Tunisie/ Fin de la Campagne : Les sujets de fond éclipsés par la polarisation

Publié le Vendredi 21 Novembre 2014 à 17:35
Le 23 novembre, date du premier tour de la présidentielle en Tunisie. La campagne électorale en est à ses dernières heures. Tout se termine ce soir à minuit. Après le bruit des meetings, de la propagande électorale, des joutes oratoires, des débats, des pronostics, des diatribes et des éloges médiatiques… place au silence électoral. Samedi, médias, candidats et partis politiques doivent observer un total mutisme sur le fait électoral,  avant que les électeurs ne se dirigent le dimanche 23 novembre aux urnes pour choisir, pour la première fois d’une manière démocratique et transparente, leur président au suffrage universel direct. Un vote crucial, et un moment historique à même de consolider notre démocratie naissante.

Les 22 candidats encore en lice clôturent donc ce vendredi leur campagne électorale, chacun à sa manière. Ils auront sillonné pendant trois semaines les quatre coins du pays, pour aller à la rencontre des Tunisiens, leur exposer leurs programmes, les convaincre du bien-fondé de leurs choix et  les inciter à cocher leur nom sur le bulletin de vote, le jour du scrutin.

La campagne a été plutôt monotone, et le débat de fond et d’idées a été sacrifié sur l’autel des tiraillements et de la polarisation autour de deux conceptions de la Tunisie lors du prochain quinquennat : La première défend une concentration des leviers des pouvoirs entre les mains d’un seul parti, en l’occurrence le parti vainqueur des législatives, Nida Tounes ; et la deuxième prône le rééquilibrage du paysage politique, en mettant en garde contre l’hégémonie, si les deux têtes de l’exécutif, Carthage et la Kasbah, et le parlement, venaient à être présidés par un seul parti.

Cette confrontation ayant dominé la campagne, a bénéficié à certains candidats, qui, d’après des signes avant-coureurs, ont pu recueillir la sympathie de tel camp, ou tel autre. Elle a néanmoins desservi d’autres candidats manifestement engloutis par l’ampleur de la polarisation.

La campagne présidentielle, la première jamais vécue dans nos murs, a vu les gros moyens se déployer et beaucoup d’argent couler. Certains candidats ont misé sur cette opération-séduction en recourant aux prestigieuses agences de Com, afin de redorer leur blason aux yeux de l’électorat. Leur stratégie sera-t-elle payante ? En auront-ils pour leur argent ? On le saura dimanche soir, à la proclamation des résultats des sondages sortie des urnes, autorisés par la HAICA.

Côté thématique de la campagne, les candidats se sont emparés, à des degrés variables, des défis majeurs que la Tunisie aura à confronter lors des cinq ans à venir, à savoir la sécurité et la lutte contre le terrorisme, les difficultés économiques, le pouvoir d’achat, les problématiques sociales, la lutte contre le chômage, et la pauvreté, ainsi que contre disparités régionales, etc. 

Dans l’ensemble, ces sujets ont été abordés d’une manière sommaire, et il est peu probable que les Tunisiens soient au fait de la teneur des programmes des uns et des autres.

Tout porte à croire que les Tunisiens vont voter pour des personnes et non pour des programmes. Certains ont déjà tranché leur choix, d’autres hésitent encore, et auront l’occasion demain, jour du silence électoral, de réfléchir en toute sérénité afin de faire le bon choix en toute âme et conscience. Le vote de dimanche 23 novembre engage la responsabilité de chaque électeur dans la mesure il déterminera, au-delà du futur quinquennat, l’avenir de la Tunisie.
H.J.