Tunisie/ Jeunes et politique : Plus révoltés qu'engagés |
Publié le Mardi 19 Août 2014 à 13:16 |
Selon un sondage effectué au mois de juin 2014, par l’association I Watch, sur l’opinion des jeunes à propos de la démocratie participative, il ressort que les jeunes préfèrent rester éloignés de la vie politique. « Il existe une sorte d’aversion à la manière avec laquelle est pratiquée la politique. Une sorte de désintérêt et de désengagement par rapport aux partis politiques », a déclaré ce matin, lors d’une conférence de presse, l’instigateur du sondage, Dhia Al Hak Ammar. Les jeunes interrogés sont au nombre de 600 et sont âgés entre 18 et 35 ans. Ils résident dans les gouvernorats de Gafsa, Sfax, Sousse, Le Kef et Médenine, aussi bien en milieu urbain que rural. Parmi les interrogés, 53% se disent intéressés par la politique en général, tandis que 47% ne sont plutôt pas intéressés. L’intérêt à la politique est plus marqué chez les hommes (59%) que chez les femmes (47%). Selon le rapport du sondage, la notion de démocratie participative reste inconnue ou obscure pour la majorité des jeunes tunisiens. Interrogés sur les décisions politiques qui concernent leur région, le plus souvent, les jeunes se disent ne rien en savoir. Le désintérêt est manifeste, quand 90% de l’échantillon répond ne pas connaitre le budget de la municipalité de sa ville, et que 66% ne savent rien sur la loi électorale, tandis que 40% n’ont aucune idée du contenu de la constitution tunisienne. Quand il s’agit de débats et réunions animés dans les régions, 79% des jeunes manifestent du désintérêt. Seuls 17% déclarent qu’ils sont attentifs à ce genre de réunions. Les jeunes de l’échantillon, ne sont pas assez intéressés par les concertations avec les députés et les autorités locales. Ils sont seulement 49 % à se dire prêt à y prendre part. Selon eux, une bonne décision prise par les élus est une décision qui a été prise après la consultation des experts (87%), ou suite à une concertation avec les citoyens concernés (85%). Pour 76% des répondants, une bonne décision est celle qui correspond à la volonté de la majorité. Ceux qui son favorables aux fondements de la démocratie participative sont 58% de l’échantillon, tandis que ceux qui pensent que c’est une bonne chose, mais pas une priorité immédiate, représentent 28% de l’échantillon. Seuls 2% des jeunes pensent que la démocratie participative et la concertation avec les citoyens est une "très mauvaise" ou "assez mauvaise chose", alors que 52% pensent que c’est une "très bonne chose". Près de la moitié, soit 48% des jeunes disent être sûrs que leur municipalité n’a pas organisé de démarches de démocratie participative, telles que des débats ou des réunions publiques. Seulement 5% des interviewés disent avoir participé au moins une fois, à une concertation organisée par leur municipalité. Les deux tiers estiment que leur participation n’a pas eu d’impact sur la décision finale. Mais le désengagement ne s’arrête pas à la vie politique. Seulement 14% de la population interrogée, déclare être membre d’une association ou d’un syndicat. Par conséquent, 85% des jeunes sondés ne sont actifs dans aucune organisation de la société civile. Concernant les partis politiques, 5% seulement déclarent être membre d’un parti politique, et 3% seulement sont des membres actifs. D’autre part, l’écrasante majorité des sondés (95%) ne sont actifs dans une aucune organisation politique. Pour ce qui est de l’intention de participer au scrutin, 39% des jeunes sondés se disent avoir l’intention d’aller voter aux prochaines élections municipales, tandis que 2% d’entre eux déclarent qu’ils vont voter blanc. En revanche, 29% des répondants n’ont pas encore décidé s’ils vont voter ou pas et 27% déclarent qu’ils bouderont les urnes. Par ailleurs, l’âge détermine l’intention de vote. Les plus âgés se sentent plus concernés par l’opération de vote. Le sondage a révélé que seulement 35% des jeunes âgés entre 18 et 24 ans, ont l’intention d’aller voter, 42% chez les 25-30 ans et 45% chez les 31-35 ans. Durant cette enquête, 31% des jeunes interrogés ont répondu avoir participé à un sit-in ou une grève durant la dernière année, et 13% ont participé à un meeting politique. Interrogés sur le degré de confiance accordé aux politiciens, 49% se disent croire en l’honnêteté du gouvernement actuel. Concernant les élus de l’Assemblée Nationale constituante, 33% des jeunes se disent faire confiance à leurs députés régionaux. Le président de la République suscite, quant à lui, la confiance de 41% des jeunes Tunisiens. Interrogés sur les sujets dont ils souhaitent discuter avec les responsables, 51% des jeunes sondés ont répondu « l’emploi et la lutte contre le chômage ». Le développement régional qui a été cité par 30% des sondés, arrive en deuxième position sur la liste des sujets. Les jeunes considèrent que la sécurité et la lutte anti-terroriste comme étant la troisième priorité (16%). La même proportion préfère aborder le sujet de la maitrise des prix et la lutte contre la pauvreté, tandis que 9% veulent aborder la question de la santé et l’accès aux soins. Ces résultats confirment, selon Dhia Al Hak Ammar, que les jeunes sont déçus par la manière dont la politique est pratiquée après la révolution. « Beaucoup veulent contribuer, mais ils sont las des promesses non tenues…Trois ans après la révolution, la jeunesse tunisienne ne fait pas confiance aux institutions politiques », indique le rapport du sondage. Il n’en demeure pas moins, que 67% des interrogés se disent prêts à s’engager dans la promotion de la démocratie participative. Une motivation, qui pourrait être exploitée par la société civile. Chiraz Kefi
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