Tunisie/ Lutte anticorruption : Le mérite de Chahed est d’être passé du slogan à l’action !

Publié le Vendredi 21 Juillet 2017 à 13:42
Youssef Chahed et son gouvernement, jeudi 20 juillet, à l'Assemblée.Les députés ont été partagés hier, jeudi 20 juillet à l’Assemblée, dans leur évaluation de la politique anti-corruption du gouvernement. Alors que certains l’ont considérée comme un pas positif ayant constitué un tournant dans l’action du gouvernement, d’autres ont énuméré ses insuffisances, pointé son caractère sélectif, exprimant leur scepticisme quant à son opportunité et sa crédibilité, pour avoir été motivé, à leurs yeux, par des règlements de comptes politiques…

Lors de ce débat, par moments houleux, Youssef Chahed, s’est efforcé à défendre le bien-fondé de sa politique, de  balayer d’un revers demain les critiques, et de répondre sur son implication présumée dans une affaire de corruption, lorsqu’il était secrétaire d’Etat à la Pêche, laquelle a été classée par la justice pour manque de preuves. 

Ni sélection, ni exception. Toute personne soupçonnée de corruption aura à répondre de ses actes, a proclamé le locataire de la Kasbah, s’engageant à faire appliquer la loi à tous, sans aucune immunité pour quiconque. Ces propos ont été prononcés par le chef du gouvernement avec détermination et assurance, et il n’y a pas de raison de ne pas le croire, et de mettre en doute sa parole.

De là à penser que des personnalités influentes, considérées jusque-là comme étant intouchables, auront à rendre des comptes, il n’y a qu’un pas que certains n’hésitent pas à franchir.

Entretemps, disons que cette campagne, avec ses carences et les reproches pouvant lui être faits, a le mérite d’exister. En la lançant, le jeune chef du gouvernement, le 7ème ayant occupé le fauteuil de la Kasbah depuis la révolution, a fait beaucoup mieux que ses six prédécesseurs, en passant de la parole à l’acte, des slogans à l’action. A fortiori que ce coup de filet lancé en vertu  de la loi sur l’état d’urgence, se prévaut d’un bilan tangible en termes d’arrestations, de réseaux de contrebande démantelés, de marchandises et d’argent (sale) dont des devises saisis.

Que ce qui a été fait, jusque-là, demeure modeste, par rapport à l’ampleur de ce fléau qui gangrène l’administration, le climat des affaires, le milieu politique, etc., ne doit en rien justifier le rejet du processus dans son ensemble, mais exiger qu’il soit intensifié, consolidé et pérennisé, avec un objectif à moyen et long terme, d’extirper la corruption à la racine.

Comme la guerre contre le terrorisme, celle contre la corruption ne se gagne pas en une seule bataille, elle nécessite persévérance et ténacité.

Le fait que l’engagement anti-corruption du gouvernement secoue les milieux de corruption, et de contrebande, et produise un effet dissuasif sur les corrompus, permet d’endiguer, un tant soit peu, l’expansion du phénomène. Le fait que l’opinion publique se déclare corps et âmes en faveur de la lutte anti-corruption et des actions menées par l’exécutif, est aussi un signe encourageant permettant d’espérer que cette campagne ne fera pas long feu.

Si l’on veut que le pays soit engagé sur le chemin du redressement, il faut que l’on arrête à douter de tout, à décrédibiliser tout le monde, et à annihiler toutes les bonnes actions. Une telle attitude ne peut que concourir à l’abattement général et empêcher tout espoir salvateur de naître.
Gnet