Tunisie/ Femme : Législation avant-gardiste, mentalités à la traîne !

Publié le Samedi 12 Août 2017 à 11:50
Le combat des femmes continue. La Tunisie célèbre demain, dimanche 13 août 2017, la fête nationale de la femme, marquant le 61ème anniversaire de la promulgation du Code du statut personnel (CSP), à la même date de l’année 1956, juste quelque mois après l’indépendance, avant même la proclamation de la république (25 juillet 1957) et l’adoption de la constitution de la Tunisie indépendante (1er juin 1959).

Œuvre de Bourguiba, le CSP a révolutionné la condition de la femme tunisienne, à l’époque otage d’une société patriarcale et archaïque. L’abolition de la polygamie, l’interdiction de la répudiation, l’institution d’un âge légal au mariage…sont autant de nouveautés apportées par ce code à la fois progressiste, et conforme à  l’Islam. 

Le CSP a émancipé la femme tunisienne, et lui a procuré un statut pionnier dans la région arabo-musulmane, et encore bien loin. La femme a pu depuis s’asseoir sur les bancs de l’école et de l’université, gravir les échelons du savoir, conquérir toutes les sphères d’activités, même celles réputées pour être l’apanage des hommes. Aujourd’hui, la gente féminine se prévaut du meilleur taux d’instruction, et des taux de réussite les plus honorables à tous les niveaux de l’enseignement. 

La femme est aujourd’hui une actrice majeure qui contribue, au même titre que l’homme, au développement et au progrès social. L’institution de l’égalité homme/ femme en droits et en devoirs dans la constitution de janvier 2014, et l’adoption récente au parlement de la loi organique sur l’élimination de toutes les formes de violence contre les femmes, promulgué hier par le chef de l’Etat, n’ont fait que renforcer cet arsenal législatif, et consolider les droits et acquis des femmes. Le décalage persiste, néanmoins, entre les textes et le contexte, la théorie et la pratique. 

Les mentalités n’ont pas évolué à une cadence aussi rapide que la loi. Prise dans le tourbillon du quotidien et de ses pressions incessantes, la femme citadine continue à être discriminée. Tant en milieu professionnel et dans la vie publique où elle se heurte au plafond de verre, que dans la vie familiale où elle est tenue d’assurer les plus grandes charges en matière d’entretien et de gestion du foyer, d'éducation des enfants, de suivi de leur scolarité…face à des hommes dont les mœurs et les représentations sociales, confinent dans la seule vie active. Les hommes ne daignent pas, dans leur majorité, venir en aide à leurs épouses en matière de tâches ménagères. Une réalité qui n’est pas prête à changer. 

Idem pour la femme rurale. Mère de famille, ménagère et principale pourvoyeuse de l’intendance pour son foyer. Nos compatriotes qui vivent dans la ruralité sont de vraies battantes, sur lesquelles reposent en grande partie le labeur et le travail des champs. Elles sont debout dès les premières lueurs de l'aube pour s’occuper de leur famille et veiller à leur subsistance. 
 
La majorité d’entre elles souffre de conditions de vie et de travail difficiles et de précarité. Pour elles, la vie est une lutte quotidienne, un effort de tous les instants, voire une lourde responsabilité qu’elles ne rechignent pas à assumer, sans jamais se plaindre, souvent avec un sourire authentique et une tranquillité intérieure de celles qui se contentent de ce que le destin leur a réservé, tout en gardant l’espoir de jours meilleurs.  
 
Gnet