Tunisie/ Front parlementaire : La polarisation idéologique refait surface !

Publié le Vendredi 27 Octobre 2017 à 17:03
L’instabilité politique qui s’est illustrée par la succession de sept chefs de gouvernement  en près de sept ans en Tunisie, tient aux spécificités de la période transitoire, mais aussi au régime mixte mi-présidentiel, mi-parlementaire, inscrit dans la nouvelle constitution.

Tout en attribuant des prérogatives significatives au président de la république, ce régime suppose, au sens littéral, que le chef du gouvernement soit le véritable chef de l’exécutif, censé être issu du parti de la majorité parlementaire. Or, les résultats des législatives de 2014 ont faussé les règles constitutionnelles, en ne dégageant pas une majorité nette pour aucune formation politique, obligeant Nidaa et Ennahdha, ces deux lignes parallèles qui ne se rencontrent pas (sic BCE), de se retrouver à un point de jonction, soit une coalition gouvernementale formée sous Habib Essid, et qui s’est poursuivie en s’élargissant sous Youssef Chahed, remaniée au passage, à plusieurs reprises.

Cette coalition gouvernementale, dont Ennadha et Nidaa sont la clef de voûte, trouve son prolongement au parlement, avec le rapprochement entre leurs blocs parlementaires respectifs, qui s’illustre lors du vote des lois, un exemple et non des moindres : la loi sur la réconciliation administrative est passée, malgré une série d’irrégularités, grâce à l’entente cordiale entre les deux mouvements.

Cette complicité n’a pas l’heur de plaire au palais du Bardo, et certains la considèrent comme une entrave paralysant la vie parlementaire et la démocratie,  d’où cette initiative de front parlementaire progressiste, démocratique, dont le but avéré est de coordonner les positions entre entités parlementaires politiquement proches, et partageant des dénominateurs communs, et le but caché est de casser la supériorité arithmétique de l’alliance Nidaa/ Ennahdha, de diviser encore plus et d’affaiblir le bloc de Nidaa et d’isoler Ennahdha.

Le tout avec la  même idée rabâchée, pendant les années post-révolution, voulant opposer deux visions et deux projets de société sur un fond idéologique : d’un côté les réactionnaires, et de l’autre les progressistes. Tout le monde aurait applaudi si ce front rassemblait toute  l'opposition à l'ARP pour faire le contrepoids de l'alliance Ennandha et Nidaa, et arrêter ses éventuels excès, il n'en est rien.

Des initiatives politiques lancées, en mettant en avant le clivage idéologique, n’ont pas manqué depuis, mais elles n’ont pas fait long feu.

Cette fois-ci, la partie se joue au sein d’un hémicycle déjà effrité en vue de le cloisonner davantage, avec l’aspiration des instigateurs du nouveau front de peser sur les rapports de force, de changer l’équilibre parlementaire, et de se transformer, si tout va bien, en un front politique, en prévision des municipales de Mars 2018, voire des législatives et de la présidentielle de 2019. Une démarche mue par de purs mobiles électoralistes.

Qu’il y ait pouvoir et opposition, majorité et minorité, est tout ce qu’il y a de plus naturel en période de transition démocratique, mais la ligne de démarcation doit être tracée autour des programmes économiques et financiers, des politiques sociales, des stratégies d’éducation,  de santé, etc., et non  faire revenir le pays à la polarisation idéologique qui ne génère que tiraillements et polémiques stériles. 

Les Tunisiens attendent, aujourd’hui, un débat de fond, des propositions et des contre-propositions sur des  questions qui engagent leur présent et leur avenir. Et là, ils sont face à une indigence déconcertante, ne comprenant guère dans quelle direction va le pays, d’où leur pessimisme, leur lassitude et leur désaffection envers la politique, comme le montrent les derniers sondages.  
Gnet

 

Commentaires 

 
-2 #2 Si on veut, on peut..
Ecrit par Tunisien     28-10-2017 11:22
L’instabilité politique qui s’est illustrée par la succession de sept chefs de gouvernement en près de sept ans en Tunisie??????????
l'explication est simple:
- Vu qu'on cache la réalité.
- vu qu'on vie dé hors de nos besoins.
- vu qu'on admet que l'huile peut être sous l'eau!!
- vu que notre système cherche à punir et à faire plus de contrainte sur le Tunisien.(un exemple: Sur la route, l'agent de police se cache pour piéger et non pas pour aider, faciliter et assurer beaucoup plus la sécurité routière du Tunisien; mais non il faut que le Tunisien sera pénalisé et paye encore. ça veut dire le charger encore plus...et tout va pour entraîner plus de problèmes, plus de contrainte; et ça va même pour sa famille..).
Le jour, ou chaque Tunisien (et surtout un responsable) pense et donne beaucoup plus d'importance au pays on sera dans situation beaucoup meilleure et on cherche pas à changer le chef de gouvernement.
Le guidage vers une situation positive est possible, seulement il faut l’éducation , la formation et la culture.
Chacun de nous doit poser une question à lui même, chaque jour à sa prise du café! à lui même: c'est quoi mon devoir ? envers La Tunisie. mon pays.
Il y a beaucoup des routes; exp le faite de bien clôturer ta famille et d'orienter bien tes enfants tu a fais déjà quelque chose de bien indirectement à ton pays...
CHOKRAN.
 
 
-1 #1 Constat:
Ecrit par A4     28-10-2017 09:59
Les premiers paragraphes reconnaissent la débilité de cette constitution 2014 conçue par des gens sous-qualifiés pour ce genre de travail (l'ANC avec ses gassas, toumia, ellouz, chourou, etc...)
Cette constitution est tellement mal faite qu'à chaque page on découvre des failles qui mènent à des impasses et des blocages.
Il est urgent de l'abroger !!!
 
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