Tunisie/ Ladhari à el-Fouledh : il n’y a pas de quoi faire un psychodrame !

Publié le Jeudi 04 Mai 2017 à 17:19
Les Tunisiens ont entamé une nouvelle ère il y a six ans de cela, en se réappropriant leur liberté de penser et d’être eux-mêmes, et en quittant le moule dans lequel on les a confinés à leur corps défendant. Dès lors, un processus transitoire a été engagé au cours duquel les milieux politique, civil, public, et populaire se sont emparés du concept démocratique, à travers un effort de compréhension, d’assimilation et d’incorporation dans les traditions et mœurs des différentes sphères de la société, chose qui semble se faire au forceps, moyennant de successifs soubresauts et frictions.

La démocratie à la tunisienne fait encore ses premiers pas, et n’a pas encore atteint l’âge de maturité. Elle se traduit par différentes manifestations politiques, sociales et sociétales, peu familières à la société, qui a du mal à se défaire de sa longue histoire avec la pensée unique, le monolithisme et l’ordre artificiellement maintenu.

La démocratie induit égalité, liberté, justice sociale mais aussi responsabilité. Sa pérennité n’est possible qu’avec des citoyens bénéficiant de leurs droits et accomplissant leurs devoirs, dans un contexte pacifique, où tout un chacun œuvre à la consécration du vivre-ensemble et à la défense de l’intérêt commun.

Elle suppose, et c’est fondamental, que la souveraineté appartient au peuple, qui l’exerce en choisissant ses représentants pendant des élections libres et transparentes (démocratie représentative) et leur confie les rênes du pays de manière à ce qu’ils veillent à gérer ses affaires, à accéder à ses demandes et à répondre à ses attentes et aspirations. C’est une espèce de contrat que le citoyen conclut avec les hommes et femmes politiques, en se rendant aux urnes et en choisissant de voter en tout âme et conscience pour les uns ou les autres. Si les clauses du contrat ne sont pas respectées, la confiance est rompue, et le peuple peut dans ce cas-là se rebiffer, se rebeller et se soulever. Cet état de fait s’applique en quelque sorte à notre réalité où la désillusion et la déception populaire face à la classe politique sont diversement exprimées. 

C’est dans ce contexte qu’il faut placer les tensions ayant marqué, hier, la visite du ministre du Commerce et de l’Industrie, Zied Ladhari,  à el-Fouledh à Bizerte, où des travailleurs en colère l’ont empêché d’accéder à l’usine, l’accueillant par le slogan dégages, expression d’un ras-le-bol  profond de ceux qui craignent de perdre leur emploi au sein de cette entreprise très ancienne, qui se débat dans des difficultés immenses. Une inhospitalité qui a fait sortir le ministre de ses gonds, ayant perçu dans ce type de comportement une atteinte à l’Etat tunisien et à ses symboles, exigeant des excuses que les protestataires ont refusé de lui présenter.

Une seine pareille est coutumière même dans les anciennes démocraties où les hommes et femmes politiques se font entarter, enfariner, et agresser par des citoyens dépités, en désaccord avec leurs choix et résultats politiques, et mécontents de leur prestation. C’est la rançon à payer lorsqu’on a choisi de faire la politique, il n’y a pas de quoi faire un psychodrame.

D’ailleurs la Tunisie a connu plusieurs précédents de ce type ces dernières années, et en connaitra encore davantage aussi longtemps que perdurera l’effervescence démocratique.

Ce n’est pas tant ce genre de comportement, même s’il n'est pas dénué d’instrumentalisation syndicale, qui fait peur, mais c'est la confusion ambiante qui règne dans le pays provoquant résignation et démotivation chez de larges strates de la société, indignation et consternation chez d’autres, notamment auprès de nos compatriotes de l’intérieur, dont les régions sont le théâtre en ce printemps 2017 de mouvements contestataires.

Le climat politique délétère sur lequel pèsent des soupçons de corruption, de népotisme, et de règne des lobbies, le délitement de la coalition au pouvoir, faute d’un soutien fort apporté au gouvernement, et la montée des querelles au sein de la classe politique sont autant de signes inquiétants pour l’avenir.

Encore une fois, l’élite politique semble faillir au devoir d’exemplarité, et au sens d’engagement au service de l’intérêt général. Les Tunisiens n’ont pas l’impression que leurs problèmes sont pris à bras le corps, c’est ce qui les fait désespérer et rouspéter. Si l’on y ajoute des accusations d’incompétence proférées par un ministre limogé à l’encontre de ses anciens collègues, on ne contribue aucunement à rasséréner la société, mais à l’inverse à l'énerver et à la contrarier encore plus. 

H.J.

 

Commentaires 

 
+1 #2 Réviser le système.
Ecrit par Tunisien     07-05-2017 18:01
Clair et net le système ne fonctionne pas!
Le système demande une révision.
Le grand support pour que le système marche bien:
- Le travail et le travail.
- La discipline.
- Défendre et faire avec la réalité.
- Exercer bien la part de responsabilité.
- La commande chez une personne unique qui aime bien LA TUNISIE.
 
 
+2 #1 Solution
Ecrit par hb     05-05-2017 09:18
La Tunisie vie une crise jamais vue depuis plusieurs dizaines d'années. Les solutions proposées ne peuvent pas s'appliquer à cause des syndicats et de l'opposition. D'un autre côté, il y a un surplus de salariés de l'état. Donc la solution est facile: il faut transformer ce surplus y compris les 11000 des sociétés environnementales en policiers, militaires et agents d'inspection (dont les inspecteurs d'impôt): leurs mission est de renforcer l'état, Si un secteur fait grève, on traduit les grévistes aux conseils de discipline, on coupe les salaires, on fait du nettoyage jusqu'à ce que la situation se calme
 
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