Tunisie/ Elections de 2019 : Les dessous du veto opposé à Chahed ! |
Publié le Lundi 07 Août 2017 à 14:03 |
Les déclarations de Rached Ghannouchi sur l’exclusion de Youssef Chahed et de son gouvernement de la course à la présidentielle de 2019 engagent désormais officiellement le mouvement de la majorité parlementaire. Nonobstant les divergences au sein d’Ennahdha, exprimées notamment par l’ancien ministre de l’Agriculture de la troïka, Mohamed Ben Salem, Majless Choura, instance suprême du mouvement, entérine la position du cheikh, ce qui augure de la poursuite du débat autour de cette question pendant cette période estivale et au-delà.
Ennahda a secoué le cocotier et a ouvert une brèche sur la voie de 2019, alors que le sujet n’était pas ouvertement posé dans le débat national, même si dans les milieux partisans, on ne perd jamais de vue les échéances électorales qui, quelque lointaines soient-elles, paraissent toujours proches, du fait de la planification et des préparatifs qu’elles nécessitent de point de vue de la stratégie, du positionnement, des futures alliances, etc. Rached Ghannouchi a donc jeté ce ballon d’essai, voulant rééditer le scénario de 2014 où Mehdi Jomaâ et son gouvernement de technocrates n’avaient pas le droit de mener la course à la présidentielle, ni aux législatives. Il n’est pas exclu que le chef d’Ennahdha en ait touché un mot à Béji Caïd Essebsi, et il n’est pas tout aussi exclu que le président de la république l’a laissé faire, soit en l’encourageant, soit en lui laissant la latitude d’agir comme il l’entendait. Quelques jours avant sa sortie médiatique sur Nesma, avec son nouveau look, Rached Ghannouchi a rencontré Béji Caïd Essebsi à Carthage, et le sort du jeune chef du gouvernement aurait certainement été évoqué. Officiellement, BCE continue à apporter son soutien à Youssef Chahed, n’en déplaise à Caïd Essebsi Junior dont les relations avec Chahed sont loin d’être au beau fixe, Mohamed Ben Salem l’a avoué sans détours. L’hypothèse qu’Ennahdha ait coordonné ses positions avec Nidaa sur cette question est-elle aussi tout à fait possible. Tout en affirmant, haut et fort, leur soutien au gouvernement d’union nationale, les deux principales forces de la coalition au pouvoir voient d’un mauvais œil la méthode de Chahed dans sa campagne anti-corruption. Sa popularité les dérange, dans la mesure où ça lui donne les coudées franches d’aller de l’avant dans sa guerre contre la corruption et les corrompus, chose qui est à même de renforcer son capital de sympathie auprès de l’opinion publique, et d’augmenter ses chances de le transformer en bulletins favorables dans les urnes. Un tel scénario n’est pas pour plaire à Ennahdha qui éprouve, toujours, l’amertume d’avoir quitté le pouvoir à contrecœur à l’issue de la crise de 2013, et qui attend les prochaines échéances électorales pour reconquérir l’exécutif, et placer l’un des siens à Carthage ou à la kasbah, dans la perspective d’un accord avec Nidaa, celui fondé par le père et dont le fils veille à la destinée. Nidaa Tounes ou ce qu’il en reste s’accroche, à son tour, à ses chances de rééditer la victoire obtenue aux scrutins de 2014, et de diriger encore plus longtemps le pays. Une position commune d’Ennahdha et de Nidaa officialisant le veto contre Chahed reste prévisible, mais celui-ci pourrait-il avoir un caractère contraignant, à plus forte raison, que l’influente UGTT a marqué d’emblée ses distances envers une telle démarche, qualifiant les déclarations de Ghannouchi de "contraires à la démocratie". Quid de l’intéressé lui-même ? Youssef Chahed va-t-il céder aux pressions qui veulent écourter son avenir politique, ou en passera-t-il outre, en continuant son petit bonhomme de chemin, comme si de rien n’était. Un bras de fer entre les deux parties reste aussi possible, ce qui fait planer le risque d’une énième crise politique dont le pays se passerait volontiers. Gnet
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Commentaires
Ecrit par impartial66 19-08-2017 13:11
Ecrit par JAIME 10-08-2017 16:21
Ecrit par Agatacriztiz 09-08-2017 19:09
Donc, il sera gagnant sur toute la ligne, les tunisiens ne voteront sans doute pas pour ceux qui veulent maintenir la corruption comme ligne de conduite, ils en ont déjà assez comme ça.