Tunisie/ Nidaa Tounes : Une entité aux pieds d’argile !

Publié le Vendredi 16 Octobre 2015 à 18:10
Bureau exécutif de Nidaa Tounes. Le parti de la majorité est face à son énième crise. Comme dans les précédents épisodes de tension, celui-ci est marqué par des déclarations incendiaires d’un clan contre l’autre. Le mouvement est au bord de l’implosion, et ce sont ses dirigeants qui le disent haut et fort, clairement et sans détours.

Nidaa tounes accumule les records. Il a été formé, grandi, et a chamboulé les rapports de force en un temps record, et a accédé au pouvoir en un temps record. Comme il a enchaîné depuis sa naissance les crises, jusqu’à battre le record national en la matière. Pour ce parti, censé conduire la coalition gouvernementale, la situation devient intenable, et la gestion de ces crises à répétition quasi-impossible.

Guerre de positions
La bataille actuelle n’est autre qu’une guerre de positions en prévision du prochain congrès, lesquels des dirigeants de ce camp ou de l’autre, arriveront renforcés, en termes de popularité auprès des militants au niveau central, régional et local, pour gagner la partie aux urnes.

Sauf qu’à ce rythme et si ces escarmouches ne s’apaisent pas d’aussitôt, la tenue même du congrès, prévue en début de 2016, devient hypothétique. D’autant plus que la réconciliation interne semble relever de la gageure.

La dispute est en apparence entre les tenants de la gauche et les destouriens. Les premiers dont le Secrétaire Général, Mohsem Marzouk, le membre du bureau politique, et ministre démissionnaire, Lazhar Akremi et bien d’autres, se disent attachés aux institutions légitimes du parti, à son identité et à son projet et accusent le camp d’en face, celui conduit par le fils du président et fondateur du mouvement, de vouloir confisquer et monopoliser le parti.

Hafedh Caïd Essebsi et ses partisans, les Nabil Karoui, Khaled Chawket et bien d’autres, auteurs de l’initiative du rapprochement entre destouriens et Nahdhaouis sur le legs d’Abdelaziz Thaâlbi, accusent, à leur tour, leurs collègues de vouloir étendre leur emprise sur le parti.

La tension est montée d’un cran avec la décision de Caïd Essebsi Junior d’organiser demain et après-demain une réunion à Djerba pour l’objectif affiché d’écouter les doléances des militants dans les régions, une réunion non reconnue par ses adversaires, qui pointent, au passage, une ingérence extérieure dans les affaires internes du parti.

Ce vendredi 16 octobre, le bureau exécutif a joué l’apaisement, histoire de faire baisser les tiraillements et l’escalade verbale de ces derniers jours et ces dernières heures. Une solution a été préconisée de confier la préparation du congrès à une commission indépendante et impartiale, dont les membres ne se porteront pas candidats aux responsabilités partisanes ; une tentative de sauver ce qui peut l’être encore, mais tout porte à croire que le parti est dans l’incapacité d’exorciser les démons de la discorde et d’affermir son unité.

D’une crise à l’autre, Nidaa Tounes apparait comme une entité aux pieds d'argile, qui tremble à la moindre secousse. Un mouvement formé dans la précipitation sans tableau de bord, sans ligne directrice, sans identité, ni direction claire. Son image est grandement ternie, et on est bien loin de l’euphorie ayant accompagné sa victoire aux élections et son accession aux commandes.

S’il a réussi a faire l’objet d’une large adhésion des Tunisiens, c’est qu’il s’est paré, lors de la campagne électorale, de l’habit du sauveur, celui qui propose la bonne alternative, et qui est le seul capable de préserver le legs moderniste et progressiste, de redresser le pays, de combattre le terrorisme, et de redonner espoir aux Tunisiens. Mais, il n’en est rien jusque-là, même le peu qu’on a réalisé à travers le consensus et la formation d’une coalition gouvernementale, risque de s’effondrer d’un jour à l’autre, avant même qu’il ne donne de quelconques résultats probants.

Si l’éclatement finit par être le sort du mouvement de la majorité, c’est tout le pays qui sera en crise, la coalition gouvernementale qui volera en éclats et la stabilité du pays qui sera menacée. Tout cela dans une conjoncture fragile et critique, on n’imaginera pas le scénario qui nous attend le cas échéant.

Les dirigeants de Nidaa, tous courants confondus, ne semblent pas en avoir cure, engagés, qu'ils sont dans une guerre d’égos et d'usure. La seule question qui semble les tourmenter est la suivante :  la donne politique à venir se fera-t-elle avec, ou sans eux ?
H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #1 Pour La Tunisie
Ecrit par Tunisien     16-10-2015 21:34
Pour la Tunisie et les Tunisiens, SVP arrêtez de faire la division. Consacrez votre énergie pour le bien de la Tunisie même si vous n’êtes pas sur la même longueur d'onde. Arrêtez cette route elle n'est pas fiable.
 
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