Tunisie/ Gouvernement : Proximité avec l’étranger, rupture en interne !

Publié le Lundi 18 Avril 2016 à 17:26
Essid est en bons termes avec les partenaires étranters, le FMI en est l'exemple. Les rapports entre le gouvernement et ses partenaires étrangers semblent décomplexés et directs. A contrario de ses relations avec les partenaires locaux, qui sont compliquées et difficiles. D’un côté, les choses avancent et procèdent d’une démarche pragmatique, et de l’autre la paralysie est totale.

En interne, le pays est face à un blocage durable, des divergences et des intérêts différents, voire contradictoires, persistent dans toutes les directions, empêchant les acteurs politiques, économiques, et sociaux de regarder dans la même direction et vers le même objectif, de s’engager pour des solutions communes susceptibles de sortir le pays de l’ornière, suivant un dialogue franc et constructif sur les priorités et les réformes urgentes à mettre en œuvre, et d’envoyer des signaux rassurants à une opinion publique, désabusée et vivant une démoralisante crise de confiance. 

La Tunisie : Un modèle ?
Depuis la révolution, tous les gouvernements qui se sont succédé ont entretenu une grande proximité avec les bailleurs de fonds, les pays donateurs et les centres de décision mondiaux, qui à leur tour ont montré un intérêt sans précédent à la Tunisie, martelant sans cesse leur engagement à se tenir à ses côtés et à la soutenir, pour parachever sa transition démocratique, et surmonter ses défis économiques et sécuritaires, étant un modèle dans une région frappée par un syndrome conflictuel endémique. 

Qu’ils soient les grandes puissances à l’instar des Etats-Unis, de la France, de l’Allemagne, etc., les groupements régionaux et économiques comme l’Union européenne, ou les institutions financières telles que le fonds monétaire international et la banque mondiale, et on en passe, les échanges de visites de haut niveau sont fréquents, le dialogue est discontinu, et les résultats sont souvent là, se traduisant par des soutiens financiers variables, histoire de tendre la perche à un pays qui fait ses premiers pas, en titubant, et qui risque, s’il n’est pas accompagné et soutenu, de tomber.

Les vrais motifs de cette générosité et autres propos dithyrambiques, exprimés dans toutes les langues par les partenaires extérieurs, restent inconnus, personne n’est en mesure de dire quelle en est la contrepartie, étant entendu que la bienfaisance et l’altruisme sont loin de former les critères qui régissent les rapports internationaux. Ce qui est néanmoins facile à présager, est que si la Tunisie se laisse submerger davantage par cette manne financière en devises qu’elle est tenue de rembourser, selon un échéancier bien précis, sans en montrer une parfaite maîtrise en termes de gestion, le navire finirait par couler sans conteste.

Notre seule voie de salut pour éviter la faillite est de rétablir les canaux de communication internes qui paraissent rompus, et de reprendre notre destin en main. Or, de ce côté, on est encore à mille lieues du but et nos centres d’intérêt semblent loin des urgences devant nous préoccuper au premier chef. 

Aussi bien les remous au sein de la coalition au pouvoir, et la manière dont ils sont interprétés d’annoncer un remplacement imminent d’Habib Essid, que les tensions entre l’UGTT et le gouvernement, dont Sfax était l’épicentre au cours de la dernière période, avec concomitamment la crise de Pétrofac à Kerkennah, et celle de l’hôpital Habib Bourguiba de la capitale du Sud, montrent une dislocation redoutable de la situation interne.

La dépendance, quasi-vitale, du pays de l’aide étrangère sous ses différentes formes, et l’implication sans précédent des donateurs dans ses affaires internes, dans la mesure où ils suivent de plus près tout ce qui se fait et se défait au point qu’ils sont mieux informés et plus avertis que nous d’une part, et son abandon par les siens qui sont dans une logique d’affrontement, mus par les intérêts corporatistes, partisans et électoralistes étriqués, que par l’intérêt national suprême, auront pour conséquence directe de faire perdre sa souveraineté au pays, et de la livrer à l’hégémonie étrangère.
H.J.