Tunisie/ Moez Bouraoui : “ATIDE dénonce des comportements mafieux”

Publié le Vendredi 31 Octobre 2014 à 12:26
Moez Bouraoui lors d'un point de presse. Le président de l’Association Tunisienne pour l’Intégrité et la Démocratie des Elections (ATIDE) a affirmé, lors d’un point de presse organisé vendredi, que la concurrence entre les Partis n’était pas loyale. Et enfonce le clou : « Nous avons constaté des comportements mafieux. Et je pèse mes mots ».

L'ATIDE a révélé dans son point de presse une multitude d’observations et des écarts filmés, touchant spécialement le trio de tête : « Nida, Ennahdha, UPL et même Al Moubedra ont commis des écarts graves. Le plus grave ? La passivité de l’ISIE qui ne s'est pas du tout montrée ferme ».

Les agents de l'ATIDE étaient déployés sur tout le territoire. Les séquences filmées en cachette des écarts commis tantôt par des représentants des Partis, tantôt par les chefs des centres ont été projetées dans la salle. Moez Bouraoui explique : «Nous sommes prêts à aider, mais nous ne pouvons pas mettre la sécurité de nos agents en péril. Et croyez-moi, il y avait de quoi avoir peur.

Les Partis victorieux ? L’argent politique circulait sans vergogne, selon ses dires. Des preuves ? "Nous avons constaté des écarts de nos propres yeux. Il y a un système mafieux en place. L’argent part du gouvernorat, arrive à des associations qui engagent par la suite des agents qui ciblent les personnes nécessiteuses capables de « vendre » leurs voix. Ce même argent est ensuite récupéré suite à la vente de biens, souvent produits par des usines ou sociétés qui appartiennent à des membres du même Parti ». Stupeur dans la salle. Bouraoui souligne : «Je sais que personne ou presque n’ose en parler, mais là, il faut absolument réagir».

Interrogé sur la position de l'ISIE envers ces supposés dépassements, Moez Bouraoui affirme : "Nous avons rédigé des rapports et envoyé des documents avec des preuves à l’appui, mais nous sommes toujours restés sans réponses. Le nombre des écarts constatés est impressionnant : 9821. Tous les Partis sont impliqués, à des degrés différents et nous attendions plus de réactivité de l’ISIE qui restait de marbre». 

ATIDE projette alors une vidéo : A Beja, le chef d’un centre a accompagné une femme âgé jusqu’à  l’isoloir et lui a montré la case à cocher. "Le responsable est tellement dévoué qu'il vote pour lui et pour les autres", a souligné Bouraoui. Et se reprend aussitôt : "C'est franchement triste de voir de telles scènes".

Moez Bouraoui adresse des critiques virulentes à l'ISIE : «L’Instance n’a pas appris des leçons des élection de 2011. Au lieu de corriger certaines erreurs, elle les a non seulement répétées, mais multipliées. ATIDE ne regarde pas les résultats. Tout ce qui nous intéresse c’est l’ambiance dans laquelle se déroule les élections et ce avant et pendant le scrutin. Ce que nous avons observé n’est pas vraiment rassurant. L’ISIE doit absolument dresser un bilan de cette expérience et corriger des lacunes graves et ses agents doivent être nettement mieux formés ».

Selim Slimi