Tunisie/ Islam politique : A qui BCE adresse-t-il son message ?

Publié le Vendredi 29 Janvier 2016 à 17:32
Entre Béji Caïd Essebsi, et Rached Ghannouchi, c'est une alliance de circonstance. Béji Caïd Essebsi a imputé, hier dans une déclaration médiatique à Manama, la détérioration de la situation sécuritaire et économique en Tunisie au passage des islamistes au pouvoir. Ce n’est pas la première fois, depuis son accession à la présidence, qu’il s’en prend à l’Islam politique, lorsqu’il est en déplacement à l’étranger. Il l’a fait en Mai 2015, alors en visite officielle aux Etats-Unis, quand il a dit de l’islamisme, qu’il utilisait la religion en politique, en recourant parfois à la violence.

A priori, les critiques de BCE envers Ennahdha, son ennemi d’hier, et son allié d’aujourd’hui, peuvent paraître incongrues, a fortiori que le mouvement islamiste voue un soutien absolu et sans conditions au président et à ses choix. Son chef de file, Rached Ghannouchi, ne tarit pas d’éloges sur le locataire de Carthage, et ne cesse d’appuyer ses positions et déclarations.

Béji Caïd Essebsi ne conçoit pas, lui, la politique de la sorte, et ne semble pas s’embarrasser à vilipender Ennahdha, quand bien même, ils gouvernent ensemble, et font partie de la même coalition. Il a l’air de vouloir garder ses distances avec le parti de Ghannouchi, en réitérant, d’une manière ou d’une autre,  que c’est l’intérêt du pays qui a imposé cette démarche consensuelle entre Nidaa et Ennahdha, dont l’alliance ne serait pas stratégique, mais juste conjoncturelle et de circonstance.

Ce message, Caïd Essebsi veut le transmettre en premier lieu aux frondeurs de son mouvement Nidaa Tounes, en pleine déconfiture, pour divergence profonde autour du projet qui est le sien, après qu’il ait remporté haut la main les élections. Il veut aussi en convaincre une large partie de son électorat, qui a voté pour lui pour la simple raison, qu’il constitue l’archétype de l’anti-Ennahdha. Il le livre de surcroît à cette région du monde, le Golfe, qui voit d’un mauvais œil la participation de l’Islam politique à la gestion des affaires, dans les pays dits du printemps arabe.

Caïd Essebsi tente de dire à ceux dont les choix politiques déplaisent, qu’il reste fidèle au projet progressiste, moderniste, un continuateur de Bourguiba, et un opposant à l’Islam politique dans son essence, dans l’espoir de parvenir à rassembler de nouveau son camp, et de sauver son mouvement qui a perdu sa majorité en un laps de temps court, à la faveur de l’allié-rival.

S’il tient ses propos à l’étranger, c’est aussi pour qu’ils aient plus de retentissement. Et peut-être qu’il se garderait de les prononcer en interne, pour ne pas mettre à mal la règle de consensus, pilier de ce corps fragile qu’est la Tunisie d’aujourd’hui.

Le mouvement Ennahdha, lui, reste placide. Le président a beau le critiquer, et lui rappeler ses "déboires", du temps où il dirigeait la troïka, il semble considérer cela comme des tirs amis, et lui renouvelle son soutien. "Ce qui nous unit est plus important de ce qui nous sépare", rétorquait Ajmi Lourimi à ce sujet, dans une déclaration à la TAP, invoquant une probable mauvaise interprétation de la parole présidentielle.

H.J.

 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie/ Islam politique : A qui BCE adresse-t-il son message ?
Ecrit par Royaliste     01-02-2016 16:54
Sauf les naifs refusent d admettre que nahdha a livree la Tunisie au terrorisme
 
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