Tunisie/ Ennahdha : Les contours du renouveau post-10ème congrès

Publié le Lundi 28 Mars 2016 à 17:23
Mourou et Dilou incarnent le renouveau au sein d'Ennahdha. A la date de son dixième congrès, les 20,21 et 22 mai prochain, Ennadha aura quasiment 35 ans d’âge. Héritier d’al-Itijah Islami, mouvement de la tendance islamique (MIT), le mouvement islamiste est né (le 06 juin 1981), et grandi dans la clandestinité, pour réinvestir le champ politique, comme mouvement légal en 2011, dans la foulée de la révolution.

En mai prochain, le mouvement tiendra ses deuxièmes assises publiques (comme ça été annoncé hier par son instance suprême, Majless al-Choura), après celles de juillet de 2012, et dixièmes après les huit congrès clandestins dont deux organisés  en Tunisie et six à l’étranger.

Tout autant que celui d’il y a quatre ans, le congrès de Mai 2016 est très attendu, dans la mesure où il est censé déboucher sur une nouvelle identité du mouvement, plus programmatique, qu’idéologique, et plus moderne, que traditionnaliste. 

Le point crucial sur lequel le mouvement est attendu est la séparation entre le religieux, et le politique. Une démarche dans laquelle Ennahdha devra s’engager, bon gré, mal gré, pour répondre aux exigences de la conjoncture locale, régionale et internationale.

Plaider non-coupable
Par les temps qui courent, il n’est pas très recommandable de se proclamer de l’Islam politique, et encore moins de l’héritage des frères musulmans. Ce qui est advenu à la confrérie en Egypte ; l’association quasi-machinale et les amalgames grandissants entre islamisme et terrorisme dans la région et dans le monde, et les pressions dont il est soumis sur la scène nationale toujours saisie, même si c’est en des termes moins aigus, par la propension à la polarisation idéologique, sont autant de facteurs qui obligent le parti de Mont-plaisir de plaider constamment non-coupable, de ne pas rater une occasion pour condamner avec fermeté le terrorisme et la violence, et de revendiquer sa présence sur l’échiquier politique, comme une formation apte à gouverner, à proposer des solutions aux difficultés socio-économiques à l’instar du chômage, de la pauvreté, des disparités régionales, et à consacrer le sens de l’Etat, avec lequel il était de longues années en opposition, voire en conflit frontal. 

Même si l’expérience du mouvement au pouvoir, tant du moment de la troïka, qu’à l’heure de la présente coalition au pouvoir restent diversement appréciée, voir critiquable. Ennahdha comme les autres formations politiques seront amenés à faire leurs preuves, au regard des maigres résultats réalisés notamment sur le plan socioéconomique.

Laïciser plutôt qu'islamiser ?

Que signifie la séparation entre le politique et le religieux pour un parti qui se proclame du référentiel islamique ? Est-ce un abandon dudit référentiel ? Une contribution à laïciser la vie politique, plutôt qu’à l’islamiser comme le laisse entendre l’intention initiale ? Ou une dissociation plus marquée entre le volet politique, et celui du prosélytisme et de prédication ?

Ce sera plutôt la troisième hypothèse. Le renouveau qu’Ennahdha s’apprête à opérer renvoie à des modèles qui existent déjà dans l’espace islamique : le parti de la justice et du Développement (PJD), dont est issu le gouvernement de Benkirane au Maroc, et l’AKP au pouvoir en Turquie, incarné par le couple Erdogan/ Davutoglu. Deux partis qui se proclamant de l’Islam modéré, qui sont aux commandes.

Le mouvement chercherait, à travers sa démarche réformiste, à se présenter, comme l’affirment ses dirigeants, en tant que parti musulman démocrate, à l’instar des partis chrétiens démocrates d’Europe. Il cherche à bâtir sa nouvelle identité sur le triptyque : Islam, modernité, et démocratie.

Cela pourrait donner lieu à une scission au sein de cette formation populaire aux courants multiples en deux ou plusieurs entités plus ou moins homogènes : un parti politique dont le rôle des dirigeants sera plutôt de participer aux échéances électorales, de siéger au parlement et de gouverner, et pour lesquels la prédication et l’action associative seront proscrits, et d’autres figures qui opteront pour le prosélytisme et seront amenés à investir le champ religieux et associatif. Avec des connexions entre toutes ces structures dans une arrière-cour dont seuls les Nahdhaouis connaissent le secret, histoire de prévenir la fragilisation et l’affaiblissement.
H.J



 

Commentaires 

 
#1 Hold up
Ecrit par Royaliste     29-03-2016 12:28
Combien de milliards les islamistes ont recu dans le cadre de ''l'amnestie générale''?

on parle de 1 500 millions de dinars...c'est vrai?
 
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