Tunisie/ Femme au Maghreb : Droits et attentes

Publié le Jeudi 13 Mars 2014 à 17:45
«La loi portant sur la justice transitionnelle, adoptée deux mois avant l’adoption de la constitution, est une loi qui déterre le passé, pour garantir les droits des victimes d’exactions. Cette loi se base sur la révélation, qui lève le voile sur les responsables, les conditions dans lesquelles ont eu lieu tous les dépassements et sur toutes les personnes impliquées…cette loi indique que les exactions sont entre autres, la torture, la violence, le viol…etc. Ensuite, vient la réhabilitation des victimes…qui concerne également les femmes, et les citent à deux reprises dans le texte de loi», a déclaré ce matin, Najet Brahmi, professeur universitaire, lors de la deuxième journée de la conférence internationale «la femme dans la constitution », organisée par le Centre des Recherches, de documentation et de l’information sur la femme, ce matin à Tunis.

Les mécanismes de recherche de la vérité prennent en considération,  les femmes, les handicapés et les enfants, et leur accordent un intérêt particulier. « La loi stipule qu’il faut prendre en considération la spécificité du préjudice subi par les femmes, les handicapés et les enfants », a-t-elle dit. Une disposition qui protège cette tranche de la population, et reconnait que sa souffrance puisse être supérieure à celle d’un homme.

Une condition, que la femme tunisienne ne partage pas toujours avec ses semblables du monde arabe.  Surtout en Libye, où la condition de la femme oscille entre espoir, avancées, et batailles quotidiennes, en quête d’une vie digne. La bataille pour les droits, est le quotidien des femmes libyennes dont les droits les plus élémentaires sont menacés à l’ombre de l’instabilité politique et sociale que vit le pays post- révolution.

Salwa Dghili, professeur à l’université de Benghazi est revenue sur les défis auxquelles fait face la femme libyenne. « Nous sommes passées par trois étapes. La période avant Kadhafi, de 1951 jusqu’à 1969. C’est la période de l’indépendance, où la femme était analphabète,  ou de niveau scolaire très bas, et ne participait ni à la vie politique ni à la vie sociale, ce qui n’a pas empêché les femmes de mener des actions associatives, dont le but principal était de lutter contre l’illettrisme. La première association féminine a été fondée en 1958 à Benghazi. Ensuite la deuxième période c’est celle du règne de Kadhafi. Celui-ci interdisait la création d’associations, peut-être était-il conscient du rôle de surveillant que pouvait jouer la société civile sur le pouvoir en place. Seulement deux associations ont vu le jour durant les 10 dernières années de son règne, l’une créée par son fils Seif Al Islam, et l’autre tenue par sa fille Aïcha Kadhafi. Durant la révolution du 17 février 2011, la femme libyenne a joué un rôle clé, notamment lors de la manifestation organisée à Benghazi par des femmes des familles des victimes du carnage de 1969, où plus de 1000 personnes ont été tuées par Kadhafi », a-t-elle relaté.

Kadhafi refusait l’idée d’une constitution, et la Libye est restée sans, durant tout  le temps qu’il était au pouvoir.  Il n’en demeure pas moins que « les lois étaient favorables à la femme. On pouvait considérer que c’était des acquis pour la femme en ce temps là. Mais la participation de la femme à la vie sociale et politique était quasi-existante de peur du régime », a expliqué Salwa Dghili.

La femme libyenne avait le droit de demander le divorce au même titre que l’homme. L’âge légal au mariage des filles était de 18 ans. La polygamie était autorisée qu’avec l’accord de la première épouse devant le juge. Les femmes détiennent le droit d’occuper le poste de magistrat et de statuer dans les affaires judiciaires. Aussi, les femmes libyennes mariées à des étrangers ont obtenu, sous Kadhafi, le droit de transmettre la nationalité à leurs progénitures.

« Après le 17 février 2011,  la déclaration constitutionnelle indiquait que la Chariaa islamique serait la source de la législation, ce qui annulait tous les acquis de la femme. C’est à ce moment là que la femme libyenne a commencé à se sentir menacée dans ses droits. D’ailleurs, la constitution n’a réservé aucun texte pour la femme, ni la loi régissant les élections… un groupe de fanatiques au sein du parlement a même imposé la Chariâa comme étant au dessus de la  constitution. Une décision qui ne se soumet pas au référendum », a dit l’universitaire. 

Les droits de la femme, demeurent fragiles et précaires en Libye. Ceux de la femme marocaine sont en évolution certes, mais se heurtent parfois aux mentalités conservatrices.

Durant les années 1990, la femme marocaine étaient très active au sein de la société civile, en se soulevant notamment en 1991, exigeant l’amélioration de la condition de la femme dans le code de la famille de 1957.

Fathia Chefai de l’Université de Rabat a rappelé  que les revendications de la femme marocaine commençaient à se faire entendre depuis les années 1960.

Mais le changement aura lieu en 1993, quand Mohamed VI, actuel roi du Maroc, a pris la décision d’apporter des améliorations dans le code de la famille. « Dans cette modification, on s’adressera à l’homme et à la femme, à égalité. On fixera l’âge du mariage des femmes à 18 ans. La femme majeure ne sera plus sous l’autorité d’un tuteur. La polygamie sera conditionnée par l’accord de la première épouse. Le droit de la femme à demander le divorce, mais aussi d’autres droits de copropriété entre les époux », a-t-elle expliqué.

Elle regrette toutefois que ces acquis soient menacés, car détournés, puisque le droit aux filles de se marier à partir de l’âge de 16 ans sous décision judiciaire, serait en train de devenir la règle, selon elle, et non pas l’exception. Ce qui accroit l’analphabétisation et la hausse de la pauvreté, et de graves problèmes de santé. « Par ailleurs, les hommes scellent des mariages Orfi (coutumiers) et une fois l’épouse est enceinte, ils demandent l’enregistrement de l’acte de mariage auprès du tribunal, qui accepte, pour protéger l’enfant. C’est une manière de détourner la loi obligeant l’homme d’obtenir l’accord de la première épouse, avant un second mariage », a-t-elle relaté.

Chiraz Kefi

 

Commentaires 

 
#1 Trop long l'article
Ecrit par Tiken Jah facoly     14-03-2014 09:17
Un petit conseil : Afin de fidéliser vos lecteurs, prière de rédiger des articles de longeur raisonnable parske trop de contenu tue le contenu .
 
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