Tunisie/ Le repentir de Slim Chiboub : Une page qui se tourne ?

Publié le Jeudi 05 Mai 2016 à 17:37
Slim Chiboub veut en finir avec ses déboires judiciaires. Avec le repentir de Slim Chiboub, la Tunisie est-elle en train de tourner la page ? La convention signée ce jeudi 05/05/2016 entre le gendre du président déchu, et le chargé du contentieux de l’Etat, première du genre en termes d’arbitrage et de réconciliation, marque le début de concrétisation d’un processus, celui de la justice transitionnelle, à l’heure où des voix fusent de toutes parts, pour réclamer l’accélération de la réconciliation. Des appels qui s’apparenteraient à une tentative de court-circuiter l’instance de Sihem Bensédrine.

Chiboub est l’un des symboles de l’ancien régime, et fait partie du système oligarchique contre lequel les Tunisiens se sont soulevés du 17 décembre au 14 janvier. Objet de poursuites judiciaires, et condamné par contumace dans les premières années postrévolutionnaires, l’ex-homme fort de l’Espérance sportive de Tunis, était forcé de s’établir momentanément aux Emirats dans la foulée du 14 janvier. Jusqu’à ce qu’il décide de rentrer au bercail à l’automne 2014, où il est arrêté à l’aéroport et incarcéré. Il passe plus d’une année derrière les barreaux, et est libéré le 12 janvier 2016 sans qu’il ne soit totalement innocenté. Le mois de sa libération, cette figure influente de l’ex-régime se rend de son propre chef au siège de l’IVD et demande à se soumettre à l’instance Arbitrage et Réconciliation, en vue de se réconcilier avec l’Etat,  victime de ses violations. 

Slim Chiboub ouvre ainsi le bal des repentis. Il reconnait -à travers son initiative de se présenter à l’IVD- les forfaits qu’il aurait commis et se montre prêt à rendre des comptes, à payer ce que l’Etat lui doit dans le cadre de la loi, celle de la justice transitionnelle. Que veut le peuple ? Rien d’autre, si ce n’est que justice soit rendue dans la clarté et la transparence, loin des arrangements politiciens et autres compromissions.

Le président de l’Instance Arbitrage et Réconciliation, Khaled Krichi, a déclaré ce jeudi sur Shems qu’après la convention signée ce jeudi, des séances bipartites d’arbitrage sont prévues pour parvenir à un accord définitif.

Dans le cas où un tel accord est conclu, et une fois l’ensemble des conditions auront été remplies, les procédures judiciaires contre Chiboub seront a priori suspendues. Cela veut dire que si la personne concernée est en prison, elle sera libérée, si elle est interdite de voyage, l’interdiction sera levée, et si elle a des avoirs gelés, elle recouvra son droit de les réutiliser, a-t-il expliqué en substance.

Peu importe les mobiles, personnels ou autres, ayant incité Chiboub à recourir à l’IVD, peut-être pour en finir avec les déboires judiciaires et tourner la page, mais cela gagnerait à inciter d’autres personnes à lui emboiter le pas, de manière à donner une substance à la justice transitionnelle.

Les auteurs de violations, quels qu’ils soient, doivent avoir le courage de reconnaitre leurs actes, de s’en excuser, de restituer les sommes qui leur sont dues soit envers l’Etat ou les personnes morales ou physiques, et seront, a posteriori, en mesure de mener une vie normale en tant que citoyens à part entière. Parallèlement, les victimes, quelles qu’elles soient auront restitué leurs droits moraux, psychiques et financiers. C’est ainsi qu’on parviendra à cicatriser les blessures du passé, à rendre justice, à réconcilier les Tunisiens sur des bases saines et légales, et à instaurer de nouveaux réflexes et de nouvelles traditions pour que les transgressions du passé ne se reproduisent plus.

Tout ce processus est à conduire dans le cadre de la justice transitionnelle, et de l’instance Vérité et Dignité qui doit être dotée de tous les moyens humains et matériels, pour qu’elle puisse s’acquitter pleinement de sa mission et permettre à la Tunisie de ne plus avoir à rougir en regardant son passé. Hélas, cela ressemble plus, à l’heure qu’il est, à une utopie, qu’à la réalité tunisienne, otage des influences lobbyistes et des considérations politiciennes, et qui, plus est, minée par la corruption, dans des proportions effrayantes.

Faire un pas positif dans la direction de solder les erreurs et dérapages du passé, revient à un cautère sur une jambe de bois, si le présent est malsain et est plongé dans la malversation jusqu’au cou. 
H.J.  
 

Commentaires 

 
+1 #2 justice a 2 vitesses?
Ecrit par Royaliste     05-05-2016 18:53
un Chiboub détourne des millards, fraude, touche des commissions faramineuses, corromp... fait 1 an de prison et on efface l'ardoise

un islamiste, ordonne de bruler des citoyens, mettre des bombes dans des hotels... 23 ans d'exil doré a Londres et 1 700 milliards a se partager et on efface l'ardoise

un etudiant qui a fumé de l'herbe... il reste en prison, partage une cellule avec 140 individus (cellule prévue pour 40 personnes), ni convertion de peine ni rien:
si Chiboub paye et est libre, pourquoi un fumeur de cannabis ne peut pas payer et sortir de prison?

elle est belle la justice transactionnelle
 
 
+3 #1 RE: Tunisie/ Le repentir de Slim Chiboub : Une page qui se tourne ?
Ecrit par Montygolikely     05-05-2016 18:01
Quand on connait le niveau qu'à atteint la corruption et tant qu'à faire, il vaut mieux laisser les anciens voleurs revenir et se bouffer entre eux...
 
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