Tunisie/ Elections : Un oeil sur les élections exige plus de transparence

Publié le Mardi 04 Novembre 2014 à 16:55
Vue de la conférenceLa coalition Ofiya pour l’observation de l’intégrité des élections avec le centre Islam et démocratie ont lancé une opération d’observation des élections législatives du 26 octobre 2014, sous le nom « Un œil sur les élections ». L’opération qui s’est déroulée dans 26 circonscriptions sur le territoire tunisien s’est heurtée à certains obstacles, a déclaré ce matin Mohamed Kamel Gharbi, président de Ofyia, lors d’une conférence de presse.

Kamel Gharbi  reproche à l’ISIE de ne pas avoir octroyé  aux observateurs les adresses des centres de tri, qu’ils ont dû chercher par eux même, pour les trouver, non sans difficulté. « Comme le centre de Manouba qui est très loin et auquel on a eu du mal à atteindre », a-t-il dit.
Sauf pour de rares exeptions, l’ISIE a permis aisément aux observateurs d’accéder à ces centres : « Nous pouvons dire que l’accueil réservé aux observateurs s’est amélioré par rapport aux élections de 2011 », a précisé Gharbi.

La troisième remarque qu’il a faite, est l’absence d'écrans géants pour le suivi du dépouillement, et ce dans 17 circonscriptions, comme à Kairouan, Tozeur, Beja, et Gafsa… « Ce qui a compliqué l’opération d’observation, d’autant que l’administration de l’ISIE a demandé à nos observateurs de s’asseoir dans les gradins, loin des équipes de travail », a-t-il relaté. Une méthode de travail qui a été dénoncée par plusieurs associations d’observation et par les journalistes. Kamel Gharbi a rappelé que son association a demandé à l’ISIE d’installer des écrans dans toutes les circonscriptions mais sans que cela ne soit pris en compte, sauf pour 7 circonscriptions.

«Nous avons demandé à l’ISIE de laisser les observateurs se rapprocher de l’opération de tri, mais les chefs des IRIEs n’ont pas été favorables à notre requêtes », a dit Gharbi.
Il est ensuite revenu sur la méthode de tri, et du décompte des voix. « L’opération s’est passée dans des conditions très difficiles, ce qui a provoqué plusieurs contestations dans 12 circonscriptions », selon le rapport d’un Œil sur les Elections. Dans 19 circonscriptions, les agents de tri vérifiaient les PV avant de commencer le tri. Dans 7 circonscriptions l’opération de tri automatique n’a pas été adoptée, en raison du manque d’expérience, et de la fatigue, selon Gharbi. Les observateurs ne pouvaient pas par ailleurs savoir avec exactitude ce qui s’est passé sur le lieu du tri, de par la distance qui les en séparait.

Par ailleurs, certains procès-verbaux émanant des centres de votes, n’étaient pas finalisés selon les observateurs de Ofyia ce qui amené les agents des centres de tri à recompter les bulletins de vote afin de compléter les données manquantes.

Le Président de Ofyia se demande si cette décision de compléter les données manquantes provenait de l’IRIE ou du conseil de l’ISIE. Par ailleurs, les équipes de travail dans la moitié des centres de tri, ont rencontré des difficultés lors du comptage manuel, en comparaison avec le comptage automatique, mais les résultats des comptes étaient conformes au final.

Les observateurs de Ofyia n’ont pas réussi à comparer les PV de tri des bureaux de votes avec ceux des Instances régionales et ce parce qu’ils étaient assis loin de l’opération de décompte. Dans huit circonscriptions, (Monastir, Kasserine, Tunis 2, l’Ariana, Tozeur Sidi Bouzid et Tataouine), les observateurs ont été empêchés de s’assurer des résultats. 
Ofyia et CSID adressent, à l’issue de ces élections législatives, un nombre de recommandations à l’ISIE afin d’améliorer l’opération de collecte et de décompte, et y conférer plus de transparence. 

L’opération « Un œil sur les Elections » demande à ce que les adresses des centres de tri soient communiquées aux observateurs soit sur le site de l’ISIE soit par SMS. Mais aussi de permettre aux observateurs de mener à bien leur mission en leur facilitant l’accès à l’information pour renforcer l’authenticité des résultats. Mohamed Kamel Gharbi a insisté sur la nécessité d’installer suffisamment d’écrans géants pour permettre aux observateurs de suivre toutes les étapes du tri et du décompte manuel et automatique, et permettre aux observateurs de se rapprocher de l’opération de tri à tour de rôle, et par groupe d’observation.

En raison de la lenteur du décompte des voix, Un œil sur les Elections propose qu’il y ait d’abord un décompte automatique lors des prochaines élections présidentielles, dont le résultat préliminaire sera communiqué dans l’immédiat, dans l’attente d’un comptage manuel. Et à plus long terme, Ofyia et CSID proposent que soient adopté uniquement le comptage automatique et ce en mettant en place un système fiable de traitement et de stockage de données, en formant les saisisseurs et en expérimentant le système avant le jour du scrutin. Ils proposent aussi que tous les membres de la direction générale des centres de tri, prêtent serment et  permettent aux observateurs d’assister en toute transparence, et enfin, s’immuniser contre les éventuelles coupures d’électricité.  Le président de Ofyia a rappelé par ailleurs, que les résultats définitifs des élections ne seront connus que lorsque la justice statuera au sujet des 43 recours déposés par différentes parties.

Chiraz Kefi