Tunisie/ Les salaires et la dette : un casse-tête pour le gouvernement !

Publié le Mardi 01 Août 2017 à 13:29
Fadhel Abdelkefi fait marche arrière, et adoucit ses propos alarmistes sur les rémunérations des fonctionnaires. Après avoir évoqué, la semaine dernière à l’Assemblée, la nécessité pour le gouvernement de contracter un crédit pour débourser les salaires, le ministre du développement, de l’investissement et de la coopération internationale, également ministre des Finances par intérim, met un bémol, promettant un versement des salaires, d’une manière ordinaire, pour les employés du public, et rassurant sur l’existence des ressources financières pour ce faire. 

Les difficultés des finances publiques, le gap grandissant entre ressources et dépenses, et la faille qui en résulte au niveau des grands équilibres budgétaires, sont provoqués, en grande partie, par la masse salariale, qui n’a cessé de gonfler après la révolution pour représenter plus de 14 % du PIB, voire plus de 15 % pour les experts. 
 
Des recrutements à tour de bras 
Les recrutements à tour de bras  effectués dans la fonction publique et les entreprises publiques sont à l’origine de l’explosion des rémunérations, ayant lourdement éreinté les caisses de l’Etat. Tout au long des années post-révolution, les salaires ont été payés par l’argent de la dette, intérieure et extérieure ; c’était un procédé routinier suivi par les différents gouvernements qui se sont succédé. Chefs de gouvernement et ministres des Finances ne l’ont pas caché, et l’ont souvent fait savoir, en des termes édulcorés. 

Abdelkefi a préféré lui, être direct, en avouant que les salaires d’août et de septembre restent tributaires de la conclusion d’une convention de crédit, devant être votée rapidement par l’Assemblée. Sa franchise n’a pas eu l’heur de plaire dans les milieux officiels, et des voix se sont élevées au-delà pour mettre en garde contre les répercussions de ce type de déclarations sur l’image du pays, déjà vulnérable. 

Il est vrai que la préservation de l’image de la Tunisie, comme un pays qui parvient à gérer ses difficultés économiques et financières, à prévenir les dérapages, à réformer ses finances publiques, et à sauvegarder sa solvabilité, est extrêmement importante pour sa renommée auprès des bailleurs de fonds, et particulièrement des agences de notation qui sont à l’affût du moindre faux pas pour justifier une dégradation, d’autant que leur verdict reste déterminant pour les institutions internationales, les investisseurs et autres partenaires. 

Le diktat de l’image requiert une amélioration de la réalité, en agissant sur deux leviers : la maîtrise de la masse salariale ; le gouvernement s’y attèle dans l’objectif de la ramener à 12 % du PIB, à l’horizon de 2019, et ce à travers la baisse du nombre des fonctionnaires par le recours à la retraite anticipée, la suspension des recrutements dans la fonction publique en 2017 et 2018 et le non-remplacement des départs à la retraite. 

Le deuxième levier est la compression de la dette qui dépasse, selon les derniers chiffres, les 70 % du PIB ; un taux jamais atteint qui requiert un développement des ressources propres, laquelle ne peut intervenir que par la relance des investissements et la promotion des projets créateurs d’emplois et de richesses, et générateurs de croissance.  

Il est question aussi de  privilégier l’endettement intérieur, pour se passer, autant que faire se peut de la dette extérieure et de ses taux d’intérêt éreintants.

L’adoption hier en Conseil des ministres du projet de loi portant approbation de la convention de prêt conclue le 06 juillet 2017 entre le ministère des Finances, et un groupe de banques locales pour financer le budget de l’Etat s’inscrit dans ce cadre. 
 
Gnet