Tunisie/ Emploi : "On est loin de la parité Homme/Femme"

Publié le Vendredi 22 Avril 2016 à 17:18
Vue de la conférence
Zahra Ben Nasr, Présidente de la Fondation Agir Contre l’exclusion et la pauvreté, a déclaré ce vendredi qu’après un diagnostic, la femme n’a pas les mêmes opportunités que l’homme dans la vie active. « Le taux de chômage moyen est actuellement de 15 % alors qu’il est de 20%  chez les femmes, contre 12% parmi les hommes », a-t-elle dit, à l’occasion du salon de l’emploi « Face à Face : Femmes/Entreprises », organisé par la Fondation, ce vendredi à Tunis.

Une rencontre organisée dans le cadre d’un projet lancé en 2014, dans cinq régions qui sont Bizerte, Tunis, Sfax, Sidi Bouzid et Ben Arous.
 
Il n’existe pas, selon elle, de métiers dédiés aux femmes, et d’autres aux hommes : « Il faut donner l’occasion à la femme de faire ses preuves. Il faut qu’en définitive le critère de choix demeure la compétence. La femme est très brillante sur les bancs des universités, présente à hauteur de 63% et notre rôle est de sensibiliser les entreprises pour qu’elles occupent plus de postes de décision», a dit la présidente de la Fondation. Une centaine d’entreprises ont été ciblées par cette campagne menée par la Fondation. 
 
Zahra Ben Nasr a ajouté que les entreprises se plaignent souvent de l’inadéquation entre leurs attentes, et les profils des demandeurs d’emploi. « Notre rôle est aussi d’être le facilitateur entre les entreprises et les demandeurs d’emploi. Nous aspirons lors de ce salon réaliser plusieurs recrutements », a-t-elle dit.
 
Samira  Maraï Friaa, Ministre des Affaires de la Femme, de la Famille et de l’Enfance a déclaré à cette occasion que tous les chiffres démontrent que « nous sommes encore très loin de la parité homme-femme, et ce malgré que la Tunisie fête cette année les 60 ans du Code du Statut personnel ».
 
Selon elle, le taux de participation de la femme à la vie économique demeure en-deçà des aspirations, puisque la femme tunisienne ne représente que 28% des personnes actives, alors que  la moyenne mondiale est de 54%. 
 
« Nous aspirons à atteindre le taux de 35%  d’ici fin 2020.  Ce pourquoi nous disposons de  tout un programme pour développer l’initiative économique de la femme, pour qu’elle se lance dans les affaires », a-t-elle précisé. Le programme gouvernemental vise à améliorer la qualité de vie des femmes, et à les faire sortir du secteur informel. 
 
Elle avait annoncé ce matin, que le conseil ministériel consacré au ministère de la Femme, qui sera organisé dans l’après-midi, examinera la stratégie nationale pour la promotion de l’enfance en Tunisie, mais aussi il planchera sur la loi de lutte contre la violence.  

« Nous travaillons dessus depuis 2014. Il s’agit d’une loi globale de lutte contre la violence faite aux femmes, et qui fait partie de la stratégie nationale contre la violence. Notre objectif est une société de paix et de dialogue  pour faire cesser la violence », a dit la ministre en dénonçant « une culture de la violence », et ce à toutes les occasions, même les festives. La loi en question comporte la prévention et la dissuasion, a-t-elle ajouté. 
 
Le ministre des Technologies de l’Information et de l’Economie numérique a déclaré à cette occasion que l’avenir allait se jouer sur Internet, pour lequel il serait impératif de créer des piliers. « Tout sera numérique dans quelques années. Le premier pilier est de connecter tout le monde, chaque foyer tunisien, il faut payer internet pour ceux qui ne le paient pas », a-t-il déclaré. 
 
Noomane Fehri préconise même de subventionner internet. Il serait selon lui, plus  important de subventionner internet que de subventionner le sucre. « Ce dernier vous rend malade, internet ouvre l’esprit », a-t-il argumenté.  
 
Il a ajouté que le plan quinquennal était en marche, et que les 2 731 000 familles seront connectées « à un vrai internet ».  
 
Le deuxième pilier est, selon lui, d’éduquer les enfants pour exploiter Internet « afin qu’ils ne tombent pas dans ses méfaits ». Pour cela, toutes les écoles seront connectées, à l’horizon 2020, selon le ministre, « afin d’atteindre l’égalité des chances aux enfants des villes et de la campagne, et donner à un enfant tunisien la même chance qu’un autre enfant de n’importe quel pays développé », a-t-il dit. 
 
Il a parlé également de l’impératif d’accélérer les prises de décision et ce en enlevant le papier de l’administration tunisienne à l’horizon 2020.  
 
Le quatrième pilier est de préserver la liberté d’expression quelques soient les conditions « Nous n’allons pas renoncer à la liberté d’expression pour l’intérêt de la sécurité, mais nous avons choisi d’aller le plus loin possible dans la liberté d’expression tout en veillant à la sécurité en Tunisie », a déclaré Noomane Fehri. C’est au moyen de ces piliers qu’il espère voir « nos enfants grimper et créer une plateforme de renommer mondiale », a-t-il dit avec enthousiasme. 
 
Le ministre de la Formation Professionnelle et de l’Emploi, Zied Laadhari a quant à lui déclaré lors de cette journée que la situation de la femme sur le marché de l’emploi « reste très préoccupante ». Il parle d’un marché « de toutes les disparités », entre hommes et femmes, régions intérieures et régions côtières, diplômés et non diplômés.  « La question de la femme est prioritaire dans la mesure où l’on reste très loin de nos objectifs, pour qui le taux de chômage est le double que celui des hommes », a-t-il dit, avant d’ajouter « se réjouir de la mobilisation de la société civile » pour relever le défi de l’emploi. 
 
Chiraz Kefi