Tunisie/ Mehdi Jomaâ : De l’influence positive de l’opposition !

Publié le Lundi 16 Décembre 2013 à 12:00
Mehdi Jomaâ doit tendre la main à l'opposition. Le dialogue national a épuisé tous ses ressorts, et est parvenu le samedi 14 décembre lors des prolongations à annoncer le nom du futur chef du gouvernement, qui conduira le pays pendant cette troisième, et dernière étape transitoire. Un soulagement qui reste incomplet, au regard de l’absence du consensus autour du successeur d’Ali Laâridh, lequel est pourtant nécessaire pour apaiser le climat général, préalable incontournable, pour que Mehdi Jomaâ réussisse à sauver le navire tunisien du naufrage.

Samedi dernier, un pas important a été franchi en matière de déblocage du processus gouvernemental. Enfin, un nom a été officiellement annoncé pour diriger le prochain cabinet apolitique. Les partis de la troïka, de l’intérieur ou de l’extérieur du dialogue, en prime Ennahdha applaudissent. L’opposition, principalement le Front de Salut National, rouspète, et désapprouve ce choix, étant donné que le nouvel élu au Palais de la Kasbah est un ministre de l’actuel gouvernement, celui de "l'échec". Mais a-t-on le droit de faire perdurer la crise politique, de prolonger cette polarisation qui a été fortement préjudiciable pour le pays au cours de ces derniers mois, et de plonger encore plus les Tunisiens dans le désappointement et l’abattement ?  

L’opposition dispose-t-elle encore d’une marge de manœuvre lui permettant de négocier, et d’inverser la tendance, elle qui a abattu toutes ses cartes, notamment par son refus des candidats qui avaient tous les atouts pour être consensuels, en l’occurrence, Ahmed Mestiri et Jelloul Ayed. Les divergences apparues dès lors au grand jour au sein du Front du salut national, en ont fragilisé le poids à peser sur l’issue des pourparlers.

Prise de court par un choix qui n’était pas le sien, abandonné par le quartette qui a préféré sauver sa crédibilité que de soutenir inconditionnellement, ceux qui étaient pourtant connus par être ses alliés, l’opposition est mise devant le fait accompli, et n’a d’autre alternative que d’accepter le chef du gouvernement choisi, toute en gardant la possibilité d'imposer ses conditions.  

On attend, au milieu de cette semaine, une position officielle exprimée soit à l’unisson, par le front de salut national, soit séparément par le front populaire, Nida Tounes, al-Joumhouri, al-Massar, etc. envers Mehdi Jomaâ. Les dirigeants ont déjà annoncé la couleur, en se prononçant contre le choix annoncé samedi.  Au mieux ils tempèreront leur position, en décidant de lui donner un préjugé favorable au nom de l’intérêt suprême du pays, tout en exigeant d’avoir voix au chapitre en matière de poursuite du processus gouvernemental ; au pire ils corroboreront leur désapprobation du départ, et ils décideront de rester en dehors du consensus, et à la périphérie du dialogue, en faisant perdurer le blocage des différents processus, et en se mettant à dos le quartette, chose qui semble peu plausible. A fortiori qu’avec une telle attitude, l’opposition risque de s’aliéner l’opinion nationale, y compris celle qui se range à ses côtés, et qui compte sur elle pour l’alternance aux prochaines élections.

Au point où en sont les choses, et au regard des défis qui nous guettent, notamment sur le double plan économique et sécuritaire, la Tunisie n’a d’autre choix que la concorde nationale et l’apaisement. Le consensus qui n’a pas été trouvé samedi, pourrait être atteint, si troïka, opposition et quartette, trouvent des compromis, notamment pour ce qui est de la formation du nouveau cabinet. Théoriquement, Mehdi Jomaâ qui n’est pas connu du public a des atouts pour réussir sa mission. Il est jeune, technocrate et a une expérience professionnelle non négligeable. En tant que ministre de l’Industrie, son secrétaire d’Etat a dit de lui ce matin sur Express qu’"il est manager, professionnel et homme de décision", signalant qu’il est parvenu à relancer le secteur des phosphates et à ouvrir des dossiers brûlants. Mais, aussi talentueux qu’il ne paraisse, le successeur d’Ali Laâridh ne peut réussir que s’il bénéficie d’une légitimité consensuelle.

Mehdi Jomaâ doit prouver son indépendance et former un gouvernement restreint, dont la neutralité et la compétence, sont au dessus de tout soupçon. Il pourra rallier à sa cause des candidats à la primature ayant été soutenus par l’opposition au dialogue national, à l’instar de Mohamed Ennaceur, de Mustapha Kamel Nabli…et bien d’autres.

La formation du nouveau gouvernement sera certainement précédée par des tractations dans les coulisses, lors desquelles l’opposition pourrait-être influente, en exigeant ses conditions aussi bien dans le choix  des nouveaux titulaires des portefeuilles ministériels, qu’en matière des priorités du nouveau gouvernement.

L’essentiel est que ce processus gouvernemental qui a sauté sa première haie soit mené à son terme, et que l’on évite un nouvel enlisement. Entretemps, on aura planché sur le parachèvement des deux autres processus constitutif et électoral, de manière à baliser le terrain à la tenue des prochaines élections à même de déboucher sur des institutions stables et durables. L’annonce du nom de Mehdi Jomaâ a eu d’emblée un impact positif, notamment dans la presse internationale, essayons d’optimiser cette lueur d’espoir et de sortir de cette sinistrose ambiante, à la veille de la commémoration du troisième anniversaire de la révolution du 17 décembre…
H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #3 Autre page
Ecrit par Tunisien     18-12-2013 19:34
Fini le bla Bla, plier la page et commencer a se mettre dans les choses importantes.
1/ le travail
2/ l’hygiène
3/l’organisation
4/ le reste viendra automatiquement.
 
 
+4 #2 Positif
Ecrit par Tunisien     16-12-2013 19:15
Espérant bien que Mr Mehdi Jomaâ prend les choses en main et fait sortir la Tunisie de cette satiation critique.
Il faut l’encourager, l’aider à exercer sans devoir et sa responsabilité. Il est Tunisien nous sommes aussi et on doit exsercer tous dans le même sens pour notre avenir.
 
 
+3 #1 RE: Tunisie/ Mehdi Jomaâ : De l’influence positive de l’opposition !
Ecrit par Montygolikely     16-12-2013 14:31
Que l'opposition soit positive une bonne fois pour toutes, c'est tout ce que l'on demande, car à force de pester à droite et à gauche, elle commence à devenir stérile et à agacer fortement tout le monde...
 
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