Tunisie/ Gouvernement : Un remaniement ministériel en perspective

Publié le Mardi 20 Octobre 2015 à 17:28
Habib Essid. Un remaniement ministériel, ne serait-ce que partiel, est désormais obligatoire, avec deux portefeuilles qui sont à pourvoir, celui de la justice, dont le titulaire, Mohamed Salah Ben Issa, vient d’être, aujourd’hui même, démis de ses fonctions. Et celui du ministre délégué chargé des relations avec l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), auparavant occupé par Lazhar Akremi, qui a présenté sa démission, le lundi 05 octobre.

Hormis ces vacances, le gouvernement de coalition dirigé par Habib Essid peine à prendre son envol, dans une conjoncture extrêmement critique. La coalition ne semble pas aussi soudée, que cela devrait l’être, et ne cesse de trembler à la moindre divergence en son sein. Ni les réunions périodiques de concertation, ni les déplacements du locataire de la Kasbah, tour à tour, aux sièges des partis, n’ont l’air d’aplanir les différends et de redonner du punch à l’équipe gouvernementale.

Le dernier sujet de malaise au sein du gouvernement, a trait au mouvement des délégués. Tout d’abord Afek tounes, et ensuite l’Union patriotique libre sont critiques envers les CV des nouveaux responsables locaux qui ne conviennent pas à leurs yeux, à la fonction, et sont consternés que leur parti n’a pas eu sa part en matière de nominations.

C’est ce qu’a motivé l’annonce ce mardi du groupe parlementaire de l’UPL de geler son soutien à la coalition gouvernementale. Son président, Mohsen Hassen, a néanmoins expliqué, dans des déclarations médiatiques, que le parti continuait à appuyer le gouvernement Essid, en attendant la décision de son bureau politique, à l’issue de sa réunion de ce soir.  

Un cafouillis s’il en est, auquel s’ajoute l’agitation au sein du parti de la majorité qui n’est pas sans affaiblir Habib Essid et son gouvernement. Dans tout cela, Ennahdha, deuxième force politique, fait profil bas, joue l’apaisement et évite de faire feu de tout bois. Excepté l’affaire du limogeage des imams où il est monté au créneau, contestant avec virulence les décisions du ministre des Affaires religieuses, le mouvement islamiste fait montre cette dernière période de retenue.

Quoi qu’il en soit, le gouvernement Essid ne peut plus faire semblant d’ignorer les critiques qui lui sont adressées, et continuer à fonctionner comme si de rien n’était. Des rectifications de son mode de fonctionnement et de sa feuille de route demeurent nécessaires.

Le problème remonte aux origines. Le gouvernement n’a pas été formé sur la base d’un programme d’action commun, avec des objectifs clairs, mais selon des considérations partisanes, motivées par le besoin de consensus, certes impératif, pour sauver le pays dans une étape émaillée d'embûches. L'autre difficulté tient à la conjoncture, et à ses défis innombrables ayant fait que le gouvernement se transforme en celui d’expédition des affaires courantes, comme l’a dit d’ailleurs, Béji Caïd Essebsi, et ne donne pas l’impression d’être issu d’une majorité mandatée pour cinq ans.

La coalition gouvernementale ne peut fonctionner qu’en présence d’un soutien ferme de la majorité parlementaire, avec les différents partis la constituant. Si un bloc parlementaire d’un parti donné lui retire sa confiance, ou si un autre bloc finit par être divisé, un coup dur lui sera porté, et le risque d'une motion de censure n'est jamais loin.

L’évolution de la deuxième session parlementaire de la législature qui débute ce mardi 20 octobre, tout autant que les développements partisans, tiennent à plusieurs impondérables, dont est tributaire le sort d’Habib Essid et de son cabinet. 
H.J.