Tunisie/ Gouvernement : Les partis exigent, les concertations trébuchent !

Publié le Mercredi 21 Janvier 2015 à 18:15
Habib EssidLes tractations en prévision de la formation du futur gouvernement semblent difficiles. Les partis politiques candidats à l’entrée au nouveau cabinet, posent des conditions au Chef du gouvernement désigné, et ont tendance à placer la barre haut, ce qui fait que leurs propositions peuvent s’enchevêtrer, au point de devenir difficiles à départager.

Au vu des partis qui sont impliqués dans les tractations sur la formation du cabinet Essid, et de ceux qui ont annoncé leur intention d’en faire partie, c’est un gouvernement de large coalition qui est en perspective.

Comme partout dans le monde, les coalitions sont difficiles à former et à finaliser, a fortiori si les parties prenantes sont nombreuses, et qui, plus est, se proclament, de la même famille politique. Outre le terrain d’entente à trouver sur le programme gouvernemental, dans ses volets politique, économique, social..., et sur les priorités à mettre en œuvre, il faut procéder à un partage à l’amiable des portefeuilles ministériels, tout en évitant, autant que faire se peut, de heurter les sensibilités des uns et des autres, ce qui n’est pas du tout évident.

Le processus de formation du gouvernement qui a semblé jusqu’à ce jour avancer normalement, et alors que l’on s’attend à l’annonce de la nouvelle équipe en début de semaine prochaine, les prémices d’une crise planent dans l’air, avec l’annonce faite ce mercredi par le parti de Selim Riahi, l’union patriotique libre, de suspendre sa participation aux concertations sur la formation du gouvernement Essid. Le parti impute cette décision "au flou et à l’ambiguïté qui caractérisent ces pourparlers".

Dans un communiqué publié à l’issue d’une rencontre entre Habib Essid et Selim Riahi, la direction politique de l’UPL pointe de surcroît "le fait de se rétracter sur les accords conclus et le changement des principales parties concernées par les concertations d’une manière unilatérale".
 
L’UPL qui avait présenté la candidature de ses principales figures de proue, dont son président Sélim Riahi, à des portefeuilles ministériels, et qui aspire avoir une importante place dans le cabinet Essid, est donc contrarié. Les raisons de sa contrariété ne sont pas difficiles à deviner, elles tiendront à une insatisfaction de ses exigences quant aux maroquins qu’il souhaite se voir attribuer.

Parallèlement, le parti Afek déclare ce même jour que son bureau politique va étudier la proposition que lui a faite Habib Essid, s’agissant des ministères et secrétariats d’Etat qui lui seront confiés, affirmant par la voix de son président Yassine Brahim, que son entrée au gouvernement reste tributaire du poids qu’il aura en son sein, et qu’il veut être considérable.

Afek et l’UPL, même s’ils ont des dissemblances, de part leur structure, leur histoire et les CV de leurs dirigeants, ont des dénominateurs communs. Ils sont tous les deux nés après la révolution, se présentent comme des partis programmatiques et pragmatiques, d’orientation plutôt libérale. Ce n’est pas étonnant qu’ils lorgnent pour ainsi dire les mêmes fonctions ministérielles, notamment celles à vocation économique et financière.

Mais les liens entre Nida Tounes et Afek sont différents des rapports entre le mouvement de la majorité et le parti de Selim Riahi, plutôt imposés par les résultats des élections et les circonstances. Même si l’UPL se prévaut de seize sièges à l’Assemblée et Afek n’en a que huit, il n’est pas exclu que le deuxième, vu ses relations privilégiées avec le parti du président, sera mieux loti que le second en matière d’attribution des portefeuilles ministériels.

Habib Essid doit satisfaire tout le monde et concilier des positions parfois inconciliables, sans perdre la boussole que lui a fixée Nida Tounes, le parti qui l’a désigné. Déjà, il doit attribuer à Nida Tounes le maximum, si ce n’est la totalité, des dix portefeuilles demandés, indépendamment des ministères de souveraineté. Il essaiera d’accéder par la suite aux demandes des autres partis, dans la mesure du possible, et par ordre de priorités. Parmi les partis candidats, figurent Ennahdha dont la nature et la forme de participation au gouvernement restent  encore sibyllines.

Le mouvement a exprimé, maintes fois, son désir et son intention de rallier le cabinet Essid, et il est fort probable qu’il en fasse partie, même si sa participation suscite des grincements de dents. Contrairement aux autres formations politiques, le mouvement islamiste fait montre d’humilité avec ses 69 sièges. Il semble peu soucieux du poids qu’il aura au sein du gouvernement, l’essentiel est qu’il y soit présent, et qu’il parvienne à assurer la neutralité à la tête des ministères régaliens…des points qui ne sont pas encore tranchés, tout autant que plusieurs autres aspects du nouveau gouvernement attendu sur plusieurs dossiers aussi brûlants les uns que les autres.  
H.J.


 

Commentaires 

 
+4 #1 RE: Tunisie/ Gouvernement : Les partis exigent, les concertations trébuchent !
Ecrit par Montygolikely     22-01-2015 10:50
C'est la situation actuelle de la Tunisie qui est la seule en mesure d'exiger quoique ce soit et non les partis politiques.
Si Ennahda tergiverse, comme toujours d'ailleurs, ce n'est pas la peine de la faire participer à quoique ce soit...
 
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