Tunisie/ Grogne des enseignants du supérieur : L’université publique en crise !

Publié le Mardi 20 Février 2018 à 17:15
Le système scolaire et universitaire traverse l’une de ses plus graves crises, sur fond de revendications matérielles non satisfaites. Après les enseignants des collèges et des lycées, c’est au tour des universitaires d’observer une grève de deux  jours, aujourd’hui et demain, en signe de protestation contre la non application des conventions signées. La contestation des enseignants du supérieur dure depuis longtemps, chose qui a chamboulé le calendrier des examens qui n’ont pu avoir lieu, à la date prévue dans plusieurs établissements, du fait d’une grève administrative observée par les enseignants. 

Les revendications des maîtres des amphis sont purement matérielles, et portent sur une revalorisation salariale. Le ministère de l’enseignement supérieur semble ne pas être en mesure d’y accéder, vu la disette financière.

A l’appel de la Fédération générale de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique (Fgesrs) relevant de l'UGTT, les enseignants universitaires observent mardi et mercredi, 20 et 21 février, une grève générale, dont le point d’orgue est un sit-in demain, à partir de 11 heures, devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), pour faire entendre leur voix.

A travers ce mouvement contestataire, les grévistes réclament l’activation des indemnités spécifiques, à l’instar de la prime de la rentrée universitaire et des outils pédagogiques.

Ils exigent également l’institution d’une prime au nom du principe de la discrimination positive pour les enseignants affectés dans des établissements des régions intérieures, histoire de les aider à faire face aux frais d’inscription au diplôme d’habilitation nationale. Comme ils réclament une majoration salariale, en respect de la grille de salaires.

Le ministère de l’Enseignement supérieur dit comprendre les revendications des enseignants, et tendre à les satisfaire, reconnaissant son incapacité, dans les circonstances actuelles, à en assumer les incidences financières.

Dans une déclaration au Journal de 13 heures de Nesma, le Directeur Général de l’Enseignement supérieur, Maher Kassab, a dit que son département comprenait les revendications de la fédération générale de l’enseignement supérieur, et était attaché à la mise en application des anciennes conventions. Ces conventions ont néanmoins un impact financier qui ne peut-être assuré en cette conjoncture précise, a-t-il ajouté en substance. 

Dans le milieu estudiantin, l’UGET se rallie à la cause de la Fgesrs. L’union générale des étudiants de Tunisie exprime dans un communiqué son total soutien à la grève des enseignants universitaires et fait assumer au ministère "la totale responsabilité" de la détérioration de la situation à l’université.

L’organisation estudiantine prône un règlement rapide de la crise, en réagissant positivement aux revendications des professeurs.

De son côté, le Secrétaire Général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a plaidé pour une réhabilitation des enseignants universitaires, affirmant que la centrale syndicale "ne peut se taire sur leurs conditions matérielles et salariales".

Les enseignants du supérieur ne comptent pas s’arrêter là et mettent en garde contre l’escalade, s’ils n’obtiennent pas gain de cause. Sauf que le pays connait "une grave crise financière", sic le ministre de l’enseignement supérieur. "Nous avons des problèmes de trésorerie et un manque de moyens", avait-il souligné au sujet des revendications du corps enseignant, à la veille de la tenue des assises nationales de la mise en œuvre de la réforme de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique début décembre 2017, boycotté par l’UGTT et la Fgesrs.

Le courant ne passe pas entre les deux parties depuis un bon moment, et la grogne de l’élite risque d’avoir de beaux jours devant elle. L’université publique, minée par des problèmes de toutes sortes, en pâtit lourdement. La transmission du savoir en son sein est carrément en panne. 
Gnet