Tunisie/ Mehdi Jomaâ : Ce ne sera pas Aladin et la lampe merveilleuse !

Publié le Vendredi 20 Décembre 2013 à 18:20
Mehdi Jomaâ (Photo AP)Mehdi Jomaâ choisi samedi 14 décembre dans la discordance pour conduire le futur gouvernement de compétences, indépendant et impartial, est au centre de toutes les discussions. L’homme suscite de grands espoirs. De larges strates de la société tunisienne, soulagées qu’il émerge enfin du ramdam d’une longue crise politique,  lui accordent un préjugé favorable, et attendent qu’il puisse  sortir la Tunisie de l’ornière. Tout le monde n’est pas, en revanche, tout à fait content ;  nombreuses sont les voix qui s’élèvent, notamment dans le camp de l’opposition, pour dire leur scepticisme, arguant qu’ils ne peuvent juger l’homme, qu’après qu’ils le voient à l’œuvre. Ses adversaires potentiels sont déjà légion, a fortiori que sa désignation n’a pas débouché sur la disparition des causes sous-jacente à la tension, soit les clivages politiques aigus. De là à penser que le successeur d’Ali Laâridh serait au centre des tiraillements tout au long de son mandat, il n’y a qu’un pas que l’on n’hésite pas à franchir.

La mission du futur Premier ministre ne sera pas une sinécure. Ses faits et gestes seront scrutés, et son action sera mise en permanence sous la loupe de l’évaluation et de la critique. La première épreuve qu’il aura à affronter, réside dans l’affirmation de son indépendance et de sa compétence, des critères qui valent pour les membres de son équipe.

Le futur cabinet restreint et apolitique, qu’il aura formé, est attendu sur plusieurs dossiers aussi inextricables les uns que les autres. L’opposition qui suspend son jugement sur sa personne  et sur son gouvernement à l’efficacité de leur  prestation, pose d’emblée des conditions strictes. Le futur gouvernement doit  lutter contre le terrorisme et rétablir la sécurité ; améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens, revoir le budget de l’Etat de 2014, réviser les nominations effectuées par le gouvernement de la troïka conduit par Ennadha ; dissoudre les ligues de protection de la révolution ; faire la lumière sur les assassinats politiques, assènent des partis comme al-Joumhouri ou Nida Tounes.

Dans le camp d’Ennahdha et ses alliés, la perception est toute autre. Le parti islamiste qui ne cesse de faire valoir l’ampleur des concessions accordées et des sacrifices consentis qui l’ont mené à renoncer au gouvernement, semble avoir hâte à retrouver le chemin du pouvoir, confiant en ses chances dans les urnes. Son principal vœu est que le gouvernement actuel prépare les conditions à la tenue d’élections démocratiques et transparentes à un horizon proche, de six mois, comme ne cessent de le marteler ses dirigeants.  

Le quartette, lui, instigateur et parrain du dialogue national, exhorte instamment le futur locataire de la Kasbah à s’attacher à la sacro-sainte feuille de route, à traduire dans les faits sa teneur, et à ne pas s’en écarter d’un iota, au risque d’un renversement de vapeur.

Mehdi Jomaâ n’est que choisi, sa nomination n’étant pas encore officialisé, et il est déjà sollicité de toutes part pour qu’il se garde à décevoir une quelconque partie, que ce soit parmi ses partisans, ceux qui l’ont choisi, ou ses adversaires, ceux qui se sont abstenus, ou se sont retirés pendant le vote. Attention néanmoins à ne pas trop espérer de voir la situation radicalement changer avec son arrivée. Nos espoirs doivent être modestes et réalistes, au regard des défis incommensurables qui guettent la Tunisie en cette fin de 2013, a fortiori que l’année 2014 s’annonce difficile sur le plan économique, et que la Tunisie est encore fragile sur le plan sécuritaire.

Mehdi Jomaâ ne sera pas, de toute évidence, Aladin avec sa lampe merveilleuse. Indéniablement, sa nomination et l’entrée en fonction de son gouvernement – lequel doit contenter et gagner la confiance des rivaux politiques- sont susceptibles d’envoyer des signaux positifs à l’opinion nationale et internationale, dans la mesure où elles marqueront l’épilogue d’une crise qui n’a que trop durer. Le futur chef du gouvernement avancera néanmoins sur un chemin semé d’embûches. Son talent et son pragmatisme supposés, seront nécessaires pour démêler l’écheveau des problèmes posés, mais ils ne suffiront pas à eux seuls. Un sursaut national lui sera indispensable, pour que chacun, à partir de sa position (partis politiques, partenaires sociaux, organisations de la société civile, et citoyens) contribue à écourter, autant que faire se peut, cette période transitoire, pendant laquelle la Tunisie a enchaîné déconvenues et faux pas. Quel que soit le génie (qui reste à démontrer) du futur gouvernement, il ne pourra pas produire des résultats probants, si les Tunisiens ne se remettent pas sérieusement au travail, si la cadence des grèves ne régresse pas, si les tiraillements politiques ne cessent, et si le climat général ne s’apaise…
H.J.


 

Commentaires 

 
+2 #3 Positif
Ecrit par Tunisien     24-12-2013 23:09
Quand on veut on peut.
La volante avec le savoir faire on arrivera. Il suffit de filtrer le bon et le mauvais selon la réalité, la normal et la logique.
Notre peuple est éduqué (Grace à Mr BOUGUIBA et a sa bonne volante) et il ne va pas laisser et jamais sa patrie tombe dans l’impasse.
C’est le moment de se réveiller et de faire le nécessaire pour tout obstacle.
Bon courage Mr Mehdi et que Dieu vous aide pour accomplir votre mission.
 
 
-3 #2 Terka !!!
Ecrit par A4     22-12-2013 13:42
C'est évident ... avec la "terka" que lui laissent Jébali et Laârayedh !!!
 
 
+2 #1 RE: Tunisie/ Mehdi Jomaâ : Ce ne sera pas Aladin et la lampe merveilleuse !
Ecrit par Mounir GUELLATY     22-12-2013 13:11
Monsieur le Premier Ministre, on vous demande d'être profondément épris de la Tunisie et d'oeuvrer en toute honneteté intellectuelle pour un pays fait d'intelligence et de bon coeur, c'est tout...
et que Dieu vous vienne en aide...
 
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