Tunisie/ Présidentielle : Faut-il croire les mises en garde des démocrates ?

Publié le Jeudi 13 Novembre 2014 à 17:57
Les démocrates craignent le retour de l'hégémonie. A une dizaine de jours de l’élection présidentielle, la campagne électorale s’accélère. Quelque 25 candidats briguent la fonction présidentielle, mais tous n’ont pas, tout naturellement, les mêmes chances, selon qu’il s’agisse de candidats sérieux, ceux qui le sont moins, ou d’autres qui font juste partie du décor.

A l’instar de la campagne des législatives, qui s’est jouée sur la polarisation Ennahdha/ Nida Tounes -le dernier ayant axé sa stratégie de campagne sur l’opposition entre deux modèles sociétaux- celle présidentielle n’échappe pas à cette règle et la bataille semble être livrée dans les médias et les réseaux sociaux, entre deux candidats donnés favoris au premier tour, et à même de s’affronter au deuxième tour, en l’occurrence, Béji Caïd Essebsi et Moncef Marzouki.

Cette polarisation s’est imposée du fait du réservoir électoral important des deux candidats. Le premier compte sur  la constance de son électorat aux législatives, et le second sur l’électorat et la base d’Ennahdha qui selon, des indices concordants, se rabattront en majeure partie sur le président sortant.

Au-delà de cette polarisation qui reste à confirmer dans les urnes, la campagne électorale reste essentiellement dominée par un parallèle, voire une opposition entre deux conceptions de la Tunisie lors des cinq ans à venir.

La première conception est défendue par Nida Tounes. Le parti vainqueur des législatives cherche à détenir toutes les clefs du pouvoir au prochain quinquennat. Si son numéro un, Béji Caïd Essebsi, venait à être élu en tant que futur président de la Tunisie, le mouvement serait bien parti pour être à la tête des trois principales institutions, en l’occurrence, Carthage, la Kasbah et le Bardo, et pèsera de tout son poids sur la Cour Constitutionnelle. Ses dirigeants taisent, à ce stade, leurs intentions, mettent tout en stand by s’agissant notamment de la nature du prochain gouvernement, de la présidence du parlement, tout en plaidant, pour le consensus et l’unité nationale. Un discours qui reste vague, personne ne saura, à l'heure qu'il est, lui conférer une teneur, où prévoir la manière dont il sera mis en pratique.

La deuxième conception est celle soutenue par les candidats démocrates à la présidentielle. Nejib Chebbi, Mustapha Ben Jaâfar, et Moncef Marzouki ne cessent d’appeler, chacun selon son style et sa méthode de persuasion, à rééquilibrer le paysage politique, et à ne pas mettre toutes les commandes entre les mains d’un seul parti. Ces trois personnalités, connues pour leur militantisme de longue date, leur résistance farouche à la dictature, et leur attachement indéfectible aux valeurs et aux principes, mettent en garde contre la monopolisation du pouvoir par un seul parti, et les dérives que cela pourrait engendrer en termes de retour de l’hégémonie, et de la résurrection du récent et malheureux passé avec lequel on a cru rompre d’une manière définitive et irréversible un certain 14 janvier 2011.

Les trois candidats issus de la famille sociale-démocrate ne cachent pas leur crainte du retour en force de l’ancien régime dans l’habit neuf de Nida Tounes, qui s’appuie, et personne ne s’en cache, sur la puissante machine du RCD dissous.

Leurs inquiétudes sont-elles fondées ? Ou s’agit-il de simples arguments de campagne, qu’ils invoquent pour augmenter leur popularité auprès de l’électorat et damer le pion au candidat de Nida Tounes le 23 novembre ?

Une campagne présidentielle n’est jamais un tour de courtoisie et d’amabilité ; tous les moyens sont bons pour évincer l’adversaire, cela est valable dans toutes les démocraties. Le discours des candidats est toujours évalué et analysé à l’aune de la stratégie et de l’angle d’attaque du candidat pour conquérir les cœurs des électeurs et surtout leurs voix.

Sauf que dans le cas d’espèce, la convergence entre les trois concurrents démocrates  quant aux risques d’une régression devrait nous interpeller. A fortiori que ces candidats, indépendamment  de leur aspiration personnelle -légitime- d’occuper le fauteuil présidentiel, se prévalent d’un parcours honorable, dans la mesure où ils ont combattu la dictature contre vents et marées et n’ont jamais ployé l’échine. Leur prestation après la révolution même si elle n’est pas infaillible et pourrait être sujette aux critiques, procède du même fil d’Ariane, ayant distingué leur cheminement. C’est l’une des raisons qui nous incite à prendre leur discours au sérieux, à l'analyser, le peser et le soupeser, en s'appuyant sur des faits.

H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #4 RE: Tunisie/ Présidentielle : Faut-il croire les mises en garde des démocrates ?
Ecrit par volvert     14-11-2014 13:56
A tenir de tels propos, argumentés par des qualificatifs de "démocrates" dont sont affublés des personnages "connus pour leur militantisme ...et leur opposition farouche à la dictature", vous participez de la campagne à sens unique de soutien aux candidats qui fricotent avec les islamistes. Islamistes dont chacun sait qu'ils sont de "vrais démocrates".
Les citoyens ont vécu près de trois ans sous le règne sans partage des Nahdhaoui qui ont noyauté toutes les administrations, faibles avec la terreur pour ne pas dire ses parrains, et mis à sac l'économie du pays. Ils n'ont cédé la place que sous la pression, et suite à deux assassinats politiques dont on peut attribuer la paternité à leurs édiles, tous éléments de nature à leur conférer la qualité de démocrates.
En conséquence, on peut entendre vos craintes d'un éventuel danger Rcdiste, mais pour ètre crédibles il vous aurait fallu autant de sagacité critique quant aux alliances de ces messieurs les "démocrates" qui participèrent du soutien des islamistes ou leur ont servi d'affichage démocratique.
Trop de parti-pris nuit à votre discours.
 
 
#3 À Fézzaâ, Fézzaâ Wa noss !
Ecrit par james-tk     14-11-2014 13:07
Et vous pensez vraiment qu'en continuant de crier aux loups, les tunisien(ne)s vont gober benoîtement vos inepties ?
Je me demande si vous comprenez quelque chose à la démocratie, tous les arguments avancés ne tiennent pas la route, combien même, certains mouvements que le peuple tunisien avait laminés, ou, réduits à peau de chagrin, ont, mal digéré cette "inattendue déconvenue", et sous prétexte de menaces qui pèsent sur une toute jeune démocratie, qui, avec une malhonnêteté intellectuelle, n'ont rien trouvé de mieux, que cette " fezzaâ - فزّاعة ", et que jamais ce terme n'aurait mérité son sens dans notre situation actuelle, contrairement à son utilisation sous la troïka de manière exagéré et ridicule, parfois même jumelé avec la fameuse formule "les bâtons dans les roues", des roues que personne n'a jamais vues; peut-on rêver d'une nouvelle pièce, revue et corrige des "roues imaginaires' après celle du "Le malade imaginaire" de Molière ?
 
 
+1 #2 Propagande
Ecrit par Royaliste     13-11-2014 21:06
pour avoir la majorité il faut 109 sièges
le partie des dictateurs, totalitaires, sanguinaires, RCD comme vous aimez les appeler, nida tounes pour les gens normaux, a eu 86 siéges

alors 109 - 86 = 23sieges

il faut que les dictateurs sanguinaires... trouvent 23 sièges pour pouvoir former un gouvernement

23 siéges, il faut faire des alliances ce qui signifie que nidaa ne peut pas gouverner seul mais devra faire des alliances...d'où le non sens de votre analyse/propagande

les méchants nida tounes qui ont eu, 1 200 000 votes doivent faire des alliances et ne pourront pas gouverner seuls...vous comprenez ou je répète?

PS:
1-faites nous un bilan du dernier mandat de votre poulain
2- faites nous un barème qui vous permet de classer qui est démocrate et qui ne l'ai pas
3-dans une démocratie on assiste souvent a des débats d'idées, en Tunisie personne ne parle d'idées ... au lieu de la présidentielle on aurait du faire une Star académy et voter par téléphone, ca aurait couté moins chere
 
 
+3 #1 Les bons et les mauvais ?
Ecrit par Ali Bobo     13-11-2014 19:04
Pourquoi baptisez vous "candidats démocrates à la présidentielle. Nejib Chebbi, Mustapha Ben Jaâfar, et Moncef Marzouki" ?? Les autres ne seraient pas démocrates ?? Il va il y avoir un coup d'état ?? C'est ridicule !
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.