Tunisie/ Entreprises publiques : Le gouvernement a raison, l’UGTT a tort !

Publié le Lundi 26 Mars 2018 à 17:15
Le gouvernement et l'UGTT doivent mettre la main dans la main pour sauver le pays. La persistance, voire l’exacerbation de la crise économico-financière dans le pays laisse apparaitre plein de contradictions, lesquelles relèvent les travers d’un système devenu difficilement définissable. Le mode de gouvernance instauré dans le pays, avec le rôle grandissant donné aux organisations nationales, au nom du consensus, brouille les cartes, et fait que le système est en train de s’éroder de l’intérieur et de céder sous le poids des confits dominés par les intérêts corporatistes et sectaires, au détriment de l’intérêt suprême, celui de la nation.

Après la révolution, la Tunisie n’a changé ni de modèle de développement, ni de modèle économique. S’il est vrai que les règles du jeu sont peu claires, le climat des affaires non encore assaini et les entraves encore légion, le pays continue à adopter et à consolider l’économie de marché, même si ses leviers sont grippés et qu'elle est en panne dans son aspect création de richesses, du fait du recul de la valeur travail, et son corollaire la baisse de la production et de la productivité. Les richesses n’étant pas créées, il n’y pas grand-chose à partager. D’où la paupérisation, la dégradation des indicateurs, la détérioration des finances publiques, les vulnérabilités macroéconomiques, etc.

C’est ce en quoi se résume la problématique tunisienne, et les tracas qui lui sont rattachés : on est un pays qui consomme, plus qu’il ne produit. Les dispositifs qui sont censés dégager une plus-value pour financer et soutenir l’économie, à l’instar des entreprises publiques, vivent de grosses difficultés. N’eut été le soutien de l’Etat, elles auraient fait depuis bien longtemps banqueroute.

Naguère fleurons de l’économie, ces entités ont lourdement régressé ; leurs équilibres ont été profondément affectés, et leur déficit s’est creusé dans des proportions sans précédent.

Face à cette situation intenable, l’Etat propose de se désengager des entreprises opérant dans le secteur concurrentiel, en les cédant au secteur privé, tout en gardant le monopole des entreprises assurant un service public : eau, électricité, etc. Une proposition qui est la plus proche de la logique et du raisonnable, a fortiori au regard de la situation actuelle, marqué par un Etat saigné à blanc, et vitalement dépendant de l’argent de la dette, en prime des versements du FMI.

Youssef Chahed qui a fait cette annonce vendredi à l’Assemblée, était conséquent avec la politique de son gouvernement, qui, à travers des lois votées notamment le code des investissements, la simplification des procédures administratives, le projet de loi sur le Startup Act, les incitations accordées dans la loi de finances aux investissements lancés dans les régions intérieures, la promotion des exportations, etc.…tend à booster l’activité, à créer des emplois, à relancer la croissance par la production, voire à sortir l’économie de sa léthargie et à en impulser les mécanismes.

La cession d’un petit nombre d’entreprises qui ne représentent pas un intérêt stratégique pour l’Etat, permettra, pour peu que l’opération se fasse dans la transparence et suivant un processus bien étudié, de réintégrer ces structures dans le circuit d’activités, d’en améliorer la gouvernance, d’en renforcer la capacité compétitive et la robustesse, d’en faire un levier de croissance et surtout d’affranchir l’Etat de lourdes charges qu’il pourrait réutiliser pour la réforme et la restructurations des entreprises nationales, à leur tour, au bord du précipice.

La rigidité de la centrale syndicale sur ce dossier, ses lignes rouges et ses menaces d’opter pour la mobilisation et l’escalade pour bloquer ce processus de privatisation partielle, nuisent grandement au pays, et à ses intérêts stratégiques, et posent un problème de gouvernance.

L’organisation syndicale a un rôle primordial dans la défense des intérêts de la classe ouvrière, et est tenue d'être toujours alerte pour prévenir les éventuels abus du pouvoir exécutif et du gouvernement. Dans le cas d’espèce, il ne s’agit aucunement d’abus, mais d’un pragmatisme rationnel qui est en phase avec les orientations du pays et les contextes intérieur et extérieur dans lequel il évolue.
 
Puisse Hassine Abassi, sollicité ce lundi 26 Mars par le chef de l’Etat pour ses bons offices, fasse entendre raison à son successeur et ses camarades, afin qu’ils renoncent à cette ligne dure et mettent l’intérêt du pays au dessus de toute autre considération.

Gnet