Tunisie/ FMI : Décryptage de la visite de Christine Lagarde

Publié le Jeudi 10 Septembre 2015 à 17:42
Christine LagardeLa Directrice Générale du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a fait passer,  lors de sa visite bien pleine, des messages tantôt clairs, tantôt subliminaux, aux autorités, et au peuple tunisiens. Tout en ne tarissant pas d’éloges sur la réussite de la transition politique, les atouts et "le parcours économique remarquable" de la Tunisie, la cheffe du FMI l’a pressée de mener des réformes difficiles…

Lagarde a tenté de prendre les Tunisiens par les sentiments, et de gagner leur confiance, en leur jetant des fleurs, et en leur montrant qu’elle les connait aussi bien, qu’ils ne se connaissent eux-mêmes. Dans cet exercice, elle semblait vouloir donner une image positive du FMI, plutôt que celle qui lui est associée d’être une institution inhumaine et cruelle, à laquelle l’intérêt des peuples et leur bien être importent au peu.

Dans son opération charme, Lagarde est allée jusqu’à fouiner dans notre registre populaire, citant l’adage qui dit : "Qui veut de belles choses doit veiller toute la nuit". (NDLR   إلي يحب للويسهر الليل لكلو), histoire de faire prendre conscience aux Tunisiens des difficultés qui les attendent, et des sacrifices qu’ils auront à consentir, pour aspirer à des lendemains meilleurs. Elle ne s’est pas arrêtée là, la DG du FMI a cité Abou al-Kacem Chebbi, pour dire la force morale des Tunisiens et leur capacité à surmonter les épreuves, et a conclu son allocution prononcée, hier mercredi 09 septembre à la BCT, par Ibn Khaldoun et sa théorie sur la cohésion sociale.   

Un propos emphatique s’il en est, à travers lequel la dirigeante de l’institution financière internationale, a donné des injonctions à notre pays, au sujet des réformes "difficiles" à mettre en route, "qui ne peuvent être reportées." Une phrase qui résume à elle seule, l’objet da sa visite, deuxième du genre dans notre pays depuis la révolution.    

Le soutien financier du FMI est assorti de réformes, que Lagarde souhaite voir se concrétiser rapidement. Elle en a cité trois : la réorientation des dépenses publiques au profit des investissements et des dépenses sociales, la modernisation du système financier et bancaire, et l’amélioration du climat des affaires, évoquant au passage la nécessité de modérer la masse salariale, élevée à ses yeux, et de mettre un terme à la lourdeur administrative et à la bureaucratie.

Entretemps, la Tunisie compte profiter de la générosité conjoncturelle du FMI et négocier à l’automne un nouveau programme de soutien financier, lequel serait lancé en mars, et devrait porter, selon le gouverneur de la BCT, sur un montant au moins équivalant à celui contracté en 2013 c'est-à-dire  1,75 milliard de dollars.

Ainsi, notre destin sera lié pour de longues années au Fonds Monétaire International, ce qui veut dire plus de rigueur et plus d’exigences drastiques de sa part, et plus d’efforts de la collectivité nationale, sans aucune mesure avec ceux qui lui sont demandés à ce stade. Quant à notre capacité de s’en affranchir du joug, cela reste des plus hypothétiques.

Le recours à l’endettement est, en ces temps de disette, la seule solution pour alimenter les caisses et permettre à l’Etat de faire face à ses lourdes dépenses.

La dette n’est, néanmoins, qu’une solution provisoire, qui ne doit se poursuivre ad vitam aeternam au risque de compromettre notre présent et notre avenir. D’où la nécessité de son redéploiement dans l’investissement, plutôt que dans la consommation, afin de promouvoir la création de richesses et de dégager une plus-value, à même de nous permettre de la rembourser et de nous éviter le redoutable défaut de paiement.

Le ministre du développement, de l’Investissement et de la coopération Internationale, Yassine Ibrahim, a estimé ce jeudi, sur Mosaïque, que le taux d’endettement avoisinera les 50 % du PIB, à la fin de 2015. 65 % de la dette tunisienne est en devise, d’où le problème, selon le ministre, qui affirme notre besoin pour une aide exceptionnelle et des crédits à long terme.

Pour Yassine Ibrahim, la Tunisie est capable de rembourser sa dette à travers le retour de l’investissement, la relance des exportations et le tourisme…mais ça fait longtemps qu’on guette cette embellie, sans rien voir venir.  
H.J.


 

Commentaires 

 
#1 RE: Tunisie/ FMI : Décryptage de la visite de Christine Lagarde
Ecrit par Royaliste     10-09-2015 19:12
1- vous dites : Le recours à l’endettement est, en ces temps de disette, la seule solution

c est faux, parceque plus que la moitie des tunisiens ne paient pas d'impots, l Etat peut commencer a combler ce manque a gagner avant d aller faire la manche a l etranger et en devise.

2- la Tunisie n'a pas trouve de 'soutien' sauf le FMI, nos "frères arabes'' nous ont, comme d'habitude, laissé tomber, et c'est pour cela que Bourguiba leur a souvent tournéé le dos
 
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