Tunisie/ Fonction publique : Plus de 63 mille agents recrutés en 2012 sans concours

Publié le Mardi 16 Janvier 2018 à 17:00
La fonction publique souffre de plusieurs difficultés. L’Institut tunisien des études stratégiques (ITES) vient de publier les résultats d’une étude sur la réalité de la fonction publique en Tunisie, dans un premier volet consacré à l’évolution de ce principal pilier de l’Etat, et au diagnostic de la situation actuelle, qui est sujette à une multitude de dysfonctionnements. 

L’administration tunisienne s’est distinguée par sa résilience, en assumant toutes les charges de l’Etat et assurant la poursuite du service public sans interruption, malgré les difficultés et les obstacles. Au cœur du débat et des tiraillements politiques et idéologiques depuis la révolution, la fonction publique a fait l’objet de plusieurs tentatives de réformes, qui restent jusque-là inabouties.

Les études réalisées depuis le siècle dernier ont montré le besoin pour la fonction publique d’un système d’informations global couvrant ses différentes structures aux différents niveaux central, régional et local, les entreprises publiques à caractère administratif, et en recensant, avec précision, les ressources humaines et financières, indique l’étude de l’ITES reproduite dans son intégralité par Assabah dans son édition de ce mardi 16 janvier.

Ces études ont par ailleurs prôné précision et rigueur au niveau du système des données relatif aux ressources humaines, chose rendue nécessaire notamment par les nouvelles mesures engagées, à l’instar de la  mise à la retraite volontaire, du départ pour s’installer à son propre compte, du programme de redéploiement des agents, de la rationalisation des recrutements, de la maîtrise de la cadence des promotions, de l’affectation à des postes de responsabilité, et de l’évaluation du rendement. 

Ces études ont, de surcroît, montré que l’architecture gouvernementale et administrative de la fonction publique est dépourvue d’un système d’informations central unique, voire d’un système de gestion estimatif  des ressources humaines ; les données à ce sujet étant éparpillées entre ministères et organismes multiples.

Principales conclusions de l’étude de l’ITES
Entre la période de l’indépendance et l’année 2017, l’effectif des agents de la fonction publique a doublé 16 fois, passant de 36 250 fonctionnaires en 1956, à 690 091, le 31 juillet 2017, souligne l’étude de l’ITES, avec un total des fonctionnaires avoisinant les 8 % de la population. Un taux qui est resté constant. L’évolution de la prestation administrative, et l’entrée en scène des outils multimédias vont forcément tirer vers le bas une telle proportion.

Les choix économiques qui incitent à réduire les dépenses publiques, notamment celles allouées aux salaires, concourent aussi vers cette baisse. 

La hausse vertigineuse de la masse salariale constitue un casse-tête pour l’Etat et a profondément grevé les finances publiques, avec des salaires qui sont passés de 7 680 MD  en 2011, à 13 700 MD en 2017.

Le recrutement dans la fonction publique a pris de l’ampleur depuis 2012, accentuant la pléthore dont souffre l’administration.

L’effectif des fonctionnaires dans la fonction publique est passé de 444 905 agents en 2011, à 690 091 agents en 2017.

La situation s’est aggravée suite à des recrutements anarchiques, soit les recrutements exceptionnels (sans concours), intervenus après la révolution. Quelque 6839 agents ont été recrutés dans le cadre de l’amnistie générale, 2929 parmi les Familles des martyrs et les blessés de la révolution, et environ  54 000 dans le cadre du mécanisme 16  (sous-traitance et travailleurs de chantier).

Par ailleurs, la promotion systématique a concerné depuis 2012, 435 000 agents.

La proportion des départs (selon la formule du départ volontaire à la retraite, retraite anticipée et autres) n’a pas permis de rétablir l’équilibre pyramidal de la FP, souligne l’étude.

L’administration souffre de l’absence de mécanisme d’efficience individuelle, de rentabilité, et de mérite notamment auprès des cadres supérieurs assumant les plus hautes responsabilités. Le mécanisme d’efficience collective de toutes les structures administratives fait également défaut.

L’étude s’achemine dans son deuxième volet à traiter des solutions à même de sortir de la crise actuelle, chose qui permettra à la Tunisie d’honorer ses engagements envers les institutions financières internationales et de préserver sa paix civile, indique l’Institut tunisien des études stratégiques, un organisme dirigé par l’ancien ministre de l’Education, Néji Jelloul. 

Gnet