Tunisie/ Phosphate : La paralysie, après l’épuisement total des stocks !

Publié le Mercredi 31 Janvier 2018 à 17:09
Bassin minier de Gafsa. Les craintes exprimées ces derniers jours se sont confirmées. Après avoir atteint leur niveau le plus bas, les stocks du phosphate se sont totalement épuisés, face à une paralysie du bassin minier de Gafsa qui s’inscrit dans la durée ; une situation catastrophique pour l’économie nationale.

Le directeur régional des unités de production du groupe chimique tunisien (GCT) de Gabès, Taoufik Jemal, a affirmé ce mercredi 31 janvier, l’épuisement total des stocks du phosphate, avec l’absence de toute possibilité d’approvisionnement ni par train, ni par camion.

Cette rupture de stocks a engendré  l’arrêt de production de l’acide phosphorique, a-t-il dit. 

Dans une communication téléphonique avec Shems, Taoufik Jemal a qualifié la situation d’inadmissible, voire de catastrophique, signalant que cela va avoir des retombées négatives sur  les usines de la région qui s’apprêtent à mettre leurs employés au chômage technique.

Le secteur agricole sera également grandement impacté, avec l’interruption du ravitaillement en engrais et aliments pour bétail, outre le fait qu’on ne sera plus en mesure d’exporter, a-t-il souligné en substance. 

Les unités de production de Gabès fonctionnent depuis le début du mois de janvier à 22 % de leur capacité quotidienne, du fait du manque d’approvisionnement en phosphate, leur principale matière première. 

La contestation des demandeurs d’emploi issus des délégations de Metlaoui, Mdhila, Oum Laârayes et Rdeyeh a totalement immobilisé le bassin minier, entraînant l’arrêt des sites de production de la compagnie de phosphate de Gafsa (CPG).

Un groupe de chômeurs observe un sit-in depuis la semaine dernière, en signe de protestation contre les résultats du concours de recrutement dans la compagnie. Les sit-inneurs mettent en doute la transparence de cette opération, ce que la compagnie dément.

Selon leurs dires, les critères adoptés en matière d’embauche n’étaient pas conformes à la loi, et ont été emprunts de dépassements. Les contestataires réclament la révision des résultats du concours, et réitèrent une demande, maintes fois exprimée ces dernières années, de préciser le quota de chaque délégation des résultats du dernier concours.

Le porte-parole de la compagnie phosphate Gafsa a mis en garde ce mercredi 31 janvier contre l’effondrement du secteur du phosphate, du fait de l’arrêt de production, suite au tarissement du phosphate et de l’acide phosphorique.

Dans une déclaration au site akherkhabaronline, il a souligné que la Tunisie sera  tenue, après l’arrêt définitif de la production, de payer des dédommagements à ses clients importateurs de phosphate, en vertu des contrats signés entre les deux parties, outre les pertes que la compagnie va essuyer. 

La situation actuelle de la compagnie constitue, à ses yeux, un grand danger pour l’économie nationale, considérant les tiraillements autour de la fermeture du bassin minier et l’arrêt de production, comme étant plus fortes que les demandes de l’environnement.

Il a qualifié de prétexte fallacieux les dernières protestations contre les résultats du concours, étant donné que la compagnie n’a aucun rôle dans le concours, et a adopté les critères du ministère de la formation professionnelle et de l’emploi, ayant supervisé les examens, ce qui exclut toute fabrication des résultats, indique-t-il en substance. 

Il a appelé à s’inspirer de l’expérience marocaine pour régler ce problème au sein de la compagnie, à travers la création d’une société sociale, et une autre industrielle, de manière à ce que l’une ne soit plus imbriquée avec l’autre, estimant impossible pour l’Etat de résoudre le problème de 350 mille habitants de  la région.

Il a souligné que la compagnie n’est plus en mesure de recruter, avec l’embauche de 2600 employés en 2013, signalant un manque en termes d’agents de gestion auquel il faut pourvoir. La production en 2008 était de 8 millions tonnes, contre l’emploi de 1500 agents. Aujourd’hui, la production est d’un million de tonnes, face à l’emploi de 11 mille agents, a-t-il noté.  

Ce faisant, Taoufik Jemal a affirmé que le Sit-in n’a rien à voir avec l’UGTT, signalant que des négociations sont en cours avec les sit-inneurs, en vue de la reprise de la production sur les sites de la CPG. Il n’existe pas, à ce stade, de prémices positives pour que la situation se décante, a-t-il regretté.

Les unités de Gabès ont produit en 2017,  157 mille tonnes d’acide phosphorique, soit 35% seulement de la production de 2010, qui était de 450 mille tonnes, a-t-il fait savoir, qualifiant la situation de catastrophique pour l’économie nationale dans son ensemble.

Les blocages successifs de la production du phosphate dans le bassin minier ont fait perdre au pays depuis la révolution plus de 05  milliards de dinars. La Tunisie a vu également son statut de grand exportateur de phosphate lui échapper, et n’est plus classée en matière de production du phosphate, a fortiori après l’entrée des marchés algérien, saoudien et jordanien dans ce domaine.

Cette nouvelle crise intervient après la relance enregistrée par le secteur en 2017, ayant participé aux premiers signes de reprise économique, que le gouvernement ne manque pas une occasion de souligner. Il aura déjà déchanté.
Gnet

 

Commentaires 

 
-2 #2 RE: Tunisie/ Phosphate : La paralysie, après l’épuisement total des stocks !
Ecrit par tn fr     01-02-2018 21:45
Il faut une main de fer dans un gant de fer !
 
 
-2 #1 RE: Tunisie/ Phosphate : La paralysie, après l’épuisement total des stocks !
Ecrit par Agatacriztiz     31-01-2018 18:12
Il va falloir passer réellement à la manière forte et si le gouvernement n'en est pas capable, qu'il laisse la place à l'armée et à des brigades de patriotes.
 
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