Tunisie/ Présidentielle : La campagne démarre dans l'indécision

Publié le Samedi 01 Novembre 2014 à 12:00
Chebbi et Marzouki ne sont pas prêts à se désister l'un en faveur de l'autre. La campagne électorale pour la présidentielle du dimanche 23 novembre,  s’ouvre aujourd’hui, samedi 1er novembre en Tunisie, sur fond d’une nouvelle donne politique issue des législatives. La campagne débute au milieu des tractations des démocrates qui cherchent à s’accorder sur un seul candidat, à même de faire le contrepoids de Nida Tounes et de rééquilibrer le paysage politique. Une initiative qui a peu de chances d’aboutir, étant donné que Nejib Chebbi et Moncef Marzouki s’attachent mordicus à leur candidature et aucun des deux ne semble prêt, au vu de leurs dernières déclarations respectives, à se désister en faveur de l’autre. Ben Jaâfar s’est dit prêt à se retirer de la course, si un accord est trouvé sur un candidat unique. Initialement et jusqu’à aujourd’hui, 27 candidats sont en course pour accéder à Carthage.

Cette campagne intervient après les résultats des législatives qui ont chamboulé les paysage politique, en donnant lieu à une percée considérable de Nida Tounes dans les urnes. Le mouvement de Béji Caïd Essebsi a obtenu 85 sièges dans le futur parlement, reléguant le mouvement Ennahdha à la deuxième position, avec 69 sièges. La campagne démarre aussi sur fond de la défaite cuisante subie par les partis dits centristes, sociaux-démocrates, laïcs et de gauche, sortis extrêmement affaiblis  à l’instar d’Ettakatol (1 siège), al-Joumhouri (1 siège), le CPR (4 sièges), al-Massar (0 sièges), etc.

L’issue des législatives fait craindre le retour de l’hégémonie, du parti unique et de la dictature en Tunisie, d’autant plus que la victoire de Nida Tounes marque le retour sur la scène politique de plusieurs figures destouriennes et rcédeistes.

Ces craintes ont incité le président de l’Assemblée nationale constituante et le Secrétaire Général d’Ettakatol, Mustapha Ben Jaâfar, à lancer une initiative appelant le camp des démocrates à s’accorder sur un candidat unique et consensuel, dans le but de prévenir la mainmise d’un seul parti sur l’ensemble des pouvoirs, estimant "un point noir" l’absence des démocrates sur la scène politique à la prochaine étape.

Plusieurs partis démocrates ont répondu hier à l’appel de Ben Jaâfar et se sont réunis autour de son initiative, à l’instar d’al-Joumhouri, du CPR, de l’alliance démocratique, du courant démocratique, et de candidats indépendants. Mustapha Ben Jaâfar a annoncé qu’il est prêt à se désister en faveur d’un candidat de consensus, si ces tractations se révèlent fructueuses. Idem pour Mohamed Hamdi, SG de l’alliance démocratique qui a exprimé ses dispositions à se retirer de la course à Carthage, si les démocrates arrivent à soutenir un seul candidat.

Nejib Chebbi, candidat d’al-Joumhouri, appuie l’initiative de Ben Jaâfar mais la trouve tardive. Il s’est dit hier fermement attaché à sa candidature à la présidentielle, se considérant comme étant "le candidat le plus approprié pour cette fonction, vu son passé militant et sa capacité à rassembler l’ensemble des Tunisiens, toutes appartenances idéologiques confondues, et de défendre l’indépendance et la souveraineté de la Tunisie".

Moncef Marzouki sollicite dans une vidéo sur sa page officielle l’appui des jeunes "pour ce candidat qui a milité pour vous pendant plus de 30 ans". Il les appelle à adhérer à ce projet qui "est celui de la défense des libertés, de la démocratie, les idées pour lesquelles la révolution s’est déclenchée, celui de prévenir l’hégémonie d’un parti, et de garder la présidence comme une soupape de sécurité contre tout retour au despotisme".

Le Front populaire a annoncé ne pas être concerné par l’initiative de Ben Jaâfar, rappelant avoir son propre candidat à la présidentielle, Hamma Hammami, qui va entamer ce samedi sa campagne électorale.

Reste le mouvement Ennahdha qui fait durer le suspense comme à son habitude. Son porte-parole Zied Ladhari a déclaré hier au JT de 20 heures que son mouvement n’est pas concerné par les concertations en cours autour de l’initiative de Ben Jaâfar.

Rached Ghannouchi a laissé entendre hier que son mouvement pourrait appuyer un candidat de consensus, si l’initiative de Ben Jaâfar aboutissait. Dans une déclaration aux médias, Ghannouchi a rappelé vendredi qu’Ennahdha n’a pas un candidat à la présidentielle et ne pose de veto contre aucun candidat. A noter que Nida Tounes pose une condition à l’entrée du mouvement islamiste au gouvernement, celui de soutenir Béji Caïd Essebsi à la présidentielle, chose qui reste difficilement envisageable, la base d’Ennahdha étant hostile à BCE.

Le mouvement islamiste tient ce week-end la réunion de son instance suprême pour trancher sa décision sur la présidentielle et annoncer le candidat qu’il compte éventuellement soutenir. Sa décision est très attendue. Majless Choura va-t-il se prononcer clairement en faveur d’un candidat et donner des consignes de vote à sa base, ou va-t-il rester neutre, étant pris entre deux feux, celui de Nida Tounes et l’autre des démocrates.

La campagne électorale qui démarre ce samedi 1er novembre se poursuit jusqu’au 21 novembre sur le territoire national. Le 22 novembre est le jour du silence électoral, et le 23 novembre est le jour du scrutin pour le premier tour. Elle a débuté le 30 octobre à l’étranger, où le 20 novembre est le jour du silence électoral. Le scrutin est prévu pour le 21, 22 et 23 novembre en dehors de nos frontières.

Si un candidat ne sortait pas vainqueur dès le premier tour, avec une majorité de plus de 50 %, un deuxième tour devrait avoir lieu avant le 31 décembre 2014, pour départager les deux candidats en tête du premier tour.

Parmi les 27 candidats en lice figurent Moncef Marzouki, candidat à sa propre succession, Nejib Chebbi, Mustapha Ben Jaâfar, Mohamed Hamdi, Béji Caïd Essebsi, Mustapha kamel Nabli,  Kalthoum Kanou, Safi Saïd, Hechmi Hamdi, Slim Riahi, Hamma Hammami, des figures de l’ancien régime comme Mondher Znaïdi, et Abdelhamid Zouari qui a annoncé qu’il se retire de la course après la déculottée des anciens récédeistes et destouriens aux législatives.
La Rédaction


 

Commentaires 

 
#1 Bilan?
Ecrit par Royaliste     03-11-2014 13:44
Chere Rédaction

pouvez vous s'il vous plait nous dresser un bilan de la présidence de Dr Marzouki?
 
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