Tunisie/ Législatives : Les mêmes causes produisent les mêmes effets !

Publié le Mercredi 27 Août 2014 à 14:00
Les Tunisiens ne savent plus à quel saint se vouer, face à la profusion des candidats. Le dépôt des listes candidates aux prochaines législatives suit une courbe ascendante, au fur et à mesure que le deadline, fixé par l’ISIE, approche soit le vendredi 29 août. Manifestement bousculés par le temps, et s’efforçant à éteindre le feu interne prêt à éclater à tout instant, pendant l’élaboration des listes électorales et particulièrement, lors de la désignation des très convoitées têtes de liste, les formations politiques essaient d’afficher tant bien que mal une sérénité apparente pour dire, que tout va bien au sein de leurs instances dirigeantes centrales et régionales, que celles-ci sont en parfaite symbiose avec leurs bases, et que la composition des listes s’est déroulée comme sur des roulettes.

Indéniablement, personne n’est dupe de l’atmosphère réelle qui règne au sein des quartiers généraux des partis politiques durant la dernière période. Les déclarations médiatiques des représentants des partis, toutes appartenances politiques et idéologiques confondues, même si elles sont policées au maximum, illustrent la tension ayant présidé à cette laborieuse opération. La guerre des égos a bien eu lieu au sein de ces entités partisanes, et rarissimes sont les personnalités qui ont fait profil bas et ont daigné céder leur place, preuve que la politique est encore perçue trois ans après la révolution, comme une opportunité d’ascension personnelle et sociale.

Plus que deux jours pour que cesse ce carnaval, en attendant le 24 septembre, date officielle fixée par l’ISIE, pour l’annonce des listes définitives, habilitées à solliciter les suffrages des Tunisiens aux législatives de dimanche 26 octobre.

D’emblée, des observations sont à formuler autour de cette étape électorale préliminaire, certes classique, mais qui revêt certaines particularités propres au contexte tunisien.

La première est la profusion des partis politiques, des coalitions et des indépendants qui ont l’intention d’entrer dans la course aux législatives. Les annonces se suivent et ne se ressemblent pas, et les Tunisiens, hormis l’électorat conquis et acquis d’avance, ne savent plus à quel saint se vouer.

Sur ce point, on n’a pas l’impression que les leçons du 23 octobre ont été tirées. Etant donné que les mêmes causes produisent les mêmes effets, le risque qu’il y ait effritement des voix est palpable, d’où la menace sur le prochain parlement, dont personne n’est en mesure de prédire, à ce jour, la physionomie, tellement le paysage politique s’est profondément métamorphosé au cours de ces trois dernières années. La Tunisie qui a opté pour un régime mixte, en vertu de la nouvelle constitution, ne connaîtra de stabilité politique, avec un parlement morcelé, et c’est là où réside le risque.

Le deuxième constat a trait à la stratégie adoptée par certains partis politiques dans le but d’accroître leurs chances dans les urnes le 26 octobre prochain.  Il s’agit de proposer des listes éclectiques où les apparatchiks côtoient les indépendants parmi les hommes d’affaires, les universitaires, les chercheurs et autres (même si le fait d’accepter de figurer sur une liste partisane, est une manière de dire adieu à son indépendance), mais passons.

Cette tactique a été  celle du mouvement islamiste qui vient de lever le voile, lundi 25 août, sur ses listes, dans une ambiance quelque peu tapageuse, histoire d’affirmer sa proximité du pouvoir. Son rival présumé, Nida Tounes, a tout aussi essayé de varier les profils au sein de ses listes. Ces partis, pour ne citer qu’eux, ont cherché à concevoir des listes qui ressemblent au peuple tunisien dans sa diversité et sa pluralité, avec un penchant dit conservateur pour les uns, et un penchant dit progressiste pour les autres ; sauront-ils convaincre les à peu près cinq millions deux cents mille Tunisiens déjà inscrits sur le fichier électoral ? Commençons par espérer que tout le monde entrera dans l’isoloir, et choisira en tout âme et conscience le jour J.  
H.J.