Tunisie/ Officiers poignardés : Analyse et circonstances de l’attaque

Publié le Mercredi 01 Novembre 2017 à 16:38
L’attaque à l’arme blanche perpétrée ce mercredi 1er novembre au Bardo contre deux officiers de police, emprunte le même mode opératoire que celles survenues ces derniers temps sous d’autres cieux, notamment dans des pays européens, preuve du caractère transfrontalier du terrorisme. Les informations préliminaires sur les circonstances de déroulement de cette opération révèlent que l’agresseur, tenant de la pensée du takfir (accusation de mécréance), a prononcé les mots Allah Akbar et taghout (tyran) en commettant, avec lâcheté, son acte criminel.  

Le porte-parole officiel du pôle judicaire de lutte contre le terrorisme, Sofiene Sliti, a déclaré que le parquet dudit pôle a ordonné de placer en détention une seule personne, auteur de l’attaque au couteau contre deux cadres de sécurité au Bardo, et de le livrer à la brigade nationale d’investigation dans les crimes terroristes d’el-Gorjani, pour la poursuite de l’interrogatoire.

Selon les données préliminaires, l’agresseur a proféré des menaces contre les policiers lors de l’attaque, les taxant de mécréants, en répétant les formules Allah Akhbar et Tawaghits, a indiqué en substance Sliti, ajoutant que l’assaillant est né en 1992, a un casier judiciaire vierge et n’est pas connu des unités sécuritaires.

Il a encore souligné que l’auteur de l’attaque a reconnu son intention de rallier les groupes terroristes en Libye. L’arme du crime a été saisie, et les recherches se poursuivent pour en savoir davantage sur cet incident, a affirmé Sliti, dans une déclaration à la TAP, largement relayée par les médias.

Selon l’expert sécuritaire, Ali Zeramdini, l’opération de ce mercredi montre l’usure du terrorisme en Tunisie, et la destruction de sa structure. Dans un entretien téléphonique avec Shems, l’expert sécuritaire a expliqué que ce type d’opérations survient dans des pays où les appareils sécuritaires sont soudés.

Cette opération appartient à la catégorie "des loups solitaires", et reste prévisible en Tunisie, étant la solution la plus facile pour les terroristes, a-t-il souligné.

Selon ses dires, la loi criminalisant les agressions contre les sécuritaires n’empêchera pas les terroristes de commettre leurs crimes.

L’agression de ce mercredi 1er novembre 2017 a mis le projet de loi réprimant les agressions contre les sécuritaires au centre de l’actualité, avec des appels adressés de nouveau à l’Assemblée, pour en activer l’examen et l’adoption.

Le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur, a indiqué que le texte est en commission, et a fait l’objet de plusieurs réunions. Dans une déclaration aux médias, le chef du perchoir a annoncé la tenue prochaine d’une conférence avec la société civile, autour de ce projet de loi. Ennaceur a appelé, à ce titre, à concilier deux dimensions : la nécessaire protection des sécuritaires, "un devoir pour le pays", et la nécessité de préserver les droits de l’homme inscrits dans la constitution, et de veiller à les respecter et à les mettre en application.

Le président de l’Assemblée a appelé les Tunisiens à être solidaires des institutions militaires et sécuritaires, et à affronter le terrorisme en rangs resserrés, car il s’agit d’un danger qui menace le peuple tunisien et la société toute entière.

Ce faisant le ministère de l’Intérieur, Lotfi Brahem, s’est rendu au chevet des policiers agressés, et s’est déplacé sur les lieux de l’attaque.

Deux officiers de police ont été poignardés au couteau ce matin au Bardo, l’un au niveau du cou, et le deuxième au niveau du front. L’assaillant a été arrêté, et a reconnu adopter la pensée takfirie depuis trois ans, comme l’avait indiqué, en début de journée, le ministère de l’Intérieur dans un communiqué.
Gnet