, et conséquent avec la position exprimée au lendemain des législatives et pendant la campagne présidentielle du premier tour et  a appelé à ne pas voter pour Béji Caïd Essebsi, une manière de soutenir Moncef Marzouki.

Le parti de Néjib Chebbi s’est réfugié dans la neutralité, sans donner de consigne de vote claire, laissant la liberté de choix à ses militants. Une attitude qui traduit le cheminement de ce parti depuis la révolution, et l’évolution en dents de scie de ses relations tant avec Béji Caïd Essebsi et son parti qu’avec Moncef Marzouki.  
H.J.


 

Commentaires 

 
#1 un bilan! un bilan! un bilan!
Ecrit par Royaliste     11-12-2014 21:20
et si vous nous dressiez un bilan/réalisations des carrières des 2 candidats?
 
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