Tunisie/ Gouvernement : Des shows populistes face à la sinistrose ambiante !

Publié le Mardi 06 Septembre 2016 à 17:08
Les Tunisiens broient du noir. Les Tunisiens sont en majorité pessimistes et perçoivent l’avenir avec scepticisme et méfiance. Les sondages ne font que confirmer un état général que l’on ressent partout dans les sphères familiale, professionnelle, sociétale…tout le monde broie du noir, et est gagné par ce spleen ambiant.

Les Tunisiens sont désespérés  et perdent confiance en le lendemain, pour la pure et simple raison, qu’ils n’ont plus de motifs d’espérer. Dès le lendemain de la révolution et le début du processus transitoire, les bonnes nouvelles se font rares, voire inexistantes, alors que les mauvaises sont quotidiennes et incessantes. Les difficultés tiennent à la montée du terrorisme, à la crise économique, aux tensions sociales, au relâchement moral…des problèmes qui vont en s’aggravant, jusqu’à devenir quasi-insolubles, d’où les réformes douloureuses et les mesures drastiques qu’on nous annonce, et dont on attend à voir clairement les contours.

La classe politique est pour beaucoup dans la dégradation de la situation. Les politiques n’étaient pas, dans leur majorité, à la hauteur de la chance historique qui s’offrait au pays pour se reconstruire sur des fondements solides, et réussir sa démocratisation et sa transition politique et économique. Les partis politiques ont fait perdre beaucoup de temps à la Tunisie, en s’empêtrant dans des tiraillements, et des querelles politiciennes ayant relégué au dernier plan, les problèmes de fond, pour lesquels les Tunisiens se sont soulevés.

Un gouvernement d’union nationale aurait dû voir le jour dès le lendemain des élections de 2011. Si c’était le cas, plusieurs problèmes auraient pu être évités, la période transitoire constitutive aurait été plus courte et plus sereine, ce qui aurait permis de plancher sur les difficultés réelles du pays, et les attentes urgentes notamment des régions défavorisées, et tout cela aurait eu un impact positif sur la suite du processus dans son ensemble. Sauf que la classe politique a choisi le chemin inverse, mue par des considérations partisanes et électoralistes, signe de son inexpérience et son immaturité.

La situation est-elle rattrapable ?

Quid de l’étape actuelle ? La situation est-elle rattrapable, en présence de ce nouveau gouvernement dit d’union nationale. Rien n’est moins sûr, étant donné que les prémisses d’une possible détente et d’une éventuelle reprise sont absentes.

Dès son arrivée, ce gouvernement s’est engagé en faveur d’un changement de méthode de travail, une rapidité dans la prise de décision et une célérité dans leur mise en application. Les gouvernements précédents ont fait des promesses analogues ; on se rappelle du principe de Quick win  (gain rapide), pour la relance des projets en rade de Mehdi Jomaâ ; de l’engagement d’Habib Essid d’accélérer la réalisation des projets d’infrastructure, bloqués par des entraves empêchant le déblocage des fonds qui leur sont alloués, etc. Des vœux pieux si l’en est, ce n’est pas tant un problème de compétence et d’engagement de ceux qui gouvernaient, que de complexité du système général qui est difficile à réformer, étant miné par des problèmes de différentes sortes.

Ce gouvernement arrive dans une situation extrêmement difficile, et ce ne sont pas les shows, un peu populistes sur les bords, de distribuer des ambulances à droite et à gauche, qui vont apporter des remèdes aux problèmes posés. La situation mérite d’être appréhendée dans sa globalité, afin que les réponses données soient globales, planifiées et coordonnées à l’échelle nationale, régionale et locale.

Les Tunisiens ont-ils aussi besoin de responsables politiques qui donnent l’exemple, qui les motivent, et les incitent à l’action et au travail. Il faut leur donner les raisons d’espérer, de se réveiller le matin, et de s’affranchir de cette sinistrose handicapante, sinon on aura renforcé l’atonie, la montée des individualismes, et le repli sur soi et leurs conséquences désastreuses pour la communauté nationale.
H.J.