Tunisie/ Gouvernement Chahed : Sa marge de manœuvre sera limitée !

Publié le Jeudi 11 Août 2016 à 13:16
Youssef ChahedL’annonce de la composition du gouvernement de Youssef Chahed ne saura tarder. La deuxième phase des concertations portant sur le choix des personnalités pour occuper les différents ministères et secrétariats d’Etat, devrait s’étaler sur la même durée, un peu plus ou un peu moins, que la première phase ayant été focalisée sur l’architecture, l’organisation et le programme du futur gouvernement. Et là, le dernier mot appartiendra au prochain locataire de la Kasbah, et attendons de voir des demandes insatisfaites et des attentes déçues des partis politiques qui auront placé la barre haut. 

Dans peu de temps, on aura un nouveau gouvernement qui mettra  un terme à cette période charnière gérée par un gouvernement d’expédition des affaires courantes. A l’heure qu’il est, l’attentisme prévaut. Les milieux politique, civil, médiatique et populaire attendent de voir la nouvelle équipe révéler au grand jour, celle qui arrive à un moment fort critique, et qui est censée remettre le pays en marche et trouver des solutions aux multiples défis posés.

Nonobstant la rhétorique qui le présente comme étant différent des autres gouvernements qui l’ont précédé depuis la révolution, celui de Chahed ne devra pas s’en distinguer outre mesure. Ses deux principales nouveautés sont déjà connues : le jeune âge de son chef (41 ans), et le fait qu’il soit issu de Nidaa Tounes. On nous annonce un gouvernement hybride : à la fois politique et de compétences, celui sortant l’était aussi, avec des membres appartenant à quatre partis : Nidaa, Ennahdha, Afek et l’UPL, et d’autres indépendants, y compris son chef sans étiquette partisane, porté à la primature par le parti victorieux des élections.

Tout porte à croire que le gouvernement en devenir ne sera pas véritablement d’union nationale, comme en a voulu l’initiative présidentielle. Il sera tout juste un gouvernement de coalition, voire un remake du gouvernement sortant, avec des changements dont la profondeur reste à mesurer.

Sa réussite à avoir prise sur la situation et à faire avancer le pays dépendra de sa capacité à rassembler en dehors des partis qui le composeront. Et là, le gouvernement aurait à parier sur un soutien présumé ou déclaré des partis et des organisations nationales, signataires de l’accord de Carthage. Chahed chercherait à amadouer une partie de l’opposition (excepté le front populaire inscrit dans une logique de rupture), le syndicat, le patronat et une certaine presse anti-establishment afin qu’ils cautionnent autant que faire se peu, les décisions douloureuses qu’il sera amenée à prendre, et pour qu’ils ne lui mettent pas les bâtons dans les roues.

Mais gardons-nous à nous bercer d’illusions sur la capacité de la future équipe dirigeante à faire passer le pays d’un état, à un autre. Quelque soit le nom, l’âge, l’appartenance, ou le profil de son chef, et quelque soit le niveau de compétence de ses membres, le gouvernement sera freiné dans son élan par des forces nationales et internationales, par les lobbies, et par une démission populaire qui s’inscrit dans la durée.

La Tunisie est arrivée aujourd’hui à un stade où la marge de manœuvre de la classe dirigeante est limitée, sur fond d’une dégradation incessante de la situation générale. Le futur sera hélas plus dur que le présent, en présence d’une conjoncture régionale et internationale difficile et instable.

Avant qu’il ne satisfasse le peuple, le gouvernement devra honorer ses engagements envers les institutions internationales, FMI et banque mondiale en tête, dont sont désormais tributaires nos moyens de subsistance. Bien entendu les exigences des bailleurs de fonds ne concordent pas avec celles du peuple, et seront remplies à son détriment. Ce qui nous est demandé, en premier, c’est de nous affranchir de l’emprise des institutions de crédit, pour retrouver notre pleine souveraineté, avoir les coudées franches à diriger le pays vers une destination choisie, et non subie, et combattre énergiquement les forces du mal liées au terrorisme,à la corruption et à la contrebande. Ce qui requiert maturité politique et populaire, patriotisme sincère et désintéressement, et retour rapide et effectif au travail.

La situation actuelle nécessite-t-elle aussi un gouvernement qui fait appliquer la loi, et un citoyen, quelle qu’en soit la position, qui la respecte. Les choses sont si simples à prononcer, mais très compliquées à appliquer.

H.J. 
  

 

Commentaires 

 
+2 #1 au contraire
Ecrit par Royaliste     11-08-2016 19:30
les choses sont simples mais il n'y a pas de volonté

la Tunisie n'a subi aucune catastrophe, ni tsunami, ni tremblement de terre destructeur, nos infrastructures sont la, nos institutions, nos forces vives, nos cerveaux (malgré bcp de départs vers l'étranger)... nous sommes 11 millions, moins que les habitants d'une mégapole (newyork 23 millions d'habitants, Istanbul 14), la Tunisie est facile a gérer...l'élément nécessaire mais manquant, c'est La VOLONTÉ
 
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