Tunisie/ PLF 2018 : Rejet unanime de toute hausse d’impôts

Publié le Mercredi 11 Octobre 2017 à 14:48
L'Etat cherche à renflouer ses caisses. Le projet de loi de finances de l’année 2018 qui n’a pas encore livré tous ses secrets, mais dont les dispositions -certaines seraient peut-être de simples ballons d’essai- sont distillées, au fil des jours, ne suscite jusque-là que réactions négatives, et rejets. Reflet d’une politique d’austérité qui ne dit pas son nom, le texte préconise une hausse d’impôts et une institution de nouveaux prélèvements, qui se traduiraient pour les salariés par des retenues à la source plus importantes, un renchérissement de l’impôt direct et indirect et une dégradation encore plus importante du pouvoir d’achat, et pour les entreprises par une augmentation des charges, et donc une plus grande difficulté à entreprendre, à recruter et à développer leurs activités, dans un climat de morosité économique, qui leur est déjà fort préjudiciable.

Le nouveau PLF sera présenté dans la prochaine période dans son alpha et Omega. Aussitôt fin prêt, il suivra dès lors le cheminement d’usage, en étant, dans un premier temps, examiné et adopté en conseil des ministres, puis transféré à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), pour être discuté et adopté en commission des finances, avant de passer au vote et au débat en plénière, tout d’abord article par article, et ensuite dans son intégralité.

Mais avant d’en arriver-là, le débat promet d’être vif et controversé sur ce nouveau texte à travers lequel le gouvernement cherche à réduire les déficits, à alimenter les maigres caisses de l’Etat, à comprimer les dépenses, pour éviter davantage de dérapages budgétaires, face à des finances publiques sous perfusion.

Les organisations nationales sont déjà montées au créneau. Avec des positions aux antipodes, le syndicat et le patronat  rejettent d’emblée la teneur préliminaire du texte. Pour la centrale syndicale, il n’en est pas question que la classe ouvrière, et les catégories moyennes et démunies paient la facture, alors qu’elles peinent déjà à joindre les deux bouts. Le patronat oppose d’emblée une fin de non-recevoir à tout alourdissement des charges pour l’entreprise économique, étant donné que cela nuit à sa capacité d’investir, sa compétitivité, et donc son développement. D’autres secteurs  qui ont eu vent de la première mouture du texte, affichent-ils aussi leur hostilité envers des dispositions à même de les léser et d’en ralentir l’activité. A l’instar de la chambre des promoteurs immobiliers qui rejette l’institution d’une TVA sur le logement, de nature à aggraver la crise du secteur, et à réduire encore plus le taux d’acquisition, en ces temps de mévente.

Dans le milieu politique, c’est le Front populaire qui est le plus hostile à ce texte, et le rejette en bloc. Son porte-parole, Hamma Hammami, a estimé ce mercredi 11 octobre que "le projet de loi de finances 2018 était une déclaration implicite de l’état de faillite du pays". L’absence d’investissements, de fonds pour  le développement, de recrutements, l’institution de la retraite anticipée, d’impôts sur les revenus et la consommation, sont autant de mesures qui montrent que le pays est en faillite, s’est-il alarmé, pointant "l’échec de la coalition au pouvoir".  

Dans une déclaration à Mosaïque, en marge de sa participation à une conférence sur "la situation économique actuelle, problèmes et solutions", organisée par le front populaire avec l’association Mohamed Ali Hammi, Hamma Hammami a énuméré les propositions du Front populaire pour sortir le pays de la crise, comme la lutte contre le commerce parallèle, le changement des billets de banque, notamment ceux de 50 dinars, la baisse des importations des produits secondaires à l’instar des cosmétiques qui coutent 450 millions de dinars, ainsi que du ketchup et de la mayonnaise qui coûtent 150 millions de dinars pour réduire le déficit, etc.

Hammami a réitéré l’appel du front populaire" à des élections présidentielles et législatives anticipées", en vue "d’un nouveau dispositif au pouvoir", celui qui aura un projet salvateur pour le pays.

Gnet