Tunisie/ ISIE : Lorsque le parlement veut, il peut ! |
Publié le Mercredi 30 Janvier 2019 à 16:26 |
L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a enfin franchi un pas ce mercredi 30 janvier en renouvelant le 1/3 des membres de l’instance électorale. Elle devrait passer après 17 heures au vote du président de l’ISIE qui s’annonce tout aussi concluant, afin que la vacance au sein et à la tête de l’Instance supérieure indépendante pour les élections soit enfin pourvue, un préalable fondamental pour la préparation du lourd processus électoral, et la tenue des prochaines élections présidentielles et législatives dans les délais constitutionnels. Le résultat du scrutin qui a été annoncé au milieu de cet après-midi par le chef du perchoir, Mohamed Ennaceur, illustre, une fois n’est pas coutume, que la sacro-sainte règle du consensus a été respectée au sein de l’hémicycle. En témoigne l’issue du vote : Les trois heureux élus en l’occurrence Belgacem Ayachi, Sofien Laâbidi et Hasna Ben Slimane ont obtenu un nombre de votes quasi-similaire, 152 voix pour les deux premiers, et 155 pour la troisième, la seule candidate dans la catégorie de juge administratif. Lorsque le parlement veut, il peut, dirions-nous. Les blocs parlementaires et leurs partis politiques respectifs n’ont d’yeux que pour les scrutins de fin d’année, et trépignent à l’idée de pourvoir entrer dans le vif du sujet, haranguer la foule, et s’attaquer à l’adversaire pour pouvoir convaincre l’électorat du bien-fondé de leur vision, choix et programme. Encore faut-il qu’il y ait un vrai débat de fond sur les difficultés du pays, les innombrables préoccupations des Tunisiens et la manière d’y répondre. Reste la Cour constitutionnelle ? Les députés ont jugé le moment opportun de faire aboutir le vote, étant entendu que faire perdurer la crise de l’ISIE fait planer un risque sérieux sur les prochains scrutins. Une fois, ils auront choisi ce soir le patron de l’instance électorale, ils devraient montrer le même enthousiasme et le même esprit de consensus pour parachever l’installation des autres instances constitutionnelles, notamment la Cour constitutionnelle avec l’élection des trois membres restants, un vote qui était, à plusieurs reprises, infructueux, traduisant une propension des différents blocs parlementaires à chercher à avoir de l’influence sur cette juridiction suprême qui sera investie d’un rôle prépondérant au sommet du régime républicain. Ses décisions seront, en effet, incontestables et inattaquables, et ne pourront faire l’objet d’aucun recours. Les chefs des blocs parlementaires auront à se réunir la prochaine période en commission des compromis, pour tenter de parvenir à des arrangements autour des candidats les mieux habilités à siéger au sein de la Cour Constitutionnelle. Pourvu qu’ils tiennent parole, et qu’ils ne changent pas d’avis lorsqu’ils auront à glisser le bulletin dans l’urne, comme c’était le cas les fois précédentes. L’action des groupes parlementaires et leur détermination à faire débloquer les choses semblent tributaires de leurs intérêts partisans et électoralistes… ces moments de vote, et leur issue résument, à eux seuls, les rivalités et les enjeux au sein d’un parlement, qui, ne cesse-t-on de le rappeler, est la source originelle du pouvoir dans cette démocratie naissante et plutôt tâtonnante. Gnet
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