Tunisie/ Législatives : Un scrutin crucial, gare au fourvoiement !

Publié le Lundi 06 Octobre 2014 à 17:34
Plus qu’une vingtaine de jours nous séparent du jour J où les Tunisiens seront appelés aux urnes.Le compte à rebours à commencé pour les législatives du dimanche 26 octobre. Plus qu’une vingtaine de jours nous séparent du jour J où les Tunisiens seront appelés aux urnes pour choisir leur futur parlement. Entretemps, ils auront à découvrir les programmes des partis, et à voir défiler les chefs de file de plus de 1300 listes candidates pour les circonscriptions locales et étrangères, soit par médias interposés, soit en assistant aux meetings électoraux, ou encore en étant en contact direct avec les candidats en campagne.

La campagne électorale a démarré lentement, pour avoir coïncidé, hasard du calendrier, avec l'Aïd al-Idha. Au troisième jour, on en est encore aux questions périphériques, s’agissant des dépassements enregistrés ça et là : listes déchirées, arrachées ou mal accrochées. Des actes qui ne devraient pas avoir lieu d’être dans une compétition que l’on veut démocratique et transparente, et qui prouvent que le projet démocratique tunisien n’est pas encore arrivé à maturité. Et c’est là où le bât blesse, l’atmosphère qui marque ces premiers jours de campagne, selon qu’elle soit saine ou délétère, sera sous-jacente au jour du scrutin, à la proclamation des résultats et à la manière dont ils seront accueillis par les uns et les autres et à l’action du futur parlement.

Ce qui inquiète le plus dans ces législatives, les premières qui sont censées être démocratiques, libres et intègres, dans l’histoire contemporaine de la Tunisie, est la profusion des listes candidates, chose qui rend l’effritement des voix difficilement évitable. Ce risque est d’autant plus important que les partis promettent de s’attaquer aux mêmes problèmes, et font quasiment les mêmes propositions, à quelques exceptions près, difficiles à cerner par le citoyen lambda. Que l’on choisisse X ou Y, ce sera bonnet blanc, blanc bonnet, diraient le commun des Tunisiens.

Tous les partis affirment leur engagement en faveur du combat contre le terrorisme, du renforcement de l’appareil sécuritaire, et militaire, du redressement économique, du développement régional et de la lutte contre les disparités régionales, de l’éradication de la pauvreté et de la précarité, de la lutte contre le chômage, de la consolidation de la souveraineté et de l’indépendance de la Tunisie etc.

Les partis, les coalitions, tout autant que les listes indépendantes, tentent ainsi de se défaire de toute idéologie et d’enfiler l’habit du pragmatisme et de l’action, générateurs de réformes et de changement, que les Tunisiens appellent de leurs vœux.

Même si d’aucuns essayent de placer le débat sur le registre idéologique en essayant d’opposer deux projets de société : le moderniste, progressiste d’un côté, et le rétrograde, de l’autre, cette tendance reste à ce stade marginale, a fortiori que les Tunisiens sont las de cette polarisation qui a beaucoup nui au pays et a failli le plonger dans une guerre civile. A moins qu’elle soit mise en avant au fur et à mesure que la campagne électorale avance.  

Pour revenir à la similarité des programmes, elle s’est imposée par les exigences de la conjoncture qui dégagent une certaine unanimité quant aux urgences nationales qui sont notamment d’ordre sécuritaire et économique. Les mêmes maux appellent les mêmes remèdes, et il n’existe pas un parti, qui a une marge de manœuvre plus grande que l’autre. D’où les appels qui fusent de partout pour un gouvernement de consensus, et d’unité nationale qui sera amené à travailler sur un programme commun pour sortir le pays de l’ornière et le redresser. La crainte est qu’avec un parlement morcelé, sans une ou des majorité (s) nette (s), on aura du mal à désigner le futur locataire de la Kasbah, et à former cet espéré gouvernement de coalition.

Les législatives du 26 octobre sont cruciales, étant donné que le parlement constitue, au regard du régime politique inscrit dans la nouvelle constitution, l’épicentre du pouvoir. De la stabilité, de la force et de l’engagement du parlement seront tributaires ceux du gouvernement, et vice versa.

Tâchons donc de faire un choix responsable et raisonnable,que l’on ne regrettera pas après, en étant attentifs aux critères qui font la différence, ceux de la compétence, de l’intégrité et de la loyauté, et en donnant notre confiance à de vrais démocrates, ceux qui seront les mieux à même de ne pas la trahir. 
H.J.