Tunisie/ Gouvernement d’union : les facteurs qui l’ont rendu nécessaire !

Publié le Vendredi 03 Juin 2016 à 13:31
Le couple de de l'exécutif serait amené à se séparer. Le gouvernement de coalition quadripartite s’apprête à céder la main. Il aura duré moins d’une année et demie. Investi en février 2015 et remanié en janvier 2016, l’équipe d’Habib Essid ne serait plus en mesure de résister aux critiques, de faire face à une situation de plus en plus inextricable et de sortir le pays de la crise.

Il est vrai que ce gouvernement a pris les commandes dans une période difficile et sensible, où se sont mêlés problèmes conjoncturels et structurels, difficultés héritées de la période prérévolutionnaire, et d’autres accumulées tout au long de la période postrévolutionnaire. Sa prestation reste néanmoins en deçà des espérances, et les efforts accomplis donnent peu ou pas de résultats sur le terrain. Cet état de fait tient à plusieurs facteurs auxquels l’incompétence et l’inexpérience ne sont pas étrangères. Il est dû aussi à la complexité de la situation, mais surtout à la difficulté de gérer une coalition et de faire accorder les violons en son sein.

Le gouvernement Essid était loin de former une équipe soudée et solidaire, il était incapable de privilégier le collectif au solitaire. En témoigne les critiques échangées par les partis de la coalition entre eux ou celles adressées à Habib Essid, la discordance au moment du vote de projets de loi décisifs à l’Assemblée, et le malaise apparent découlant de ce l’on peut appeler la "désharmonie idéologique" qui reste entier, même si l’on ne cesse de dire que le temps des idéologies est révolue, et celui des programmes a bien sonné.

De surcroît, la crise persistante au sein de Nidaa Tounes, le changement de la majorité parlementaire, la tenue de son dixième congrès par Ennahdha, celui du passage annoncé du mouvement des questions d’identité et de prédication, à la gestion politique des affaires, et l’insatisfaction profonde et quasi-générale envers la situation actuelle du pays, exprimée tant par le patronat, et le syndicat, que par l’opposition et l’opinion, tous ces facteurs réunis font que le statu quo n’est plus tenable, et que le changement du gouvernement, et l’élargissement de la coalition s’avèrent nécessaires.

En appelant, jeudi soir, à la formation d’un gouvernement d’unité nationale, BCE prend à son compte une idée qui est posée, et largement approuvée, comme il l’affirme lui-même. Même si cela va lui coûter de se séparer d’Habib Essid, une personnalité qu’il a lui-même choisie, pour conduire l’étape.

Selon la conception présidentielle, le gouvernement en devenir doit rassembler les partis de l’actuelle coalition, les partenaires sociaux, spécialement l’UGTT et l’UTICA et éventuellement des indépendants.

Le but est d’asseoir l’unité nationale dont la quête ne s’est pas arrêtée depuis le lendemain de la révolution et de s’atteler à sortir le pays de cette crise multiforme qui le ronge. Il s’agit aussi d’instaurer une stabilité durable pendant le reste du quinquennat, pour pouvoir engager les grandes réformes prévues dans le plan de développement, en cette période transitoire difficile, lesquelles nécessitent rigueur budgétaire, austérité, et beaucoup de sacrifices, comme l’exigent les bailleurs de fonds, en l’occurrence le fonds monétaire international (FMI), et la banque mondiale qui font preuve d’une générosité conditionnée à l’égard de la Tunisie.

Béji Caïd Essebsi a lancé son idée juste avant le Ramadan et la période estivale, période de relâchement annoncé, et de sérénité supposée. Son espoir est que ce gouvernement voit le jour dans les meilleurs délais, pour que l’éventuel nouveau chef du gouvernement, et ses ministres aient le temps de se familiariser avec leurs dossiers en été, et commencer effectivement le travail à la rentrée. L’avènement de ce gouvernement reste néanmoins hypothétique. L’UGTT dit, par la voix de son Secrétaire Général, ne pas être concernée par le pouvoir, et a décliné la proposition avant qu’elle ne soit annoncée par le chef de l’Etat, pour qui, le gouvernement d’union ne peut réussir qu’avec l’implication de la centrale syndicale et de l’organisation patronale. A suivre.
H.J.