Tunisie/ Exclusion des rcédéistes : Une bataille perdue d’avance !

Publié le Lundi 07 Avril 2014 à 17:40
Dans la foulée du 14 janvier, les Tunisiens ont dit "RCD dégages".Par définition, une révolution est une rupture avec l’ancien système, dans ses pratiques et ses symboles. Ce mouvement de l’histoire ne prend tout son sens que s’il consacre un changement radical du système politique, contre lequel il s’est déclenché. La période transitoire consécutive à une révolution devrait, pour réussir, passer par deux principales étapes aussi complexes l’une que l’autre. Celle de la déconstruction, voire du démantèlement de l’ancien système, et celle de la construction qui revient à jeter les bases du nouveau système.

En Tunisie, le processus transitoire, enclenché il y a plus de trois ans, n’a pas suivi ce cheminement. La disparition des figures de l’ancien régime et des apparatchiks du RCD de la scène politique a été de courte durée. Exclus des élections de l’Assemblée nationale constituante, en vertu du fameux article 15 du décret-loi portant sur l’organisation des élections du 23 octobre, les anciens responsables des gouvernements Ben Ali, et ceux qui étaient aux avant-postes du Rassemblement dissous ont pu petit à petit réinvestitr la scène politique recomposée. Leur retour s’est fait dans de nouveaux partis, estampillés destouriens.

Pourtant, l’exclusion des résidus du régime déchu des échéances électorales pendant une période déterminée, le temps que la période transitoire réussisse et que la démocratie devienne effective, s’est emparée à plusieurs reprises du débat politique. Point d’orgue de ce débat : Une proposition de loi sur l’immunisation de la révolution issue de plusieurs groupes parlementaires. Largement soutenu au moment de son avènement, ce projet de loi a été controversé dès le départ. Il a fini par passer à la trappe, après que son principal soutien, en l’occurrence, Ennadha ait décidé de s’en détacher pour donner la priorité à la loi organique sur la justice transitionnelle.

Les crises politiques qui se sont succédé, et l’état de division de la société qui en a découlé, ont donné lieu à des changements des rapports interpartis, favorisés par les initiatives du dialogue national, dont celle menée sous l’égide du quartette, ayant abouti à une issue à la crise, à travers l’intronisation d’un nouveau gouvernement, et l’adoption de la nouvelle constitution du 26 janvier 2014. Un dialogue qui devrait reprendre cette semaine et dont l’ordre du jour comportera, en prime, l’article dit d’exclusion, inclus dans le code électoral.

Parallèlement, le débat général sur le projet de loi électoral commence ce lundi 07 avril à l’Assemblée nationale constituante, sur fond de cette vive polémique sur l’exclusion des anciens responsables du gouvernement Ben Ali, hormis ceux qui n’ont pas occupé des postes clefs au sein du RCD dissous, des anciens caciques du Rassemblement, ainsi que des mounachidines, ceux qui ont sollicité un quatrième mandat du président destitué. Voté au sein de la commission de la législation générale, cet article est le principal point litigieux voué à un débat houleux au sein de l’hémicycle  d’emblée divisé à son sujet.  

Les uns s’y accrochent mordicus, le considérant comme un garde-fou susceptible de barrer la route aux symboles de l’ancien régime, afin qu’ils ne siègent pas dans les nouvelles instances élues, dont la future Assemblée des représentants du peuple. Des députés, notamment ceux d’Ennahdha, sont allés à l’encontre de la position de leur groupe parlementaire  défavorable à l’introduction de cet article dans le code électoral. Les principaux dirigeants du mouvement islamiste, dont son président Rached Ghannouchi, ont marqué clairement leur désapprobation envers ledit article, sans que cela ne mette un terme aux divergences au sein du parti majoritaire à l’Assemblée.

La deuxième position toute aussi dominante au sein de l’Assemblée est celle qui oppose une fin de non-recevoir à l’article contesté, le jugeant anticonstitutionnel, pointant une exclusion d'adversaires politiques et une punition collective à leur encontre. Elle suggère un traitement au cas par cas, contre ceux qui ont commis délits et crimes sous l’ancien régime. Une opinion qui est celle des grands partis au sein de l’Assemblée, exprimés par les chefs de leur groupe parlementaire.

Selon toute vraisemblance, c’est cette position qui finira par triompher, a fortiori qu’elle est en symbiose avec celle qui sera, indéniablement, celle du dialogue national. Elle est également en phase avec les exigences de l’étape actuelle qui procède d’une démarche consensuelle dans le but de parvenir à l’apaisement escompté, préalable à un regain de sécurité et à la relance économique.

Tout porte à croire que les rcédeistes vont pouvoir solliciter de nouveau les suffrages des Tunisiens, si cette dernière étape transitoire débouche, comme convenu, sur l’organisation d’élections libres et transparentes. Les leur accorderont-ils de nouveau ? Toute la question est là ; ce sont les électeurs, et rien qu’eux, qui vont décider qui des anciens ou des nouveaux sont les mieux habilités à les gouverner. Ou peut-être que le peuple sera divisé et que les urnes dégageront différentes forces politiques, qui seront obligées de recourir à des alliances pour pouvoir diriger le pays.

Des résultats des prochaines élections, dépendra l’activation ou non de la justice transitionnelle, et de son processus global de révélation de la vérité, de la reddition des comptes, du jugement, de l’indemnisation et la réhabilitation des victimes, de la réconciliation et de la préservation de mémoire. En théorie, cette loi fait, jusque-là, l’unanimité. En pratique rien n’est gagné d’avance, car, personne n’est en mesure de prédire les contours de la future donne politique.
H.J.


 

Commentaires 

 
-2 #4 le retour du mal !
Ecrit par maher Gassa     09-04-2014 17:47
le retour des rcdistes au pouvoir ne serait-ce que partiellement est un retour au despotisme et à la corruption sous toutes ses formes. Tout simplement parce que la machine rcdiste est irréparable ; l'établissement d'un nouveau régime ne peut se faire sans la destruction totale de l'ancien.
 
 
+1 #3 Faux problème
Ecrit par Tiken Jah Fakoly     08-04-2014 14:02
Eh wi ! on n'arrete pas de médiatiser et de faire des débats concernant des sujets débiles ! le temps presse ! les chiffres de l'économie sont médiocres ! le chomage est partout dans toutes les régions ! et puis koi ! on parle du RCD ! on crée un faux problème ! une polémique pour rien !
 
 
+2 #2 Non, sauf
Ecrit par Tunisien     08-04-2014 09:08
Les RCD ont déjà gouverné, et ca n'a pas marché. Ils sont et resteront toujours des tunisiens qui ont droit à tous sauf l'effet de gouverner.
C'est vrai qu'ils sont pas tous de mauvais, s'il y aura une acceptante, ça sera avec une audit et filtration.
La formule est très simple: ce qui joue pour le bien de la Tunisie "Marhaba "
 
 
-1 #1 Pas de retour en arrière
Ecrit par Ortho     08-04-2014 07:44
Je le dis avec un peu de familiarité, plutôt crever que d'accepter un retour du RCD. Il n'y a que les fils à papa des grandes villes du littoral qui pourrait être tentés par un retour, mais l'immense majorité de la population leur mettra une claque monumentale.

Pour finir, ces gens auraient du se faire petit après la révolution car je le dis clairement, si seconde révolution il y a, elle ne sera pas aussi pacifique que la première.
 
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