Tunisie/ Gouvernement Essid : Une large coalition d’orientation libérale

Publié le Lundi 19 Janvier 2015 à 17:51
Cinq partis ont exprimé leur intention de rallier le gouvernement Essid. Sauf changement dernière minute, la Tunisie serait dirigée, du moins en ce début de quinquennat, par un gouvernement de large coalition. Les partis ne font plus mystère sur leur positionnement lors de la prochaine étape. Excepté le Front populaire, les principales forces politiques dégagées par les dernières élections législatives ont annoncé leur intention de participer à la future équipe gouvernementale, à l’instar d’Ennahdha, d’Afek Tounes, et de l’Alliance patriotique libre.

Le chef du gouvernement désigné, Habib Essid, poursuit les tractations en vue de parachever la composition de son équipe, celle-ci serait fin prête la semaine prochaine, et soumise dans la foulée au vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple.

Plus ou moins clairs, les contours du futur cabinet plaident en faveur d’un gouvernement de large coalition où figurent la première et deuxième forces parlementaires, en l’occurrence, Nida Tounes et Ennahdha aux côtés d’Afek, de l’UPL, d’al-Moubadra, et de compétences indépendantes ou parrainées par ces mêmes partis.

Le gouvernement Essid serait politique, dans une phase cruciale où le pays doit ouvrir le chantier des réformes, et amorcer un véritable redressement économique, devant s’étaler sur le quinquennat et au-delà. Il s’appuierait de surcroît  sur une large majorité au parlement, dépassant le seuil fort prisé des deux tiers, ce qui le mettra dans une position confortable et lui permettra d’avoir les coudées franches en vue de mettre en route les réformes structurelles, reportées sine die depuis le lendemain de la révolution, et dont le caractère impératif fait l’objet d’une quasi-unanimité.

Dans leur exposé de motifs quant aux arguments et objectifs de leur entrée au gouvernement, les partis candidats mettent en avant leur attachement au programme, se défendant de toute course derrière les fonctions ministérielles. Ils s’efforcent aussi d’écarter l’idée d’un gouvernement formé sur la base de considérations partisanes, une étiquette qui a collé à la peau de la troïka, faisant valoir l’esprit d’une coalition nationale, dont la mission est de relever les défis, sécuritaires, économiques et sociaux, et de répondre aux attentes populaires incommensurables.

L’autre objectif majeur de ce gouvernement est d’assurer la stabilité politique, gage de sa réussite, ainsi que de l’aboutissement de la politique qu’il compte engager, laquelle sera de connotation et d’orientation libérale.

Outre le fait qu’elles prônent l’économie de marché, et la liberté d’initiative, les forces politiques appelées à faire partie de la coalition gouvernementale sont appelées à se soumettre aux règles fixées par le Fonds monétaire international (FMI) et à la banque mondiale (BM) liés à notre pays par un programme d’endettement et de financement de l’économie, assorti de conditions. Et c’est là où réside la difficulté de la tâche du futur gouvernement.

Il doit d’un côté démarrer les réformes notamment celles de la caisse de compensation, et se conformer aux exigences des bailleurs de fonds, et de l’autre, conférer une dimension sociale à son action, et ne pas éreinter encore plus le pouvoir d’achat des classes moyennes et démunies, déjà lourdement affecté.

Le gouvernement Essid aurait en face, une opposition qui s’annonce implacable, celle du Front populaire qui exclut jour après jour sa participation à l’expérience gouvernementale, à plus forte raison, si le mouvement islamiste en fait partie. Si la composition gouvernementale développée ci-haut se confirme, la coalition de Hamma Hammami serait le principal pôle de l’opposition, arithmétiquement parlant. D’autres petits groupes comme ceux du courant démocratique, du CPR… ont annoncé ne pas être concernés par une participation au gouvernement, et choisi l’opposition. Ils ne sauront néanmoins avoir prise sur le cours de choses que dans la perspective de ralliements qui restent à définir.  
H.J


 

Commentaires 

 
+1 #1 RE: Tunisie/ Gouvernement Essid : Une large coalition d’orientation libérale
Ecrit par Montygolikely     20-01-2015 09:48
S'il doit contenter tout le monde, ce gouvernement ne pourra rien faire de bon.
Il y a certaines orientations qui doivent passer en force, quitte à déplaire à certains et devoir consulter à chaque fois rendra les prises de décisions pénibles, voire impossibles.
Un gouvernement "d'union nationale", c'est très beau sur le papier, mais cela comporte le risque de voir les institutions tomber dans une léthargie dont la Tunisie n'a vraiment pas besoin.
 
Ces commentaires n'engagent que leurs auteurs, la rédaction n'en est, en aucun cas, responsable du contenu.