Tunisie/ Présidentielle : Ennahdha se réfugie dans la neutralité

Publié le Vendredi 07 Novembre 2014 à 17:45
Majless al-Choura du mouvement Ennahdha. Acteurs politiques, candidats à la présidentielle, médias, tout autant que l’électorat tunisien dans sa diversité, tous sont suspendus à la décision qu’émanera de la réunion de deux jours, vendredi et samedi 07 et 08 novembre, de Majless al-Choura d’Ennahdha.

Considéré désormais comme étant la deuxième force politique du pays, selon les résultats du scrutin du 26 octobre, Ennahdha est en mesure de peser sur les résultats de la présidentielle, étant un parti de masse, forte d’une large assise populaire, composée aussi bien de sa base pure et dure, que de ses nombreux sympathisants.

Normalement, le mouvement islamiste devrait se prononcer d’ici demain, une fois il aura terminé les discussions au sein de son instance suprême, en faveur d’un candidat qui aura sa bénédiction à l’élection présidentielle, dont le premier tour aura lieu le dimanche 23 novembre. Il est néanmoins fortement envisageable qu'il ne plébiscite pas un candidat déterminé, ne donne pas de consigne de vote à sa base et partisans, et leur laisse la latitude de voter pour le candidat de leur choix.

Le président de Majless al-Choura, Fethi Ayadi, a laissé entrevoir ce vendredi cette éventualité. Il a déclaré sur Mosaïque que son mouvement a mené de nombreuses consultations avec plusieurs candidats à la présidentielle, à l’instar de Néjib Chebbi, Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki, Hechmi Hamdi et autres pour examiner une vision commune en prévision de la future étape. Les résultats de ces concertations seront soumis à Majless al-Choura, pour s’accorder autour d’une personnalité, a-t-il indiqué, estimant possible que le mouvement laisse le libre choix au peuple.  

Une hypothèse qui semble la plus plausible, vu les dernières évolutions sur la scène politique, la situation délicate dans laquelle se trouve le mouvement vis-à-vis des différents candidats, et son souci de préserver de bons rapports avec tous pour ne pas se faire des inimitiés qui pourront lui porter préjudice a posteriori, d’autant plus que le scrutin demeure imprévisible, et les urnes pourront réserver bien de surprises.

Ennahdha pourrait donc se résoudre à se réfugier dans la neutralité au premier tour, en promettant de se ranger derrière un candidat au deuxième tour, ce n’est pas la position idéale, mais la moins risquée. Une pareille attitude est de nature à décevoir des candidats ayant tenté, d’une manière ou d’une autre, d’attirer ses grâces, mais constituera le moindre mal pour Béji Caïd Essebsi, qui verra ses concurrents privé d’un soutien de taille.  

Le mouvement islamiste se trouve aujourd’hui enchaîné, d’où la difficulté de sa décision ultime, quelle qu’elle soit. Il ne pourrait pas appuyer Béji Caïd Essebsi, et conclure un modus vivendi avec Nida Tounes en se soumettant au fameux package, (comprenant la participation au gouvernement et la présidence du parlement), pour deux raisons principales : la crainte des propensions hégémoniques de BCE et son parti, et le rejet d’une telle formule par sa base, méfiante envers le mouvement de la majorité parlementaire.  

Il serait tout aussi peu aisé pour Ennahdha de choisir un candidat de la famille centriste, et sociale-démocrate, laquelle n’est elle-même pas parvenue à s’entendre sur un candidat unique et fédérateur. Un état de fait sur lequel le mouvement pourrait s’appuyer pour justifier sa position, à plus forte raison, que rien ne préfigure, à ce stade, que tel candidat aura plus de chances que tel l’autre dans les urnes.

Quoi qu’il en soit, majless al-Choura aura à prendre un risque calculé.  Mais sa position officielle en est une, et celle officieuse de la base en est une autre, celle-ci n’a pas attendu le mot d’ordre du sommet, pour exprimer clairement sa prédilection pour un candidat. Soit que la direction s’aligne sur les préférences de ses militants, soit qu’elle leur donne la liberté de choisir, mais il est peu probable qu’elle aille à contre-courant de l'élan qui s'exprime, d'ores et déjà, clairement sur les réseaux sociaux.
H.J.

 

Commentaires 

 
#2 Tunisie/ Présidentielle
Ecrit par HABIB     15-11-2014 12:23
C’est l'hypocrisie et le double langage officiellement est neutre et la réalité est autre elle favorise son homme de paille le TARTOUR.
 
 
+6 #1 RE: Tunisie/ Présidentielle : Ennahdha se réfugie dans la neutralité
Ecrit par Royaliste     08-11-2014 18:46
c'est l'opportunisme caractéristique des islamistes... ils ne choisissent jamais par principe ni conviction, seulement par calcul et opportunisme
 
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