Tunisie/ Kasserine : Après l’émotion, le gouvernement est attendu sur des actions

Publié le Jeudi 01 Septembre 2016 à 16:35
Kasserine face au drame. Le gouvernement Chahed a pris ses fonctions dans un moment mouvementé et grave où le terrorisme s’est mêlé à une tragédie routière meurtrière, montrant encore une fois l’ampleur des défis que vivent nos compatriotes à Kasserine. Les événements se sont enchaînés depuis lundi, 29 août 2016, jour de l’investiture du gouvernement d’union nationale.

Après l’attaque terroriste du Mont Semmama, ayant fait trois martyrs parmi nos vaillants soldats, intervenait l’opération sécuritaire de la cité al-Karma, que nos forces sécuritaires ont victorieusement menée, en éliminant deux terroristes, avec le soutien et les encouragements de la population de Kasserine. A peine cette opération achevée, que l’effroi a frappé encore une fois à Kasserine, plus précisément à Khamouda, de la délégation de Foussana. La localité a été le théâtre d’un drame de la route meurtrier ayant fait, selon un dernier bilan, 16 décès et des dizaines de blessés. L’émoi était général, face à l’horreur de cet accident doublé d’un incendie. 

Le drame a  montré les limites des moyens de la région à faire face à l’urgence, et  l’incapacité de son dispositif de santé à secourir et à prendre en charge tous les blessés. Déjà en temps normal, la région a des difficultés à gérer le quotidien et à subvenir aux besoins de la population ; que dire dans un contexte de pareil sinistre.

Le nouveau gouvernement qui vient tout juste de prendre ses responsabilités a eu une réaction classique et conforme aux usages, avec l’envoi d’une délégation ministérielle sur les lieux, la décision d’ouvrir une enquête pour élucider les dessous du drame, et le déplacement du chef du gouvernement dans ce gouvernorat du centre-ouest pour s’enquérir d’une part, des dispositions des forces sécuritaires et militaires à faire face au terrorisme, et d’autre part du fonctionnement de l’hôpital régional à Kasserine, et du niveau des équipements dont il est doté.

En termes de réponse immédiate, on ne pouvait pas attendre plus d’un gouvernement qui vient tout juste de prendre ses fonctions.  Reste, ce qui va suivre. Après l’émotion, la compassion et la gestion dans l’urgence, comment le gouvernement compte-t-il agir, pour amorcer un règlement des problèmes structurels de la région, et mettre un terme, progressivement, à la marginalisation et au dénuement dont souffre sa population.

Situation intenable

Kasserine résume à elle seule les problèmes épineux que vit le pays. La région était au ban de la locomotive du développement pendant des décennies, les inégalités, les injustices et la misère y trouvent leur illustration la plus flagrante. Après la révolution à laquelle Kasserine a grandement contribué en caressant l’espoir d’un lendemain meilleur, la région s’est empêtrée dans une crise encore plus profonde, avec le fléau terroriste ayant pris ses hauteurs pour repaires, en y multipliant les attaques, sur fond d’une dégradation économique et sociale incessante.

En six ans, Kasserine n’a pas réussi à sortir de l’ornière mais a vu, a contrario, ses difficultés s'aggraver et s'accumuler, à l’image d’ailleurs d’autres régions défavorisées et du pays tout entier. Les gouvernements qui se sont succédé au lendemain de la révolution n’ont pas su donner les réponses qu’il fallait à des problèmes profonds et se sont limités à gérer le provisoire pour préserver un semblant d’apaisement et une paix civile précaire.

La situation devient intenable, et nécessite un changement de méthode et une politique plus offensive face aux problèmes. Kasserine, comme d’autres régions de l’arrière pays, ne peut connaitre la voie de salut, alors que sa jeunesse souffre du chômage et d’exclusion, que le secteur privé y est totalement absent, que l’Etat ne joue pas comme il se doit son rôle en matière de projets d’infrastructure et que ses services publics sont mal gérés, et en dessous de leur capacité optimale. 

Parallèlement à une intervention impérieuse de l’Etat, Kasserine -avec ses localités et patelins- doit être redynamisé à travers la promotion de l’initiative privée et de microprojets impliquant ce vivier que constitue sa jeunesse, mais aussi via une politique de déconcentration et de décentralisation.

Avant ce tragique accident, peu de Tunisiens connaissaient Khamouda. Elle est sortie de l’anonymat dans l’horreur. L’espoir est qu’il en sera autrement dans l’avenir, et que cette localité ainsi que les centaines d’autres à travers le territoire rompent leur isolement et deviennent connues par des aspects positifs d’un projet qui réussit et qui fait des émules, d’une dynamique de développement qui s' installe, et des chaînes de la misère qui se brisent. Cela requiert deux conditions essentielles : révolutionner les mentalités à tous les niveaux, et privilégier l’action au discours.

H.J.

 

Commentaires 

 
#2 La formation
Ecrit par Tunisien     02-09-2016 14:25
La formation est très importante pour le savoir faire.
Former les gents / réel dans des centres de formation a durée courte sur tous les domaines; et surtout ceux qui touche la sécurité.
Ça nous manque pas les gents qui ont l’expérience, ça nous manque pas les centre de formation, il suffit d'organiser et de donner l'essentiel qui étouffe toute catastrophe avant quelle prend naissance.

(Sur un camion normalement la sécurité frein est positive CAD par manque d'air le frein doit tenir!et non pas le contraire comme ça était interprété.)
 
 
-1 #1 Journalistes, faites votre part
Ecrit par Royaliste     01-09-2016 19:30
et comme je vous le demande depuis 2008, pouvez vous faire une enquéte auprés des compagnies qui travaillent dans ces régions et leur demander quels genre de problémes ils rencontrent, parlez aux HR et demandez leur si c'est facile d'avoir des travailleurs qualifiés.....
 
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