Tunisie/ Fonction publique : Après 70 jours de bras de fer, le gouvernement cède !

Publié le Mercredi 07 Décembre 2016 à 16:44
Youssef Chahed et Hassine Abassi en train de lire les clauses de l'accord conclu. Un accord de dernière minute a été conclu ce mercredi 07 décembre entre la Kasbah et Place Mohamed Ali, évitant de justesse la grève générale dans la fonction publique, initialement prévue pour demain, jeudi 08 décembre, dont les répercussions auraient été désastreuses sur une économie exsangue. On a tendance à pousser un profond ouf de soulagement, tellement cette crise, avec toutes les palabres l’ayant accompagnée, s’est éternisée.

Au total, la crise entre le gouvernement et la centrale syndicale a duré plus de deux mois, 70 jours pour être précis. C’est Youssef Chahed qui l’a déclenchée le mercredi 28 septembre, et c’est lui-même qui l’a résolue, ce mercredi 07 décembre, plus ou moins en sa défaveur, face à de modestes concessions syndicales. 

Lors de sa première interview radiotélévisée retransmise dans la soirée du 28 septembre, le chef du gouvernement avait évoqué le report des majorations salariales dans la fonction publique au titre de 2017 à 2019, vu l’incapacité de l’Etat à y faire face, et du fait de la situation critique de la finance publique.

Dès lors, ce sujet a monopolisé le débat public. La centrale syndicale n’a eu de cesse depuis, de fustiger le désengagement du gouvernement envers les conventions signées, de dire son attachement aux droits de la classe ouvrière et des couches démunies, de fulminer son intention de recourir à toutes les formes du militantisme, jusqu’à arriver à la décision fatale de la grève générale dans la fonction publique, afin de faire pression sur le gouvernement et l’acculer à verser les augmentations salariales aux fonctionnaires en temps et en heure.

Le gouvernement a tenté, lui, de persuader la centrale syndicale, de la rallier à sa cause et d’en amadouer les positions intransigeantes, mais c’était peine perdue. 

Les mises en garde de celui qui est le plus monté au créneau tout au long de cette période de crise, le ministre de la fonction publique, Abid Briki, sur la gravité de la situation financière et économique, et sur les dangereuses retombées de telles majorations sur le maigre budget de l’Etat lourdement éreinté par une masse salariale exagérément élevée, n’ont permis en rien de convaincre la puissante organisation syndicale du bien-fondé de la décision du gouvernement. 

E voilà qu’aujourd’hui, à la veille du débrayage annoncé des cols blancs, même si le bruit courait depuis des jours sur son caractère imminent, un accord est conclu permettant un dénouement heureux de la crise.

La centrale syndicale le considère comme étant "un couronnement d’un processus de militantisme légitime et une réaction positive" de sa part malgré le temps perdu, qu’elle impute aux décisions du gouvernement. Cet accord est aussi "un sacrifice des travailleurs qu’on n’a trouvé personne d’autre pour le consentir", dit-elle dans un communiqué paru à l’issue de la tenue de sa commission administrative. C’est également un effort de notre part de dépasser les suites d’un précédent, celui de la rétraction unilatérale du gouvernement, sous prétexte d’engagements extérieurs, par rapport aux augmentations convenues dans le budget de 2017, souligne-t-elle. 

Cet accord a été possible suite au feu vert donné par le FMI. Avec sa contribution substantielle au budget de l’Etat, l’institution financière a désormais son mot à dire sur les décisions prises par le gouvernement, notamment pour ce qui est des volets financier et économique, a fortiori que sa Directrice Générale a alerté les autorités sur la masse salariale dans le secteur public, parmi les plus élevées au monde, les pressant de la comprimer.

Youssef Chahed se réjouit lui de cet accord, pour son importance à la préservation de la paix civile, condition sine qua non, à la reprise économique, et au retour des investissements, promis par la conférence internationale sur l’investissement, Tunisia 2020. Mais, là, les Tunisiens restent incrédules, en attendant la concrétisation.
H.J.
 

 

Commentaires 

 
+1 #1 RE: Tunisie/ Fonction publique : Après 70 jours de bras de fer, le gouvernement cède !
Ecrit par Montygolikely     08-12-2016 13:15
Puisqu'on reçoit dorénavant nos ordres directement du F.M.I., et au regard de tellement d'incompétence et de mauvaise foi, autant mettre le pays une nouvelle fois sous tutelle et pourquoi pas, puisqu'on y est presque sous protectorat, les actuels dirigeants ne valant pas plus que les beys d'alors...
 
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