Tunisie/ Gouvernement Essid : Oui à l’action, non aux tâtonnements !

Publié le Vendredi 06 Février 2015 à 17:58
Investiture ce vendredi du gouvernement Essid. Le gouvernement d’Habib Essid entre officiellement en fonction ce vendredi 06 février 2015. Son investiture marque un nouveau pas vers l’installation des institutions pérennes, mandatées pour cinq ans. La prise de responsabilité de ce nouveau cabinet de 41 membres intervient dans une conjoncture critique, émaillée de difficultés. C’est qu’il est appelé à redresser un pays en crise, et à l’inscrire dans une vision claire, où le court, le moyen et le long terme doivent aller de pair.

A l’inverse des gouvernements qui se sont succédé depuis la révolution, et dont l’action a été focalisée sur la gestion du provisoire, et l’évitement du pire, à travers des mesures pompiers et de saupoudrage, celui d'Habib Essid est tenu de mettre le pays sur la trajectoire de la réforme, et du redressement. Son principal pari est de prendre d’emblée les bonnes décisions, et d’avoir la volonté et le volontarisme requis pour les traduire dans les faits. Ce qui semble loin d’être le cas, le pays ne sera pas, de sitôt, au bout des procrastinations, comme le prouve le programme présenté par le sixième chef du gouvernement après la révolution, au  parlement.    

Comme cela lui a été longuement reproché, en différents termes, le programme du nouveau locataire de la Kasbah a brillé par sa tiédeur et sa généralité. Hormis des mesures banales et peu entraînantes, qui toute en alourdissant les charges de l’Etat ne changeront guère les conditions de vie de leurs bénéficiaires, à l’instar de la majoration de 30 dinars de l’allocation des familles démunies, de l’annulation des dettes des petits agriculteurs et pêcheurs de 2 mille dinars, ou encore du possible gel des prix non-encadrés, il n’y avait rien dans sa parole de vraiment enthousiasmant.

Il ne s’agit pas, en ce jour  du baptême du feu du gouvernement Essid, de prolonger le carnaval des critiques dont l’hémicycle a été ces deux derniers jours le théâtre, mais il est question d’être réaliste, rationnel et d’aller droit à l’essentiel. La Tunisie attend beaucoup d’Habib Essid et son gouvernement. Plus que ses prédécesseurs, le nouveau locataire de la Kasbah est tenu par une obligation de résultats, sur les plans sécuritaire, économique, social, environnemental, et on en passe. Son gouvernement doit être celui de l’action, et non de la tergiversation, de la réalisation et non du tâtonnement, des solutions, et non de l’irrésolution. Essid doit pouvoir communiquer une vision et une stratégie, sans équivoque, quant à la manière dont il appréhende son mandat, suivant des politiques claires, et des objectifs quantifiables et précis.

Aujourd’hui, le pays est face à d’innombrables urgences et personne ne disconvient. Autorités, partis politiques, partenaires sociaux et organisations de la société civile, font quasiment le même diagnostic, quant aux menaces sécuritaires persistantes, et au péril sur nos frontières du fait d’une situation trouble et instable, à une situation économique et financière critique, à un pouvoir d’achat en continuelle dégradation, à une paupérisation des classes moyennes et démunies, à la montée du chômage, à l’aggravation des disparités régionales, à  la détérioration du cadre de vie avec l’invasion des ordures…Face à ces maux désormais endémiques, les remèdes préconisés font l’objet d’une unanimité, tout autant que les réformes à mettre en œuvre sans plus tarder, à plus forte raison, que la situation demeurera tendue pendant les trois années à venir.  

A ce stade, l’action n’a pas l’air d’être le credo du gouvernement. A moins que les choses s’accélèrent au bout des fameux 100 jours, un ultimatum qu’Habib Essid s’est lui-même fixé pour dévoiler ses intentions et ses politiques. Une fois le gouvernement aura été mieux au fait des dossiers, et après qu’il aura préparé le budget complémentaire et le plan directeur du futur plan quinquennal de développement .

On aura encore à attendre et à espérer, pourvu que l’on ne se perde pas de nouveau dans les méandres des concertations sans fin, au nom de la sacro-sainte quête du consensus. Depuis la révolution, on a suffisamment glosé sur ces problèmes, il est grand temps d’agir. Ce gouvernement d’unité nationale, comme aime bien l’appeler son chef, bien qu’il ne le soit pas vraiment, devrait être bâti sur un fondement consensuel. Si les cinq forces politiques composant l’équipe Essid, en l’occurrence Nida, Ennahdha, Afek, l’UPL et le FSN s’étaient mises d’accord noir sur blanc sur les priorités, les réformes, les objectifs et les modalités, leur démarche aurait été plus efficace et efficiente, et cela nous aurait fait gagner du temps.

L’entente programmatique n’était pas, néanmoins, le principal critère adopté en matière de formation de l’équipe gouvernementale. C'est la méthode qui est fausse, c'est toujours là notre principal problème.
H.J.


 

Commentaires 

 
#1 Photo d'équipe.
Ecrit par Léon     08-02-2015 22:33
Le monsieur avec une autre tenue, c'est le gardien de buts ou quoi?
Léon.
 
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