Tunisie/ Immunisation de la révolution : une guerre des clans s’annonce !

Publié le Jeudi 27 Juin 2013 à 17:19
L'ANC divisée sur la proposition de loi d'immunisation de la révolution. Ennahdha et ses alliés ont réaffirmé ce jeudi leur obstination d'aller jusqu’au bout en matière d’immunisation de la révolution contre "l’ancien régime corrompu". L’Opposition réitère son rejet de cette proposition de loi qui prône "exclusion et punition collective". Un dialogue de sourds qui envenime un climat déjà délétère, à l’heure où la Tunisie a urgemment besoin de sérénité et de cohésion.

La proposition de loi portant immunisation de la révolution est passée ce jeudi 27 juin en plénière à l’Assemblée nationale constituante. Ce texte qui fait l’objet d’une division profonde entre partisans et pourfendeurs, vise à empêcher les responsables du RCD dissous, les membres du gouvernement de l’ancien régime, et les mounachidines, ceux qui ont sollicité l’ancien président en vue de se porter candidat en 2014, de concourir aux prochaines élections. Les uns y voient une meilleure protection de la révolution à même d’empêcher la résurrection de l’ancien régime, les autres le considèrent comme étant une punition collective, visant à écarter des adversaires politiques de la course électorale. D’aucuns appellent à accorder la priorité à la loi organique sur la justice transitionnelle, à même de rendre justice aux victimes et aux opprimés de l’ancien régime à travers le questionnement, le jugement...devant déboucher sur la réforme des institutions et la réconciliation.

Les avis qui se sont exprimés ce jeudi et bien avant -depuis que cette proposition de loi fait parler d’elle- sont tellement divergents et inconciliables, qu’on est en présence d’un dialogue de sourds. Les adeptes du projet de loi jurent qu’il sera voté et mené à son terme pour couper l’herbe sous les pieds des résidus de l’appareil despotique. Ses détracteurs fulminent qu’ils vont intenter toutes sortes de recours contre ce projet de loi, étant anticonstitutionnel, prônant l’exclusion et les règlements de comptes politiques, et risque de semer la zizanie dans le pays. Chaque camp campe sur sa position et les passes d’armes entre les pour et contre exacerbent les tensions, n’augurent rien de bon pour la stabilité du pays, déjà mise à rude épreuve, et risquent de virer à la guerre des clans.

"Prolongement de l’article 15"

L’Union pour la Tunisie a réitéré  hier son rejet catégorique de ce projet de loi dont le vote constituera "un point noir dans l’histoire de la Tunisie", met en garde  Béji Caïd Essebsi lors d’un point de presse. Le président de Nida Tounes qui ne rate pas une occasion sans fustiger ce projet de loi, estime qu'il est de nature à "exclure 60 mille Tunisiens et Tunisiennes, en les privant de leur droit à l’action politique, ce qui constitue une confiscation de la citoyenneté et de la nationalité tunisienne".

Ennahdha qui fait de ce projet de loi un point d’honneur se défend de toute propension vindicative. Le mouvement islamiste au pouvoir a déclaré mercredi par la voix de son président Rached Ghannouchi que "ce projet de loi s’inscrit en continuité avec l’ancien décret-loi, ayant interdit nombre de responsables du RCD dissous de participer aux élections de l’ANC".

"C’est un prolongement de l’article 15 du décret-loi organisant les élections", a souligné ce jeudi Amer Laâridh. "Cette loi est  une demande des jeunes de la révolution, des familles des martyrs et des victimes du despotisme et de la répression de l‘ancien régime", a-t-il dit, ajoutant que "ceux qui sont concernés par la loi d’immunisation de la révolution sont moins nombreux que leurs victimes". "Nous sommes obstinés à protéger notre révolution de l’ancien régime corrompu", a affirmé le député Ennahdha, précisant que "ce projet de loi est dirigé contre les plus corrompus et les plus impliqués avec l’ancien régime dans la falsification de la volonté du peuple, le pillage de la richesse nationale, le recours à la violence et la torture." "Nous ne sommes pas avec les punitions collectifs, c’est pourquoi, cette loi ne concerne pas tous les rcédeistes", selon ses dires.   

Les opinions autour de ce projet de loi s’expriment-elles aussi à l’envi en dehors de l’hémicycle. Slim Riahi pointe ce jeudi dans un communiqué "des calculs politiques qui ne sont pas innocents" comme étant derrière les positions envers ce projet loi.

"La reddition des comptes et l’évaluation d’une expérience de longues années de despotisme, doivent incomber uniquement à la justice et aux institutions spécialisées. Confier cette affaire aux partis ne sera jamais objectif, mais sera un simple règlement de comptes politiques, qui ne fera qu’exacerber la tension à son extrême", prévient-il. Pour le président de l’Union patriotique libre (UPL), "les positions de ceux qui sont enthousiastes à ce projet de loi, et ceux qui le refusent sont dénuées de principes. Hier, le gouvernement de Béji Caïd Essebsi était celui qui a opté pour la loi d’exclusion lors des précédentes élections à travers l’article 15 car le climat était propice, aujourd’hui certaines parties de la troïka, notamment celles qui ont été affaiblies et dont les partis se sont effrités, sont en train de surenchérir sur la loi d’immunisation de la révolution, dans une tentative de remplacer leur déficit politique".

Riahi appelle "à cesser de détourner l’attention du peuple tunisien par des affaires marginales, qui ne sont au fond que des calculs électoralistes étriqués, pour nous orienter tous vers les sujets substantiels, en émettant des lois, en traçant des politiques et en prenant des mesures réelles à même de servir l’intérêt direct du citoyen tunisien en matière d’amélioration de ses conditions de vie".

Gnet

 

Commentaires 

 
+3 #2 Assez
Ecrit par Tounsi     27-06-2013 23:44
Assez si Ghannouchi avec tes conneries.
Tu as déjà devise le peuple Tunisiens avec les Salafistes et le non salafistes. T u as déjà devise le peuple avec le Nikab et tu cherches encore à deviser avec d’autres formules !!
Vraiment, c’est fort de ta part, comment tu as appris à deviser .On veut bien savoir de quelle école tu es sortis pour avoir toutes ces formules de devisions.
Tu n’as pas honte !! Et tu n’as pas compris que le peuple Tunisien veut sortir de la crise économique, du chômage et de la misère.
A chaque fois tu fais sortir une formule qui cache la vérité et les devoirs. De toute manière on sait que tous ca reflètent la faiblesse d’Ennahdha !! Le peuple tunisien n’est pas con et il s’est rendu compte aujourd’hui qu’il a fait une erreur avec son choix qui n’est pas admis et tu peux demander l’avis de plusieurs Tunisiens.
Pour confirmer et pour être juste faire accorder les élections le plus vite possible c’est mieux. Au moins tu sauves la situation.
Bref on veut quelqu’un qui est capable et qui cherche l’intérêt tunisien BASTA.
 
 
#1 et les poseurs de bombes?
Ecrit par Royaliste     27-06-2013 19:34
quand vont-ils demander des comptes a ceux qui ont brulé des citoyens tunisiens a Babsouika?
 
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