Tunisie/ Lycées et collèges : Des revendications qui coûtent 500 millions de dinars (ministre)

Publié le Jeudi 19 Avril 2018 à 15:53
Le blocage des collèges et lycées en est à son troisième jour. Alors que le dialogue est encore rompu entre les deux principaux protagonistes en conflit, le ministère de l’Education d’un côté, et la fédération générale de l’enseignement secondaire de l’autre, les tentatives semblent s’accélérer au plus haut niveau pour sortir de l’impasse.

La crise de l’enseignement secondaire a été à l’ordre du jour de l’entrevue, ce jeudi 19 avril à Carthage, entre les deux têtes de l’exécutif. Selon des informations médiatiques concordantes, une rencontre est attendue entre Youssef Chahed et Mohamed Ennaceur pour examiner l’éventualité de renouer le dialogue avec le syndicat de l’enseignement secondaire. La veille, mercredi 18 avril, le président de l’ARP a écouté la position des deux parties sur cette crise.

Il s’est entretenu au palais du Bardo, en présence des chefs des blocs parlementaire, avec le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi. Comme il a rencontré le ministre de l’Education, Mohamed Ben Salem. Ennaceur a appelé à sauver l’année scolaire et à poursuivre le dialogue pour surmonter la crise.  

La partie syndicale, elle, ne lâche pas du lest, et réaffirme ce jeudi 19 avril, par la voix de Noureddine Taboubi, l’attachement aux revendications des professeurs. "Nous ne renoncerons pas à nos enseignants ni à nos revendications", a lancé le chef de l’influente organisation syndicale ce matin à Gabès, à l’ouverture du congrès régional du travail.

Il a affirmé qu’il était inadmissible de poser des conditions aux négociations, en allusion à l’exigence du ministère de l’Education de mettre un terme à la retenue des notes et de les remettre à l’administration, comme préalable au dialogue. "Nous ne pouvons parvenir à une solution qu’en s’asseyant autour de la table des négociations", a-t-il encore indiqué. 

Taboubi a pointé des surenchères du gouvernement pour remonter l’opinion publique contre l’UGTT, se voulant rassurant sur la réussite de l’année scolaire. "Comme je l’ai dit pour le secteur privé, je dirai qu’une année blanche est une ligne rouge", a-t-il lancé. Le ministre de l’Education, lui, ne l’entend pas de cette oreille, percevant dans "la retenue des notes, le début d’une année blanche". 


"Des revendications à 99 % matérielles"
Intervenant hier, soir, sur El-Hiwar Ettounsi, Hatem Ben Salem a remonté à l’origine des tensions actuelles. 

Il a souligné que les négociations entre son département et le syndicat de l’enseignement secondaire étaient programmées le 30 janvier. "Le 11 janvier, le syndicat a émis, à l’issue de la réunion de sa commission administrative, une motion comportant des revendications à 99 % matérielles, et décide, dans un précédent, de retenir les notes, ce qui équivaut systématiquement au démarrage d’une année blanche", a-t-il indiqué.

"Avec la retenue des notes, l’élève ne peut pas être évalué. Aujourd’hui, il n’y a ni moyennes, ni conseils de classes, ni bulletins. Tout un semestre sur lequel devrait être bâti le deuxième semestre n’est pas disponible chez l’autorité administrative du ministère de l’Education", a-t-il déploré.

Le fait de masquer les notes a des résultats pédagogiques liés à la pré-orientation, a-t-il ajouté. 

"Les élèves des 1ère et 2ème  année secondaire, doivent être orientés dès aujourd’hui, or, ils ne peuvent pas l’être que selon les notes et les moyennes. Les élèves ne peuvent pas faire une préinscription dans une université étrangère et même une université privée tunisienne, s’ils n’ont pas les notes du premier semestre", a-t-il encore déclaré. 

"On ne peut pas préparer la prochaine année scolaire si on ignore les notes des élèves du premier semestre, ce qui trouble la planification du ministère", a-t-il dit, évoquant des répercussions sur la mutation des enseignants.  "Il est impossible d’effectuer la mutation, si on n’a pas les chiffres et la planification".

Hatem Ben Salem a qualifié la suspension des cours de précédent très grave. "C’est une grève illégitime, car elle ne peut être dans l’intérêt de quiconque, et illégale, car elle ne respecte même pas les dispositions du règlement intérieur de l’UGTT, ainsi que les dispositions du code du travail qui rejette les grèves ouvertes, considérées comme étant des grèves sauvages".

"Personne ne peut suspendre les cours, excepté le ministère de l’éducation, en cas de force majeure ou de circonstance exceptionnelles", a-t-il expliqué.  

"La gravité de cette grève tient à son timing", a-t-il ajouté, dans la mesure où elle intervient à quelques jours du bac blanc, des examens de la sixième et de la neuvième année…

Le ministre a par ailleurs pointé "les revendications mirifiques du syndicat de l’enseignement secondaire, avec des incidences financières dépassant les 500 millions de dinars", signalant que son département a présenté des suggestions, dans le volet des négociations le concernant, de 39 millions de dinars.

Il a fait valoir "la main tendue de l’Etat pour le dialogue, mais non sous la terreur", prônant des négociations immédiates, "mais avant cela, il faut soulager les élèves et remettre les notes à l’administration. Sinon le syndicat doit assumer sa responsabilité complète quant aux répercussions négatives et catastrophiques de ces actions sur l’année scolaire".

La situation est grave et ne souffre d’aucune attente, dans la mesure où il y a les vacances qui débutent le 30 avril et les échéances nationales (Ndlr : les municipales du 06 Mai), a-t-il encore dit.
Gnet
 

 

Commentaires 

 
-2 #1 basta !
Ecrit par Sherlock Homs     19-04-2018 17:45
Courage ! Donnez l'ordre d'arrestation demain matin de bonne heure et à leur domicile de tous les responsables syndicalistes de l'U.G.T.T. après avoir, au préalable, coupé toutes les communications pour qu'ils ne puissent pas s'avertir ni se concerter.
Quant au prétexte, soyez assez inventif et crédible...
 
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