Tunisie/ Nida Tounes : Un gouvernement d’ouverture, sans Ennahdha ?

Publié le Jeudi 25 Décembre 2014 à 18:15
Nida Tounes entamera bientôt les concertations autour du nouveau gouvernement. Les spéculations vont bon train sur la couleur, la nature, et la composition du futur gouvernement du prochain quinquennat. Les premiers signes excluent l’éventualité d’un gouvernement d’unité nationale. Ils écartent, par ailleurs, l’idée d’un gouvernement exclusivement issu de Nida Tounes. L’hypothèse la plus probable est que la prochaine équipe gouvernementale soit hybride constituée à la fois de technocrates et de personnalités partisanes.

Nida Tounes qui fait une entrée triomphante au pouvoir, après trois victoires électorales successives, doit se garder d’être triomphaliste. Le mouvement du président élu est pressé tant par ses alliés «naturels» que par ses opposants «potentiels», à éviter d’accaparer les trois pouvoirs, (les deux têtes de l’exécutif, et le législatif). Maintenant qu’il est au perchoir, et à Carthage, il serait malvenu qu’il occupe de surcroît, la Kasbah. Ces pressions semblent trouver un écho favorable au sein de Nida, qui s’acheminerait vers la désignation d’une personnalité nationale indépendante à la tête du gouvernement, avec un cabinet mixte formé  de politiques et de compétences.

Les ministres partisans seraient issus des partis alliés de Nida Tounes, en l’occurrence, Afek, l’Union patriotique libre, al-Moubadra, lesquels constitueront la future majorité parlementaire au sein de l’ARP qui sera de 115 à 120 députés, nécessaire notamment au vote de confiance au nouveau gouvernement, ainsi qu’à l’adoption des projets de loi, excepté ceux qui requièrent une majorité des deux tiers.  

Les concertations entre Nida Tounes et les partenaires politiques n’ont pas encore officiellement commencé autour du dossier gouvernemental. Dans leurs déclarations médiatiques, les partis proches et alliés font montre d’un ascétisme quant aux maroquins, et martèlent que si entrée au gouvernement il y a, ce serait sur la base des programmes. C’est le discours que tient notamment Afek Tounes de Yassine Brahim, et l’Union patriotique libre de Slim Riahi.

Le Front populaire pourrait aussi faire partie du futur gouvernement. Nida Tounes le considère comme son allié naturel, et ne cesse de s’attirer ses grâces, invoquant le militantisme commun de l’été 2013, dans le cadre du Front de salut national.

La coalition conduite par Hamma Hammami appelle ce jeudi dans un communiqué à élargir les concertations autour de la formation du gouvernement, estimant que "le prochain gouvernement ne peut réussir à sauver la Tunisie que si son programme traduit le degré minimal des objectifs de la révolution en termes d’emploi, de liberté, et de dignité". Il ne peut tout autant, selon sa perception, assurer la stabilité, que dans le cas où il écarte "les symboles de l’échec de la troïka" et ceux "du régime despotique déchu".

Le FP pose ainsi ses conditions à son éventuelle participation au gouvernement, et maintient son carton rouge envers Ennahdha, avec qui il refuse catégoriquement de travailler dans un cadre commun.

Nida Tounes sera amené à former un gouvernement d’ouverture, mais pas avec le mouvement de Rached Ghannouchi manifestement.  Béji caïd Essebsi qui n’avait pas fermé la porte à une coalition avec le mouvement islamiste entre les deux tours, a affirmé ce jeudi qu’il n’y aura pas d’alliance avec Ennahdha, (une déclaration rapportée par Mosaïque) confirmant ce dont avait fait part Taieb Baccouche, et d’autres dirigeants de Nida.

Le mouvement islamiste a pourtant essayé de faire revenir Nida Tounes à de meilleurs sentiments à son égard, et de le convaincre de la pertinence d’un gouvernement de consensus, ou d’union nationale, mais vainement. Il serait, bon gré, mal gré, contraint à occuper l’opposition au moins durant la première partie du quinquennat, en fonction de l’évolution du climat politique dans le pays.

Le mouvement ne sera pas néanmoins exclu des concertations politiques autour du futur gouvernement. Mohamed Ennaceur a appelé ce jeudi à se concerter avec Ennahdha, étant "une force politique qui a un poids au sein du parlement". Le mouvement lui-même a annoncé tout récemment, par la voix de Samir Dilou, qu’il aura des concertations avec Nida Tounes, ainsi qu’avec d’autres partis, sans en dévoiler la teneur.  

H.J.


 

Commentaires 

 
+1 #1 BLEDI AZIZA
Ecrit par Tounsi     26-12-2014 18:50
Je suis tunisien neutre. Pour moi toutes les parties sont équivalentes; la seule différence qui me prend ce leur action en faveur de la Tunisie.
Aujourd'hui ; ce que je remarque est inquiétant : une partie comme Ennahdha, grande partie joue gauche droite et l'essentiel pour eux ce n'est pas la Tunisie ni les Tunisiens , c'est le pouvoir malgré le peuple. Et ce qui est inquiétant de plus cette partie a déjà pris le pouvoir et a essayé plus que deux ans et elle n'est pas arrivée. c'est a dire son exercice et son système prouvé signé ne pas compatible avec les besoins du peuple.
Aujourd'hui , je me pose la question ? c'est quoi l'objet d' Ennahdha derrière son tactique et son jeux?.
Avant les dernières élections ,Nida Tounes a inhibé le passé et a ouvert la porte pour collaborer et travailler ensemble; seulement avec ce qui se passait récemment prouve la réalité d'Ennahdha et son tactique vers La TUNISIE.
Les Tunisiens ont un seul objectif: c'est résoudre les problèmes de leurs pays et non pas rester au pouvoir sans effet.
En tout cas j'aime bien BLADI L'AZIZA + RABBI FIL OUJOUD.
A la Fin on dit toujours RABBI YEHDI.
 
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