Tunisie/ Gouvernement Vs UGTT : Chronique d’un blocage annoncé !

Publié le Lundi 22 Juin 2015 à 13:52
Hassine Abassi et Habib Essid. Rien ne va plus dans les relations entre le gouvernement et la centrale syndicale. Les crises s’enchaînent, et un dialogue de sourds semble s’installer entre les deux parties, nonobstant la rencontre attendue entre Habib Essid et Hassine Abassi, dont les résultats s’annoncent hypothétiques.

Côté syndical, l’escalade semble être le maître-mot, et la fin justifie les moyens. Les grèves administratives, aux conséquences extrêmement lourdes, ne serait-ce que sur le plan financier, sont devenues un moyen de pression récurrent, outre l’hémorragie des débrayages classiques qui n’a pas l’air de fléchir.  

Le gouvernement, lui, hausse le ton. Il a tenté récemment de défier les syndicats à plusieurs occasions, tant au niveau des discours que des décisions mises en exécution, à l’instar de la décision de retenue sur salaires, au titre des journées de grève, appliquée ce mois de juin ; de celle du passage au niveau supérieur pour les élèves du primaire de l’école publique ; et de l’organisation de la sixième en dépit du boycott des instituteurs.

Des mesures qui ont provoqué l’ire de l’organisation syndicale.  «La retenue sur salaire à laquelle ont procédé certains ministères, au titre des journées de grève, est une conduite unilatérale, qui viole une convention entre l’UGTT et le gouvernement, en vertu de laquelle une commission conjointe a été créée pour examiner cette question, outre son aspect politique, punitif et vindicatif», fustigeait samedi la centrale syndicale, dans un communiqué signé par son Secrétaire Général.

L’UGTT qui avait annoncé auparavant son intention d’assigner la présidence du gouvernement en justice, estime «exagéré» le fait d’imputer les problèmes auxquels fait face le gouvernement aux protestations sociales. "Cela vise à camoufler les problèmes réels et structurels, liés principalement aux choix économiques libéraux, que certains essaient de reproduire et d’imposer aux Tunisiens, bien qu’ils aient prouvé leur échec", lance-t-elle.

La centrale syndicale place ainsi le conflit sur un autre registre, celui des choix économiques et des réformes structurelles que le gouvernement s’apprête à engager, et sur lesquelles il est censé avancer d’ici la fin de l’année. De là à craindre une détérioration du climat social, génératrice de blocage, il n’y a un pas, que l’on doit se garder de franchir.

Cette logique de bras de fer et d’entêtement de part et d’autre est extrêmement nuisible au pays. En témoigne, et ce n’est pas tout, cette grève administrative de six jours observée, à compter de ce lundi dans l’ensemble des hôpitaux publics, et son colossal manque à gagner pour les établissements hospitaliers, et leur budget déjà maigre et largement insuffisant. Il en va de même pour la menace de boycott de la rentrée scolaire brandie par le syndicat du primaire.

Des actions paralysantes qui ne sauraient être réglées par des solutions, comme celle de retenue sur salaire. Le gouvernement se trouve dans une position très délicate, et est amené à manier les choses avec des pincettes, au risque que la situation ne lui échappe et prenne une tournure grave.

Au-delà de son rôle politique, l’UGTT s’est dressée contre tous les gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution. Elle est toujours parvenue, par différents moyens, essentiellement les grèves et les sit-in, à imposer ses desideratas, et à obtenir les majorations voulues. Une attitude qu’elle ne semble pas prête à abandonner, en en faisant sa raison d’être.

Invoquant la disette financière et une masse salariale déjà lourde, le gouvernement tente de mettre au pas le puissant syndicat, mais c’est à ses risques et périls. Il est actuellement devant un dilemme : soit, il s’accroche à la ligne dure, et fait valoir l’application de la loi, soit il fait marche arrière, avec le risque que sa crédibilité ne soit écornée, et qu’il soit confronté à l’effet boule de neige des contestations sociales.

Dans les deux cas de figure, il sera perdant, et le pays le sera encore plus. Une guerre ouverte entre le gouvernement et l’organisation syndicale n’est dans l’intérêt de personne, et ses conséquences sont inconnues, le  mieux est de parvenir à une solution négociée, et à une trêve sociale, seul antidote contre cette chronique de blocage annoncée.     
H.J.


 

Commentaires 

 
#4 Pense bien au resultat
Ecrit par Tounsi     30-06-2015 22:15
Mr Hassine Abassi, a la fin vous serez le premier responsable. Pense bien au resultat!!
 
 
+1 #3 ingenieur
Ecrit par Amine k     23-06-2015 00:13
Si le gouvernement perd cette bataille, et que l'UGTT continue son bras de fer pour massacrer le pays avec cette avalanche de grèves :
je vous garantie que la Tunisie se rapproche peut a peu du scénario de 1987 et à ce moment fini la Tunisie.
Voir la situation actuelle des sociétés
comme la CPG et la SNCFT et autres .... presque la faillite c'est une catastrophe , et on continue de faire la grève c'est un record mondial pour la Tunisie
 
 
+2 #2 JUSTICE SOCIALE
Ecrit par habib48     23-06-2015 00:09
Je pense que la solution négociée doit mener à une grille de salaire annuel indiquant le plus haut salaire (plafond) et le plus bas salaire (SMIG) et on doit respecter le rapport plafond de salaire / SMIG ; par exemple : revenu annuel du président de la république doit être égal à 20 SMIG (dans les pays développées 8 à 10 SMIG) – revenu annuel du ministre X SMIG – revenu annuel d’un directeur d’administration centrale Y SMIG etc. …jusqu’au manouvre non spécialisé égale au SMIG. Je vous assure que les revendications salariales seront renversées et seront provoquées par le gouvernement et non plus par la centrale syndicale ; de même pour le secteur privé plafond de salaire déductible fiscalement.
 
 
+2 #1 1987 ?
Ecrit par Royaliste     22-06-2015 17:14
si le gouvernement perd cette bataille, et que l'UGTT continue son bras de fer:
je vous garantie que la Tunisie se rapproche peut a peu du scénario de 1987.
 
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